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HOMELIE

02 août
année 2019-2020

18ème Dimanche du T.O. Année A - Dimanche 2 août 2020
1ère lecture : Is 55, 1-3 2ème lecture : Ro 8, 35-39 Psaume : 144 Evangile : Mt 14, 13-21
Homélie du F.Matthieu

Jésus vient de recevoir l’annonce de la mort de Jean-Baptiste ; il sait que Jean et lui ont destin lié depuis son Baptême, dont a été dit "qu'il accomplissait toute justice" ; il sait que Jean était le nouvel Elie venu préparer les chemins du Seigneur ; Jean, mort, il sait donc qu'il se trouve désormais en première ligne, qu'il doit prendre définitivement le relais... Il voulait se mettre un peu à l’écart, avoir du temps pour que rien ne vienne perturber son intimité avec le Père et sa prière dans ce moment décisif.
Mais les foules en décident autrement ; elles aussi ont appris la mort de Jean et elles savent qu’elles n’ont désormais plus que Jésus... et elles n’hésitent pas... Et ce sont ces foules, qui le précèdent au désert, qui vont lui donner, selon Matthieu, les réponses que la mort de Jean appelait, qui vont lui révéler son être véritable : le visage de Dieu pour tous les hommes. A la vue des foules, Jésus est "saisi de compassion", et l’évangéliste emploie ici un terme que la Bible ne réserve qu’à Dieu seul, à un Dieu qui se révèle maternel, dont les entrailles sont remuées au plus profond de lui... Oui, le cœur de Dieu se laisse toujours déranger, toujours toucher, c’est le visage de Dieu.
Peut-être attend-il même que nous le dérangions, sans calculer d’avance la faisabilité de nos requêtes, sans souci de l’encombrement… ou de la banalité de nos besoins et de nos demandes. Car Dieu a son point faible, il ne renvoie jamais personne.
Et ici, Jésus guérit tous les malades qui sont là. Puis, comme le soir vient, et que les disciples suggèrent de renvoyer cette foule affamée et trop nombreuse, Jésus prend l’initiative de les nourrir, et c’est la multiplication des pains qui est au cœur de notre évangile.
Jésus, toujours à l’image du Père, se laisse fléchir par nos faims en tout genre et nos infirmités infinies. Jusqu’au soir, il ne comptera pas sa peine pour nous entendre, pour nous relever, pour nous guérir. Il arrive que les Apôtres s’impatientent, et rêvent de congédier tout le monde. Pour lui, rien n’y fait ! Pour lui, c’est toujours le moment, c’est le cœur de Dieu qui se révèle encore !
Et quand vient le soir, celui du jour ou de la vie, soyons-en assurés, notre ultime faim ne le laissera pas indifférent. Il en sera ému, incroyablement bouleversé. Oui, pour chacun alors, au soir venu, et en abondance il rompra le pain, celui de la vie éternelle. Et tous alors mangeront à leur faim.
En faisant ces gestes, Jésus renouvelle les miracles que la Bible attribuait au prophète Elisée dans le second Livre des Rois... Jésus est ainsi présenté comme le nouvel Elisée, et comme tel, il est confirmé dans sa mission de poursuivre l’œuvre de Dieu qu’avait inauguré Jean Le Baptiste.
Mais en réalisant cette multiplication des pains, Jésus se révèle bien plus qu’un prophète : "ordonnant à la foule de s'asseoir sur l’herbe" - en ce lieu désertique ! - comme Dieu au Psaume 144, Jésus donne à son peuple "la nourriture au temps voulu" Il veut "rassasier avec bonté tout ce qui vit"...
Les disciples lui apporte "cinq pains et deux poissons" : le signe est à déchiffrer, il s’agit de la nourriture du festin messianique des derniers temps, celui qu’annonçait le livre d’Isaïe dans la première lecture ; et la surabondance de nourriture - il va rester douze paniers, de quoi nourrir encore toutes les tribus d’Israël ! - et la satisfaction de tous dont la faim est apaisée, disent bien qu’il s'agit du repas du Royaume, que Jésus nous a présenté dans ses paraboles.
Ainsi Jésus nous est révélé comme le Messie-Roi qui invite au festin du Royaume de Dieu ; il pose les gestes même de Dieu, lui qui préside à ce festin...
Mais l’évangéliste veut nous dire plus encore, et en un sens, mieux encore...
Insensiblement, le récit oublie les poissons, pour ne garder que les pains... et les gestes, et les paroles de Jésus, reprennent exactement ceux et celles qui furent les siens au soir de son Dernier Repas, nous les transmettant à travers les disciples, jusqu’à nos eucharisties.
Ainsi, c’est bien à nous que cette page d’évangile s’adresse aussi, c’est bien à nous qu’est rappelé que l’assemblée, à laquelle Dieu nous invite, dimanche après dimanche, est le repas, déjà messianique où il se donne.
Le pain, celui de la Parole, comme celui de la Table eucharistique, nous est toujours offert et avec lui, et par lui, l’inlassable miséricorde qui guérit tous ceux qui viennent à lui comme des pauvres, abandonnés dans la main de Dieu.
Allons à la rencontre de cette Miséricorde du Seigneur, qui est son vrai visage, et qui nous est offerte encore une fois aujourd’hui en cette célébration !

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