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HOMELIE

30 août
année 2019-2020

Année A - Homélie du 22° dimanche du TO - (30 août 2020)
(Jérémie 20,7-9 ; Romains 12,1-2 ; Matthieu 16, 21-27)
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs, La liturgie de ce dimanche met en avant 3 serviteurs de Dieu, Jérémie, Paul et Jésus, tous trois, témoins de la Parole de Dieu et messagers de son Alliance avec les hommes.
Chacun de ces serviteurs a été le sujet d’une vocation, qui lui a valu bien des contradictions, des persécutions, des menaces de mort, jusqu’au martyre de la foi et de l’amour. Que retenir de leur message et de leurs vies entièrement données au Seigneur ? Quelle invitation pour nous, chrétiens du XXI° siècle ?
Jérémie, d’abord, dans la 1ère lecture, a été choisi par Dieu dès le sein de sa mère pour un ministère de prophète, en une période de crise et de décadence de la royauté en Israël. Il nous livre dans ses « confessions » le déchirement intérieur qui l’habite. Dieu lui a donné l’ordre de prédire la catastrophe de l’exil, dans l’espoir d’obtenir in extremis la conversion du roi et du peuple. Mais sa parole n’est pas reçue, elle est tournée en dérision par de faux prophètes qui cherchent à le faire taire. Jérémie est un prophète souffrant, très seul. Il ne cache pas qu’il lui arrive d’avoir peur, d’être découragé, mais il sent brûler à l’intérieur de lui un feu dévorant auquel il ne peut pas résister. Dieu lui donnera la force et le courage de continuer, malgré les persécutions. Rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de se faire entendre. Jérémie, en sa passion et par ses plaintes (ne disons pas trop vite ses jérémiades), Jérémie annonce déjà la Passion et la Résurrection du Christ.
Qu’en est-il de nous aujourd’hui ? Où sont les prophètes qui osent annoncer à temps et à contre-temps le message de Vérité et d’Amour qui sont au cœur de l’Alliance de Dieu avec l’humanité ? Avons-nous ce courage de témoigner, et nous arrive-t-il de ressentir à l’intérieur de nous-mêmes un peu de cette vive flamme d’amour qui a consumé tant de saints, amis du Seigneur ? Avons-nous été séduits par lui, et nous sommes-nous laissés séduire par un amour si étrange ?
Saint Paul, lui, certainement, a bien été l’un de ces serviteurs brûlant d’annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile aux nations païennes. Converti par le Christ, il exhorte ses frères avec passion, par la tendresse de Dieu à une transformation en profondeur de leur manière de vivre et de penser. Dans les 11 premiers chapitres de sa lettre à l’église de Rome, il a exposé le contenu de la foi et le plan de salut de Dieu envers les hommes, depuis la création d’Adam jusqu’au Christ, en passant par Abraham el la Loi de Moïse. En cohérence avec tout ce qu’il vient d’écrire sur la Révélation, il en appelle maintenant à la seule réponse possible du croyant : accorder sa vie, en présentant son corps, sa personne tout entière, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu. Oui, sacrifier son corps, sa personne, au sens étymologique du terme : sacrum facere : faire sacré, rendre sacré. Le même Paul dira dans une autre lettre aux Corinthiens : « ne savez-vous pas que votre corps est le Temple de l’Esprit Saint qui est en vous et qui vous vient de Dieu ? » Sacrifier son corps, sa personne, en ce sens, ce n’est nullement le détruire, mais au contraire glorifier Dieu par lui, avec lui. C’est la juste manière de rendre un culte à Dieu. Le Psaume 39 le chantait déjà : « tu ne voulais ni offrande, ni sacrifice d’animaux, tu as ouvert mes oreilles. Tu ne demandais ni holocauste, ni victime, alors, j’ai dit : voici, je viens »
Ce sacrifice spirituel s’accompagne d’une transformation en profondeur de la part de celui qui s’engage. Une transformation qui renouvelle sa façon de voir et de penser les choses, car les pensées de Dieu ne sont pas toujours les pensées des hommes. Ce texte de Paul est d’une grande actualité pour le discernement de la volonté de Dieu que nous avons à rechercher et à faire personnellement et en église, en ce temps où l’on parle de changement d’époque plutôt que d’époque de changements. Par exemple, l’encyclique Laudato Si’ du pape François invite à changer de paradigme pour passer d’une vision trop technico-scientifique du monde à une vision d’écologie intégrale, davantage respectueuse des êtres vivants, dans la nature et dans la société humaine.
Quant à la page d’évangile lue aujourd’hui, elle est en grande consonnance avec les 2 premiers textes. Jésus après avoir accueilli la confession de Pierre à Césarée, dimanche dernier : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » présente aujourd’hui son programme à venir : monter à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, être tué, et le 3ème jour, ressusciter. Programme à l’opposé de celui que l’on pouvait attendre d’un Messie libérateur, Puissant et Triomphant. Pierre a des raisons de s’insurger et de s’opposer. Mais en le faisant, il se rend coupable d’un premier reniement (le pus grave peut-être) qui est le refus de suivre Jésus dans sa souffrance. Jésus affronte ce 1er reniement de Pierre comme une véritable tentation qu’il repousse avec force comme il l’avait fait par 3 fois au désert : « Passe derrière moi, Satan, tu es pour moi une occasion de chute, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». On rejoint alors ce que disait St Paul aux romains, on rejoint l’expérience de Jérémie. Pour rester fidèle au plan de Dieu il nous faut parfois accepter de transformer nos idées, laisser l’Esprit Saint nous bouleverser, nous surprendre. C’est tout l’enjeu de notre salut, engagé dans une conversion. Jésus le savait mieux que personne en prenant chair de la Vierge Marie. Lui, le Verbe éternel a renoncé au rang qui l’égalait à Dieu. Il a pris le chemin d’humilité, de douceur, de bonté, de pardon qui l’ont conduit à la Croix. Il « fallait » qu’il montre à ses disciples ce chemin et qu’il le suive jusqu’au bout. Le plan de salut de Dieu ne s’accommode pas d’un Messie Triomphant, mais d’un Messie Crucifié et Ressuscité. Et le cœur de ce plan, c’est l’Amour dont Jésus a aimé ses disciples et nous avec eux, jusqu’à l’extrême. Il le confie en testament au soir du Jeudi Saint, lors du dernier repas : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

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