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HOMELIE

23 août
année 2019-2020

Année A - 21ème dimanche du T.O., 23 août 2020
Is 22 19-23 ; Rom 11 33-36 ; Mt 16 13-20
Homélie du F.Bernard

Deux paroles décisives pour la foi : d’abord celle de l’apôtre à Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », puis en réponse celle de Jésus à l’apôtre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ».
La scène se passe à Césarée de Philippe. La confession de Pierre qui y est faite est l’aboutissement d’une première partie du ministère de Jésus, comme d’une première partie de l’évangile, car la question sous-jacente à tous les récits évangéliques, avant Césarée de Philippe, est bien : qui est Jésus. « Pour les gens qu’est le Fils de l’homme ? Pour vous qui suis-je ? » demande Jésus.
Qui est cet homme qui parle avec une telle autorité, non pas comme les scribes et les pharisiens, et qui revendique le pouvoir de remettre les péchés ? Qui est cet homme qui accomplit de tels signes, guérissant les malades et chassant les démons, et qui renouvelle la « merveille de jadis » (Ps 76, 12), au temps de l’exode, multipliant les pains et marchant sur la mer de Tibériade déchainée ?
Alors Simon-Pierre, à Césarée de Philippe, au nom des Douze, confesse : « Tu es le Christ, le Messie », celui qu’annonçaient les Écritures, celui qui vient proclamer la proximité du Royaume. C’est la confession de Pierre, telle qu’on trouve dans l’évangile de Marc, l’évangile premier, l’évangile le plus proche de l’évènement de Césarée de Philippe.
Mais la confession de Pierre dans l’évangile de Matthieu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » est plus développée ; elle est sans doute, dans sa formulation, marquée par la foi pascale de l’évangéliste, qui écrit bien après la mort et la Résurrection du Seigneur. Toutefois il faut affirmer la continuité profonde de la foi de Pierre à Césarée, à celle de l’évangéliste Matthieu, et à la nôtre qui tout à l’heure proclamerons le credo. Ce n’est pas la chair ni le sang, ni aucun raisonnement humain, qui ont permis à Simon Pierre de confesser le Christ, mais bien le Père de Jésus, car « Nul ne connaît le Fils sinon le Père, comme nul ne connait le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler (Mt 11, 27).
Après Césarée de Philippe, peut commencer la deuxième partie de l’Évangile, celle où Pierre et les disciples auront à apprendre comment Jésus assumera sa mission de Messie… Il l’assumera par sa Passion et sa mort sur la croix, annoncées à trois reprises, en accomplissement de la figure du Serviteur de Dieu qu’avaient dessiné les Écritures, en triomphant de la mort par sa mort même. Il faudra certes du temps à Pierre et aux disciples pour accepter le passage nécessaire du Seigneur par sa mort. Il faudra Pâques et Pentecôte, pour que les disciples deviennent témoins de la Résurrection de leur Seigneur et l’annoncent à la face du monde.
Ici à Césarée de Philippe, Jésus confirme déjà solennellement Simon, fils de Yonas, dans sa mission d’apôtre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Pierre (Petros) sera la pierre (petra) sur laquelle Jésus édifiera son Église. Dans la Bible le Dieu d’Israël est souvent appelé le Rocher ; ainsi dans le refrain du Psaume 61 : « Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle. Je reste inébranlable ». Dans le même sens Paul dira que le rocher auquel s’abreuvait le peuple au désert était le Christ (1Cor 10,4).
Ainsi le Christ est le Rocher, et l’apôtre la pierre, la pierre de fondation solidement fixée sur le roc, et en solidarité avec elle, les douze assises de la Ville portant les noms des douze apôtres de L’Agneau (Ap 21, 14).
Pierre reçoit les clés du royaume, pas de petites clés comme celles que nous mettons dans nos poches, mais des clés pesantes, à l’instar de la clé de la Maison de David, que le Seigneur a déposée sur les épaules du maître du palais, Éliakim. Nos églises anciennes aimaient la représenter aux côtés de Pierre pour l’identifier. On la trouve également au portail de notre monastère.
La clé déposée sue les épaules de Pierre, c’est aussi la croix du Christ. Elle est l’insigne de son pouvoir, de son pouvoir d’ouvrir et de fermer, de lier et de délier, de mettre chaque personne, chaque chose, à sa vraie place, car tout est lié, aimait à dire le pape François dans son encyclique Laudato si. C’est aussi le pouvoir d’absoudre du péché et d’exercer la miséricorde au nom du Christ. Ce pouvoir des clés est confié ici à Pierre en premier et comme en avance. Il le sera confié en communion avec lui également à tous les apôtres au soir de Pâques (Jn 20, 23).
Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, nous prions pour le pape, notre évêque, les évêques. Y sommes-nous attentifs ? Ce devoir de prière est essentiel, car nous devons par notre prière les aider à accomplir pleinement la mission qu’ils ont reçue de confirmer leurs frères et sœurs dans la foi.
Nous n’avons pas fait encore écho à la deuxième lecture de ce jour (Rm 11, 33-36). Elle achevait, en forme de louange, la réflexion de Paul sur le mystère d’Israël. Dimanche dernier, il y disait sa certitude que tout Israël sera sauvé et reconnaîtra le Christ. Nous pouvons reprendre cette même louange en conclusion de ce que la liturgie de ce jour nous a fait percevoir du mystère du Christ et de l’Église : « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu. Tout est de Lui, et par Lui et pour Lui. A Lui la Gloire pour l’éternité. Amen ».

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