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HOMELIE

16 août
année 2019-2020

Année A - 20e dimanche - 16 aout 2020
Isaïe 56, 1.6-7 ; Romains 11, 13-15.29-32 ; Matthieu 15, 21-28
Homélie de F.Ghislain

Hier, nous fêtions l’Assomption de la sainte Vierge Marie ; aujourd’hui la liturgie de ce 20e dimanche après la Pentecôte, nous présente une femme cananéenne qui arrache au Christ, semble-t-il, la guérison de sa fille.
Deux femmes du Moyen Orient, l’une fille d’Israël, l’autre de Syrie, Tir ou Sidon. Deux femmes qui ont porté un enfant, l’ont mis au monde, nourri, sevré ; en même temps, elles ont assuré le quotidien de la vie : la cuisine, le ménage, la lessive, les réparations, sans doute aussi le jardin autour de la maison. Elles ont été fidèles à leur religion, l’une priant à la synagogue et, aux temps prescrits, montant au Temple de Jérusalem, l’autre allant aux sanctuaires de son pays, vénérant le Baal, l’Astarté

La première vit dans la proximité d’un Mystère. Son enfant lui a été annoncé par un ange, sa naissance a été entourée d’anges au Ciel, de bergers dans la boue tout occupés de leurs bêtes. Ensuite, comment ont-ils vécu ensemble cette femme et son enfant ? Une fois, il a pris ses distances et s’est trouvé au Temple sans prévenir ses parents et ses explications sont restées obscures. Un beau jour il est parti rejoindre en Judée le prophète Jean-Baptiste et il a commencé lui-même un ministère prophétique auquel rien, semble-t-il, ne le préparait. D’après ce que nous savons par les évangiles, chaque fois que leurs chemins à elle et à lui se sont croisés, une fois à Cana, une autre fois quand elle a suivi sa famille inquiète, Jésus a gardé les distances ; il n’a rien dit ou fait pour se rapprocher d’elle ou l’intégrer dans ce qu’il faisait. A la fin, elle a été au lieu de sa mort infâme, et il a enfin pris la parole pour lui indiquer qui prendrait soin d’elle désormais. Puis il est mort : on raconte qu’il a été vu ensuite vivant, mais c’est à d’autres femmes et à des disciples qu’il est apparu ; à elle, on ne sait pas. Elle a tenu tout le temps : avant, pendant, après.

La cananéenne a vécu des circonstances sortant moins de l’ordinaire : l’histoire que nous connaissons d’elle tourne autour de sa fille possédée par un démon qui la rend malade, ou épileptique ou quoi que ce soit. Et désormais, elle vit pour la délivrance de sa fille. Sans doute est-elle allée la demander dans les sanctuaires de ses dieux. Peut-être a-t-elle consulté des guérisseurs, des médecins, des exorcistes. Elle a tout essayé sans succès. Un jour est passé dans sa région un prophète du pays voisin, Israël, dont la réputation de puissance contre les démons et les maladies avait passé la frontière. Elle y va, dominant sa crainte de l’inconnu, d’une hostilité peut-être entre les deux pays Israël et la Syrie…Elle approche et formule sa demande. Le prophète ne lui répond pas. La regarde-t-elle ? Elle répète, elle insiste. Les disciples excédés demandent à Jésus de la renvoyer : que le bruit cesse, et Jésus leur répond que sa mission de salut ne concerne qu’Israel. Loin de s’éloigner, la femme qui a entendu s’approche d’autant plus de Jésus, se prosterne, répète une fois encore sa requête et le prophète d’Israël répond, méprisant, presque insultant : Israel est un fils, il a droit à sa nourriture, à ce qu’on s’occupe de lui. Tyr et Sidon sont des chiots errants, ils ne peuvent prétendre à rien. Sans broncher, la femme continue, et c’est Jésus, finalement qui capitule, émerveillé. Il fait son premier miracle en terre païenne, sa mission s’élargit à tous les hommes.

Marie, la cananéenne. Deux femmes qui sont allées au bout de la foi. Mais où est la troisième ? Ne serait-elle pas ici, frères et sœurs ? Il y a parmi nous des femmes qui sont mères, elles savent ce que c’est que porter un enfant, voire plusieurs ; elles savent le prix de l’éducation, à mener ensemble avec le souci de la maison, l’activité professionnelle l’équilibre du ménage. Parfois, n’est-il pas vrai ? on est au bout du rouleau, on ne sait à quel saint se vouer. Et ce qui est vrai d’une mère l’est aussi d’une femme célibataire : les soucis sont différents, la pression est la même. Et pour les hommes en va-t-il autrement ? Qu’en sera-t-il, par exemple, à la rentrée : de mon emploi, de mon embauche, de mon entreprise et de ceux qui y travaillent, de ma famille, finalement ?

Ne fait-on pas alors ce qu’ont fait les deux femmes ? Avec les paroles des psaumes on crie vers Dieu: « sors de ton silence » (Ps. 82 ; 1) « Ne reste pas muet, ne sois pas sourd » (Ps. 28, 1-2). On obéit à l’injonction de saint Luc dans son évangile :« Il faut toujours prier et ne jamais cesser » (Lc. 18, 1). On essaie de se convaincre de la parole de Jérémie : « Il est bon d’attendre en silence le salut de Dieu » (Lam.). Parfois, on perçoit au fond du cœur le frémissement imperceptible de la petite espérance, ou dans l’épaisseur de la nuit une étincelle de lumière qui éclaire à peine mais ne s’éteint pas. Et Jésus admire…

Laissez moi conclure avec quelques versets d’une des hymnes que nous avons chantée hier, que nous pouvons adresser aux deux femmes !
Femme guidée par Dieu au désert de l’épreuve / Où manque à notre espoir la force d’un appui / Tu nous vois chancelants sous le poids de la Croix / Ta foi inébranlable soutient notre faiblesse/ Et nous conduit.

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