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Règle de saint Benoît

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HOMELIE

20 septembre
année 2019-2020

Année A - 25e DIMANCHE T. O. - 20 septembre 2020
Matthieu 20, 1-16
Homélie du F.Hubert

Dans sa Règle des moines, st Benoît, quand il parle de l’ordre en communauté, dit : « on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion… Celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité ». Est-il en contradiction avec notre évangile. Non, il refuse que prévale la loi du plus fort. St Benoît refuse que l’âge, le rang social, les capacités intellectuelles ou manuelles, les convenances sociales, déterminent l’ordre en communauté. Et il ajoute : ils feront ce qui est écrit : « Prévenez-vous d'honneurs mutuels ».
Quand il parle de l’appel en conseil, il veut que l’abbé convoque toute la communauté, car « souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux. » L’inférieur, c’est ici le dernier arrivé.
Dans cette célébration, quel que soit notre âge, la Parole de Dieu vient de nous être adressée. Dieu nous parle à chacun, nous fait don de sa Parole. Tout à l’heure, que nous ayons 20, 50, 90 ans, nous allons recevoir dans notre corps le Corps du Christ pour être rempli de son Esprit vivifiant.
Dieu ne se donne pas plus à l’un qu’à l’autre. Il se donne totalement. Si nous savons le don de Dieu ! Mais si nous nous comparons aux autres, si nous nous croyons plus méritants que nos voisins, si nous estimons avoir un droit quelconque à ce don que Dieu nous fait, alors tout est par terre. Nous rejoignons le pharisien qui se glorifiait de sa conduite et méprisait le publicain dont la prière était accueillie par Dieu. Et c’est le publicain qui rentra chez lui justifié.

Jésus a été confronté à la résistance de ceux qui, dans son peuple, mettaient leur énergie et leur confiance dans l’observance de la Loi et des préceptes de la tradition, et critiquaient Jésus pour son accueil des publicains, des pécheurs et des païens. Lorsque, plus tard, Matthieu rédige son évangile, ce sont les judéo-chrétiens qui récriminent contre l’arrivée massive de païens dans les communautés chrétiennes.

Le Royaume n’est pas plus offert aux seconds qu’aux premiers, mais, offert comme un don, il ne peut être reçu que par ceux qui l’accueillent comme un don, totalement immérité, dans l’émerveillement et la reconnaissance. Il faut des cœurs dépossédés d’eux-mêmes, pour le recevoir, des cœurs humbles, solidaires de tous, qui ne se prévalent d’aucun droit.
Saint Paul proclamera avec vigueur la gratuité du salut. Heureux les pauvres de cœur : le royaume des cieux est à eux ! Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! Pauvres ouvriers de la première heure : ils n’étaient ni pauvres ni purs de cœur, puisqu’ils récriminaient ! Jésus les invite à une double conversion : S’ouvrir à la gratuité du don de Dieu pour eux-mêmes, s’ouvrir à la multitude des autres que Dieu veut combler pareillement.
Ceux qui récriminent n’ont rien compris encore. Ils sont comme Jonas, fâché à mort que Dieu veuille pardonner à ces païens de Ninivites, qui ne connaissaient même pas la Loi.

Notre parabole ne nous parle pas de justice sociale : elle est une fenêtre, un dévoilement, sur le Royaume des cieux. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes pensées sont élevées au-dessus de vos pensées. Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu. (Mt 21,31) En Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi…. Vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre,… tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. (Ga)

Nous sommes bien aveugles et nous nous faisons illusion, si nous croyons avoir des droits sur Dieu et des droits comparativement aux autres. Notre regard devient alors mauvais, alors que Dieu est bon.

« Que le méchant abandonne son chemin, qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées. »
F. Damase nous disait dimanche dernier : « Trop petit est le nombre des chrétiens, qui ont conscience d'être des pécheurs pardonnés. » Nous pourrions aussi voir dans le denier reçu le don sans mesure qu’est le par-don de nos péchés. Quel que soit notre itinéraire, qui d’entre nous est plus digne qu’un autre d’être pardonné par Dieu ? « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Qui que nous soyons, Dieu nous libère du mal, dans son amour en excès.
Reprocherons-nous à Dieu de pardonner à ceux que, contrairement à sa demande, nous jugeons pécheurs ? Le denier qu’est le Corps du Christ va être déposé tout à l’heure dans nos mains : ce sera la « communion » ; saurons-nous être en communion, avec Lui, avec nos frères et sœurs ?

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