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HOMELIE

25 octobre
année 2019-2020

Année A - 30ème dimanche du T.O., 25 octobre 2020
Ex 22 20-26 ; 1 Thess 1 5-10 ; Mt 22 34-40
Homélie du F.Bernard

Dans cette partie de l’évangile de Matthieu que nous entendons ces derniers dimanches, Jésus est à Jérusalem au terme de son voyage depuis la Galilée. La Pâque de son sacrifice est proche. Les controverses où l’on veut enfermer Jésus se multiplient. Elles viennent de groupes divers, grand prêtres et anciens du peuple, pharisiens, sadducéens. Ici, c’est un docteur de la Loi qui pose à Jésus la question pour le mettre à l’épreuve : Dans la Loi quel est le grand commandement ?
A vrai dire, on ne voit pas très bien où est le piège. Tout Juif aurait sans doute spontanément répondu comme Jésus, en citant le Shema Israël : Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu l’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit. Ce verset du Deutéronome (Dt 6, 4), tout Juif fidèle aujourd’hui se doit de le réciter trois fois par jour, et il en était sans doute déjà le cas au temps de Jésus.
Quant au deuxième commandement, l’amour du prochain, sans doute venait-il aussi naturellement à l’esprit, tant il avait été inculqué abondamment par les prophètes. C’est l’amour que je veux, non les sacrifices, avait dit le Seigneur par l’intermédiaire du prophète Osée (Os 6,6).
Mais il est vrai que les spécialistes de la Loi avaient dénombré 613 commandements à observer, les mitsvot. Dans ce fatras d’observances, on se perdait, on s’affrontait, on pouvait perdre de vue l’essentiel, comme ce prêtre et ce lévite qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, avaient rencontré sur leur route un blessé à demi-mort et avaient passé outre sans s’arrêter, pour ne pas contracter une impureté qui les aurait empêchés d’accomplir leur service au Temple.
Mais revenons aux paroles de Jésus. Elles sont toute simples. Elles redisent le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. De ce double commandement, nous dit Jésus, dépend toute la Loi ainsi que les prophètes. Et d’abord le Shema Israël que nous avons déjà mentionné : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Mais comment ? En gardant les commandements, les lois et les coutumes (Dt 6,1), que le Seigneur a enseignés à Moïse, et en les mettant en pratique ; en entrant dans l’alliance par laquelle Dieu s‘est réservé un peuple consacré. Tout le Deutéronome est comme un commentaire du Décalogue, cette Thorah initiale des deux tables où sont inscrits les commandements envers Dieu et le prochain.
Puis : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18). Ce commandement du Lévitique prescrit de porter attention au petit, au pauvre, à l’orphelin, à l’étranger résidant dans le pays, à cause de la sainteté de Dieu : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint (Lv 19,2), parole que Jésus reprend dans le SM : Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5, 48). La première lecture entendue, tirée du livre de l’Exode (Ex 22, 20-26), en était la parfaite illustration.
Écoutant ces textes scripturaires, au ton déjà tellement évangélique, où l’amour de Dieu et celui du prochain sont étroitement mêlés, on ne peut que dire du peuple de la première alliance qui vit de telles Écritures qu’il n’est pas loin du Royaume de Dieu, comme ce scribe de l’évangile selon Marc qui lui aussi avait interrogé Jésus sur le plus grand commandement (Mc 12,34).
Alors la question se pose : qu’apporte de plus Jésus ? qu’apporte l’Évangile pour que notre justice dépasse celle des scribes et des pharisiens (Mt 5, 20) ? Disons d’abord que l’Évangile pousse jusqu’à l’extrême l’exigence de ces deux commandements. Le prochain à aimer n’est pas seulement le membre de ma famille, ou le voisin de mon village, ou même l’étranger dans mon pays, mais tout homme, absolument tout homme, y compris mon ennemi, y compris l’ennemi de Dieu, l’impie, que des psaumes invitent à haïr (Ps 139, 21-22). Dans la lettre aux Éphésiens, saint Paul parle du mur de la haine qui séparait Israël des païens, ce mur de la haine qui était matérialisé au Temple de Jérusalem, par la séparation entre le parvis d’Israël et celui des païens. Le franchir pour un païen pouvait entraîner sa mort. En sa Pâque, Jésus a aboli ce mur de la haine.
Ensuite l’Évangile conjoint radicalement les deux commandements en sorte qu’ils n’en font vraiment plus qu’un. Le second commandement est semblable au premier nous a dit Jésus. En Jésus-Christ, le Verbe de Dieu s’est fait homme et désormais ce qui est fait au plus petit des frères de Jésus, c’est au Fils de l’homme lui-même que cela est fait (Mt 25).
Enfin ce double commandement, qui n’en fait plus qu’un, ce commandement de l’Amour ne nous est plus seulement commandé, il nous est donné : Je vous donne un commandement nouveau, nous a dit Jésus vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 13, 34). Avec Jésus la mesure de l’amour n’est plus nous-mêmes, mais Jésus lui-même, ou l’Esprit de Jésus. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour (Jn 15, 9).

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