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HOMELIE

26 juillet
année 2019-2020

17e DIMANCHE TO – ANNEE A 26 JUILLET 2020
1 ROi 3 5-12 ; Rom 8 28-30 ; Mt 13 44-52

Le royaume des Cieux est comparable à un trésor… Notre compréhension spontanée de ces deux petites paraboles, est que, nous autres hommes, nous autres chrétiens, il nous faut tout vendre, tout quitter, tout perdre, pour acquérir le trésor et la perle, d’une valeur inestimable. Et c’est bien la vérité. Ainsi l’a entendu saint Antoine le grand, le père de monachisme : « Si tu veux être parfait, va, vend tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ». Et Antoine est parti vivre au désert, lui qui avait des biens non négligeables.

Mais je voudrais prendre ces paraboles dans l’autre sens. D’abord, s’il est dit que le royaume des Cieux est comparable à un trésor, il n’est pas dit qu’il est comparable à une perle mais à un négociant en recherche de perles fines. Et dans la parabole du trésor, il s’agit bien d’un homme qui découvre le trésor. Dans bien des paraboles, l’homme mis en scène représente Dieu lui-même, et c’est dans ce sens que je voudrais lire aujourd’hui ces paraboles. L’humanité est pour Dieu, le trésor caché et la perle de grand prix. Il la recherche, il la désire, il veut l’acquérir, dans la plénitude de sa richesse et de sa beauté.

Dieu a créé l’homme pour qu’il soit sa joie. Il nous aime avant que nous l’aimions, nous désire avant que nous le désirions, nous cherche avant que nous le cherchions.

La perle de grand prix, c’est, pour lui, chacun de nous, c’est l’humanité dans sa totalité. Il vent tout ce qu’il possède, c’est-à-dire lui-même. Il nous livre son Fils – et qu’a-t-il de plus précieux que son Fils ? « Vous avez été achetés à grand prix », dit Paul ; « Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu as envoyé ton propre Fils pour qu’il soit notre Sauveur. » disons-nous dans la PE IV. « Tu es mon Fils bien-aimé en qui j’ai toute ma joie » : cette parole du Père, lors du baptême de Jésus, il la dit sur chacun de nous. Il nous aime et nous veut resplendissant de sa gloire.

Mais le trésor est caché dans le champ, enfoui dans la terre, la perle précieuse est au cœur d’une huitre dont la beauté n’a rien d’attirant. Dieu vient nous sortir de la terre, nous extraire de nos gangues en prenant sur lui ce qui cache, ce qui défigure, notre beauté, celle qui vient de lui. Lors de son agonie, c’est le désir de cette perle qu’est l’humanité qui a permis à Jésus de dire « oui ». Il n’a pas dit « oui » à la souffrance, à l’atrocité, à la mort : il a dit « oui » au projet du Père ,qui était aussi le sien, de recueillir toute l’humanité pour la présenter au Père, lavée de toutes ses scories, revêtue de sa grâce et de sa gloire.

Cela ne pouvait se faire qu’en prenant sur lui l’entièreté absolue du mal. Il désirait tellement que l’humanité – perle précieuse – soit resplendissante de gloire, que, non seulement il a tout vendu – lui qui était de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu – mais il a pris sur lui toutes les abominations qui la défiguraient et la défigurent encore. « Le Messie fonde l'alliance nouvelle en prenant sur lui le mal. … Il ne fait pas crédit à l'accusateur, contre le Créateur. Il lui dit simplement : « Tu veux ma vie, prends-la, je la donne tout entière. » Et la mort corporelle [de Jésus] va priver le mal de sa victoire. L'accusateur ne peut utiliser la vie qui se livre tout entière à la mort, par amour », écrit Jean-François Bouthors Il écrit encore : « Le salut ne s'approche pas pour des hommes qui seraient déjà sortis des ténèbres, pour d'hypothétiques justes, pour l'élite méritante. … Il vient dans la nuit, dans la mort. … Là où l'on trouve l'inhumain. Dans le monde où sont inextricablement mêlés l'humain et l'inhumain, pour que la lumière éclaire toute chose et que l'homme puisse réconcilier ses deux parts, humaine et inhumaine. » « L'inhumain ayant ainsi culminé dans la mise à mort, sans que l'amour défaille, il est ainsi révélé, manifesté, qu'il n'est rien qui ne puisse être ressaisi par l'amour. »

« Le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu » dit st Pierre dans sa 1er épitre (1P 3, 18).

« Jésus a tout donné pour racheter l’humanité aimée du Père. » commente notre évêque.

C’est ce mystère d’amour, cette victoire de la vie sur la mort, du divin et de l’humain sur l’inhumain, de notre beauté précieuse sur la défiguration du mal, que nous célébrons dans le mystère de l’eucharistie. Ce mystère ne s’adresse pas à une élite mais au peuple des pécheurs, à nous tous, à l’humanité entière.

Nous croyons en Jésus ressuscité, revêtu de gloire, nous croyons en notre propre résurrection à venir, mais aussi, pour une part, déjà présente, parce que Jésus a pris sur lui nos défigurations pour les enlever. « Jésus, Dieu sauve » est avec nous et fait de nous des fils.

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