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HOMELIE

27 décembre
année 2020-2021

Année B - Dimanche de la Sainte Famille (27/12/2020)
(Genèse 15,1-6 ; Hébreux 11 ; Luc 2,22-40)
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs, Les textes de la liturgie pour ce dimanche de la Sainte Famille mettent en avant 2 familles assez peu ordinaires, choisies par Dieu pour accueillir des évènements extraordinaires : celle d’Abraham, de Sarah et d’Isaac d’une part : un couple de vieillards donnant naissance à un enfant avec la promesse faite par Dieu d’une descendance innombrable, comme les étoiles du ciel ou les grains de sable du bord de la mer. Et puis Marie, Joseph et Jésus d’autre part : un jeune couple, tout juste fiancé n’ayant donc pas consommé encore l’union du mariage, qui va accueillir une naissance miraculeuse déjouant toutes les lois naturelles de l’engendrement : un garçon, Jésus, qui sera un signe de contradiction, provoquant la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.
Plutôt que de me livrer à un commentaire biblique de ces 2 grands textes des Ecritures, je vous propose pour cette homélie de méditer sur la réalité de la famille chrétienne aujourd’hui, telle que la présente le cardinal Mario Grech, évêque de Malte, dans une interview qu’il a accordée récemment à un journal italien à un père jésuite et un laïc, père de famille, à l’occasion de la pandémie Covid’19 . Nous avons lu et apprécié cette interview en l’écoutant au réfectoire, dont une grande partie, sur la fin aborde la question de la famille. Et Il ne m’a pas semblé inutile pour les frères d’en réentendre des extraits, et pour vous chers amis voisins et hôtes de vous faire connaître cette réflexion.
Une question était ainsi posée : « peut-on dire qu’avec le confinement lié à l’épidémie, la maison soit devenue église, y compris au sens liturgique ? » Mgr Grech répond que cela lui a paru très clair : « nombre de familles se sont révélées de leur propre initiative, créatives dans l’amour, par la façon dont les parents accompagnaient les plus petits aux formes de scolarisation à domicile, l’aide aux personnes âgées et contre la solitude, dans la création d’espaces de prière, jusqu’à la disponibilité envers les pauvres ». Et il évoque alors une nouvelle ecclésiologie qui émerge de l’expérience forcée du confinement. « Là, réside l’avenir de l’Eglise, en réhabilitant l’église domestique.
Une Eglise-famille, composée de plusieurs églises-familles. C’est le présupposé valable de la nouvelle évangélisation. L’église domestique est la clé qui nous ouvre un horizon d’espérance. Et le cardinal renvoie à l’expérience des communautés chrétiennes des 3 premiers siècles, quand les fidèles se réunissaient dans leurs maisons avec un cadre familial. « La théologie et la valeur de la pastorale dans la famille, en tant qu’église domestique ont connu un tournant négatif au 4ème siècle, avec la sacralisation des prêtres et des évêques, au détriment du sacerdoce commun des baptisés qui commença à perdre de sa valeur. Plus l’institutionnalisation de l’Eglise a été mise en œuvre, plus la nature et le charisme de la famille, en tant qu’église domestique se sont épuisés. » Et le cardinal pointe ici le danger et le risque du cléricalisme. En fait, ce n’est pas la famille qui doit être l’auxiliaire de l’Eglise, mais c’est l’Eglise qui est l’auxiliaire de la famille, et c’est à la famille qu’il faudrait redonner une dimension sacrée et cultuelle.
A la question qui lui est posée : mais qui sont alors les ministres de cette église-famille ? Mgr Grech répond : « les parents, en vertu de leur sacrement du mariage sont ces ministres du culte qui, pendant la liturgie domestique, rompent le pain de la Parole, prient avec Elle, et ainsi favorisent la transmission de la foi à leurs enfants. » Et cela, sans aucunement discréditer la liturgie de la communauté paroissiale, car il y a passage et renvoi mutuel entre les 2 formes de liturgie. Il ne s’agit pas d’opposer frontalement liturgie cléricale et liturgie familiale.
Le cardinal termine sa réflexion sur l’importance prophétique et missionnaire de la famille pour toute l’Eglise et pour le monde. « Beaucoup de chrétiens ne sont toujours pas convaincus du charisme évangélisateur de la famille. Ils ne croient pas que la famille ait une créativité missionnaire. Il y a encore beaucoup à découvrir et à intégrer. »
Comme l’a souligné le pape François, Dieu a confié aux époux et à la famille, non pas le soin d’une intimité comme une fin en soi, mais l’émouvant projet de rendre le monde domestique. « La famille est appelée à laisser ses empreintes dans la société où elle est insérée, afin de développer d’autres formes de fécondité qui sont comme la prolongation de l’amour qui l’anime. »
Frères et sœurs, ces propos pourront paraître à certains comme trop beaux et inaccessibles. Ils s’appuient néanmoins sur des témoignages réels, signes d’espérance et vécus dans la foi. Cette foi en Dieu qui rejoint alors celles d’Abraham et de Sara, et de la Vierge Marie et de Joseph, qui nous sont donnés en modèles d’abandon et de confiance à la grâce.
Oui, que la grâce de Noël repose sur toutes les familles aimées de Dieu, qu’elle apporte la joie et la paix dans les cœurs de chacun de leurs membres !
AMEN

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