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HOMELIE

01 novembre
année 2019-2020

TOUSSAINT 2020
Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs,
En ces temps où beaucoup de choses sont incertaines, où les projets sont remis en cause, où la violence rôde, et où sur le plan international semble prévaloir le droit du plus fort, l’évangile que nous venons d’entendre nous apporte une lumière réconfortante. Il vient redonner de la perspective à notre réalité humaine. Qu’est-ce qui ne fait que passer ? Qu’est-ce qui demeure pour toujours ? Jésus nous dit avec force que les larmes et les persécutions passeront. Mais que la pauvreté de cœur, on pourrait dire aussi l’humilité, la douceur, la miséricorde, la pureté, la paix, la justice…ces réalités ne passeront pas. Car elles portent en elle les valeurs du Royaume que Jésus a inauguré. Humilité, douceur, miséricorde, pureté, paix et justice ne passeront pas car elles sont les pierres de fondation du Royaume qui vient. La vie éternelle resplendira de tout leur éclat et de leur magnifique beauté. Oui frères et sœurs, nous pouvons recueillir de cet évangile cette lumière réconfortante, et à un double titre : une lumière qui nous console et une lumière qui nous appelle. Les paroles de Jésus sont pour nous une consolation. Elles viennent par leur douce et forte clarté percer le brouillard dans lequel nous tiennent les épreuves que nous connaissons aujourd’hui. Si l’abattement nous gagne face au non-sens de cette vie aux horizons soudainement très limités, elles nous disent, si nous l’avions oublié, que la vie humaine n’est qu’un bref pèlerinage. Nous sommes des pèlerins de passage. Les joies mitigées de ce monde ne sont que les prémices de la joie que nous partagerons pour toujours avec Dieu et avec tous nos proches qui nous ont précédés. Si le découragement nous guette face aux épreuves, les paroles de Jésus nous font pressentir que les tribulations rencontrées ne sont pas le dernier mot de notre existence humaine. Ne pensons pas que nous sommes impuissants face au mal ou aux échecs. Notre vie humaine porte en elle des valeurs qui révèleront un jour tout leur poids d’éternité.
Les paroles de Jésus sont aussi un appel. Un auteur juif, A Chouraqui, dans une traduction originale des évangiles, a traduit le mot « heureux » des béatitudes, par « en marche ». Toute sa traduction de ce passage évangélique mériterait d’être commentée à partir des notes qu’il en donne. Ce matin, je voudrais juste retenir ce « en marche » dont André Chouraqui précise que le mot hébreu que Jésus a prononcé « implique non pas l’idée d’un vague bonheur d’essence hédoniste, mais celle d’une rectitude, celle de l’homme en marche sur une route qui va droit vers le Seigneur » (cf note en Mt 5, 3 dans un Pacte Neuf, Brepols 1984, p 24). « En marche » : oui dans l’assurance du bonheur promis en Dieu, ne craignons pas de nous mettre en marche en cultivant la pauvreté de cœur, l’humilité, la douceur, la miséricorde… Par son Esprit Saint, le Seigneur a mis en nous les germes de la Vie nouvelle, celle qui n’est pas fondée sur la force, le prestige ou la richesse. Oui, il nous revient de nous mettre « en marche », pour déployer toutes ces vertus de paix, de justice, de pureté qui sont déposées en nous comme un trésor caché. Elles ne demandent qu’à éclore. Oui, là où nous sommes, dans la simplicité de nos existences quotidiennes, chacun de nous peut se mettre en marche pour ne pas laisser les forces de paralysie gagner son cœur et engourdir sa volonté. Durant ce temps de confinement qui va peut-être dégager plus de temps, chacun pourrait essayer de se donner un temps de recueillement à l’écart… Recueillement pour s’asseoir avec soi-même sous le regard de Dieu… S’asseoir pour chercher et mieux retrouver le goût et la force de l’humilité, de la paix, de la douceur, de la justice… S’asseoir pour lire la Bible, pour la méditer et écouter ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui… S’asseoir pour prier. S’asseoir, mais pour mieux se mettre en marche, pour mieux être vigilant dans l’attention à ce que l’on vit, et dans l’attention aux autres. Se mettre en marche par l’attention aux proches, aux frères de communauté, à son voisin de palier…ce proche devant lequel je passe si souvent… Se mettre en marche par l’attention à telle ou telle personne qui aura besoin d’un soutien, d’un courrier, d’un téléphone, d’un service….
En fêtant aujourd’hui tous les saints du ciel, venons puiser la joie et l’espérance dans la vie du Christ ressuscité, pour mettre nos pas dans ceux de tous ces hommes et ces femmes connus et inconnus qui se sont mis en marche.

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