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HOMELIE

18 octobre
année 2019-2020

Année A - 29° Dimanche TO - 18.10.2020
Is 45, 1.4-6 ; Ps 95 ; 1 Th 1, 1-5b ; Mt 22, 15-21

Frères et sœurs, L’évangile que nous venons d’entendre a fait couler beaucoup d’encre. Il est devenu un point d’appui dans la doctrine de l’Eglise pour asseoir la distinction entre les pouvoirs temporel et spirituel. Distinction toujours délicate pour qui s’engage de plus en plus dans la vie de la cité tout en voulant vivre pleinement sa vie de chrétien. Il mérite de s’y arrêter car tous, même les moines, nous sommes présents à la vie de notre monde, ne serait-ce qu’à travers notre bulletin de vote, ou plus simplement à travers les paroles et les réflexions partagées. Les textes, mais aussi les oraisons de ce 29° dimanche peuvent nous éclairer. Les pharisiens viennent tendre un piège à Jésus le prophète de Dieu. Ils voudraient l’entrainer à se situer soit comme un collaborateur de l’occupant romain, en payant l’impôt, soit comme un rebelle à l’ordre établi en refusant de le faire. Collaborateur ou rebelle. Jésus n’entre pas dans cette alternative. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Par cette réponse, Jésus suggère qu’il faut tenir deux services, mais deux services qui ne sont pas du même ordre. Service de César pour ce qui lui revient dans la gestion de la vie publique et économique. Service de Dieu qui seul est Dieu et qui peut même utiliser les actions d’un souverain pour son dessein de salut, comme le suggérait la première lecture tirée du livre d’Isaïe. Deux services de César et de Dieu qui ne s’opposent pas, mais qui sont nécessaires l’un à l’autre parce qu’ils s’éclairent l’un et l’autre. Notre actualité montre combien cette dialectique entre les domaines temporel et spirituel peut se révéler féconde. Dans les affaires récentes de pédocriminalité ou d’abus de toute sorte, l’Eglise qui veut se vouer toute entière au service de Dieu, a mesuré qu’elle avait failli par manque de rigueur humaine. Elle a besoin de la compétence de la justice humaine et d’une objectivité externe pour qualifier et rectifier ce qui, en son sein, a entrainé de graves dommages. Les procédures actuelles qui confient les affaires à l’examen de la justice civile, se fondent sur la confiance faite en un regard humain qui apporte son juste concours et sa compétence. A l’inverse, les recherches autour de la bioéthique et des questions sur le début et la fin de vie, montrent que le politique peut patiner et risquer d’être toujours aux mains d’intérêts immédiats et particuliers qui font perdre le sens de la vie humaine. En faisant appel aux différentes religions et philosophies, le politique mesure combien il n’est pas tout puissant ni omniscient en ces domaines si vitaux. L’Eglise est consciente alors de porter un trésor qu’elle reçoit de Dieu comme une Bonne Nouvelle pour l’homme. Dans la lumière de l’Amour de Dieu, l’être humain se révèle être très digne, si digne qu’on ne peut le manipuler ou le réduire à un objet fabriqué. Encore moins le détruire.
Ainsi nous mesurons combien le service de César, on dirait aujourd’hui dans nos états démocratiques, le service de la cité, et le service de Dieu ont besoin l’un de l’autre. A la fois, il faut les distinguer pour éviter que le pouvoir civil soit sacralisé et que le pouvoir religieux prenne en charge les affaires de la cité, et à la fois, on ne peut les séparer hermétiquement. A chacun de nous, citoyen et chrétien, il revient de se situer dans la justesse. Il nous faut cultiver le sens du discernement en nous remettant à l’écoute de l’évangile. A sa lumière, l’être humain apparait dans son humble grandeur, et notre Dieu dans sa grandeur très humble. Ce travail de discernement nous invite à ne pas avoir peur de la réflexion humaine qui cherche la vérité et la justice. Les bonnes et vraies questions ne doivent pas nous faire peur. Car notre Dieu n’est jamais en dehors de ce qui est vraiment humain. Par ailleurs, ce travail de discernement nous engage à aller puiser la force et la lumière aux sources de notre relation avec Dieu, dans la prière, la méditation, la liturgie. Nous demandions au début de la messe « la grâce de vouloir ce que Dieu veut, et de le servir avec un cœur sans partage ». Cette prière nous redit que servir Dieu est un don de Dieu, un don à demander avec confiance et à rechercher sans cesse. Ce don va nous accorder à Dieu et à son projet d’amour pour les hommes. Laissés à nous-mêmes, nous en sommes incapables. Aussi une bonne part de notre responsabilité de chrétien n’est-elle pas finalement de toujours commencer par demander, par ouvrir les mains et notre cœur à notre Dieu qui désire nous donner sa vie…. C’est ce que nous faisons maintenant comme en chaque eucharistie.

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