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HOMELIE

27 septembre
année 2019-2020

Année A - 26ème Dimanche du temps ordinaire -27 septembre 2020
Ezéchiel 18, 25-28 ; Philippiens 2, 1-11 ; Matthieu 21, 28-32
Homélie du F.Matthieu

La brève histoire racontée par Jésus dans notre évangile fait partie de sa grande confrontation en plusieurs étapes avec les principaux responsables religieux de son peuple. C’est comme d’ultimes appels à un changement d’attitude envers lui, qui incarne la Parole de Dieu et vient annoncer le salut. Mais aujourd’hui surtout, c’est nous que Jésus interpelle : votre vie est-elle bien en accord avec ce que vous prétendez être, des chrétiens adultes en chemin pour célébrer votre Seigneur et travailler à sa vigne ?
Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : “Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.” Celui-ci répondit : “Je ne veux pas.” Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : “Oui, Seigneur !” et il n’y alla pas. Une première remarque s’impose, s’il est clair que le premier fils est seul à avoir fait la volonté du Père, il est tout aussi clair qu’il a commencé par dire « non » !
Il y a dans l’évangile de saint Luc une autre parabole qui parle aussi d’un homme qui a deux fils (Lc 15, 11-32) : un fils cadet qui dit non à l’amour de son père en s’en allant au loin pour y mener une vie de désordre, mais qui finalement va se repentir et revenir vers son Père ; et un fils aîné qui, d’une certaine façon a toujours dit “oui, Seigneur !”, mais pour s’enfermer dans le refus de sa condition, dans l’aigreur et le ressentiment vis-à-vis de son Père et de tous.
Le parallèle est éclairant : tout être humain est ainsi fait que sa première réponse à l’appel de son Seigneur et Père est toujours négative explicitement ou en secret : faite d’arrogance, mais surtout de crainte et de peur, d’incapacité à reconnaître que l’appel à servir dans le champ ou la vigne, est un signe de l’amour total de son Père : « tout ce qui est à moi est à toi ! » Que nous commencions par dire “non” aux invitations de Dieu, n’est pas sans importance : il signe notre condition humaine marquée d’emblée par la peur, qui va devenir péché, si elle n’est pas reconnue et assumée.
Et la formule-clef de notre Evangile est celle que Jésus adresse dans sa conclusion aux chefs des prêtres et aux anciens : « Mais vous, vous ne vous êtes même pas repentis pour croire à la Parole (cette Parole de conversion que proclamait Jean, le Baptiste). »
« Se repentir pour croire à la Parole du salut ! » C’est ce qui fait prendre au sérieux la condition humaine de pécheur, c’est celle qui peut mettre en chemin à la suite de Jésus sur le chemin de la conversion.
Se repentir, ce n’est pas avoir du remords, ce qui ne serait que négatif et malsain ; une attitude qui ne construit rien et qui ronge de l’intérieur.
Il faut se repentir pour connaître son péché, en sortir et croire à l’amour du Père qui nous appelle à sa vigne.
Se repentir, c’est accepter de remettre en cause sa manière de voir et ses attitudes. Un point de départ indispensable pour entendre la Parole et y croire, se mettre en chemin et découvrir les horizons jusqu’alors insoupçonnés de la joie et de la fête, à travers le chemin de la conversion.
Le repentir selon l’Evangile est un fruit de l’amour. C’est la prise de conscience que quelque chose ne va pas dans ma relation à l’Autre (le Seigneur) et aux autres et vouloir en changer.
Le fils qui dit « Je ne veux pas. » est certes un contestataire. Il veut faire sa vie tout seul. Mais au plus profond de lui-même il peut entendre l’amour de son père. Sous son attitude désinvolte et immature, il y a un cœur qui réagit : « Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla… »
Alors que l’autre fils, celui qui dit “Oui, Seigneur” et ne fait rien, est en réalité enfermé depuis toujours en lui-même et n’arrive pas à sortir de cet aveuglement qui lui cache l’amour de son Père … Mais lui aussi peut faire le chemin !
Une seconde remarque s’impose : ceux que Jésus nous donne en modèles du repentir et de la foi en la Parole qui appelle, ce sont « les publicains et les prostituées qui nous précèdent dans le royaume de Dieu ». N’allons surtout pas imaginer que, repentis et croyants, ils sont devenus des « convertis », des « saints », et qu’il s’agit pour nous de les imiter – serait-ce d’ailleurs si facile ?! Non, mais ils ont fait et font ce qui est toujours à faire, pour tous les pécheurs, que nous sommes avec eux, ils ont pris le chemin du repentir, étapes après étapes, ils essaient de revenir, ils essaient de garder ouvertes leurs oreilles et leurs cœurs à la Parole du Père, qui ne cesse de les appeler à aller à sa vigne, quelque soient l’heure nous disait l’évangile de Dimanche dernier… Oui, le disciple de Jésus est un pécheur, qui, toujours, cherche à se repentir, qui cherche à croire en Jésus qui le précède et l’accompagne sur son chemin, dans les bons et les mauvais jours, dans le désert ou les frais pâturages …
Une seule exigence, marcher, reprendre la marche … écouter la Parole, réouvrir son cœur … entendre et réentendre l’appel du Père dont l’amour est tout puissant et dont la volonté tenace est de nous sauver.
« Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne. » Ce n’est pas un travail forcé, mais une invitation : Viens à la vigne ! Viens à la fête ! « Entre dans la joie de ton Maître ! »
Il ne m’est demandé que d’ouvrir mon cœur, me rendre disponible et me mettre, et me remettre en route, aujourd’hui, car aujourd’hui, « le Père t’aime et il t’appelle. » ; aujourd’hui, « écouteras-tu sa Voix ? »

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