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HOMELIE

28 juin
année 2019-2020

Année A - 13e dimanche ordinaire
II Rois 4, 8-11 & 14-16a ; Rom. 6, 3-4 & 8-11 ; Mt. 10, 37-42
Homélie du F. Ghislain

Ce que je voudrais vous dire, frères et sœurs, est que nous devons lire cet évangile positivement : nous sommes dignes du Christ. Il faut nous en rendre compte, il faut en remercier et alors, aller plus loin. Ou, en termes négatifs, il ne faut pas devant cet évangile, être paralysés par notre indignité, ne pas savoir comment en sortir, et, finalement¸ laisser tout tomber.

En effet, qu’est-ce que cela veut dire concrètement : aimer ses parents ou ses enfants davantage qu’on n’aime le Christ ? Qu’est-ce que cela veut dire « prendre sa croix » ou « perdre sa vie »

Et d’abord : où est le Christ, où le trouver, où l’aimer plus que tout ? Dit autrement : où l’avons-nous rencontré pour l’aimer ainsi ?
J’aimerais pour essayer de répondre à cette question, la mettre en rapport avec un texte de la 1e lettre de saint Pierre : parlant de Jésus, elle écrit : « Lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore » (1, 8), et elle ajoute : « aussi tressaillez-vous d’une joie ineffable et glorieuse ». Comment peut-on l’aimer davantage que ceux qui nous sont le plus chers alors qu’on ne l’a pas vu ? comment y trouver une joie incomparable ? Cherchons encore dans l’Ecriture : vous connaissez la parole adressée à Paul sur le chemin de Damas : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? », alors que Saoul « ne respirait toujours que menaces et meurtres contre les disciples (Act. 9, 1 & 2). Qui alors persécute Jésus, sinon celui qui persécute ceux qui croient en Lui ?
Dans la parabole du Jugement dernier, au chapitre 25 de l’évangile de saint Matthieu, nous entendons la même chose : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir » et de te faire ou non du bien ? (25, 37 et 44), et la réponse vient : « En vérité je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait [ou ne l’avez pas fait] à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez [ou ne l’avez pas] fait ».

Alors les choses s’éclairent : Nous avons un critère sûr pour ne pas nous tromper en ce qui concerne notre rapport avec Jésus. Il s’agit d’avoir avec les autres un rapport de préférence.

Le rapport avec les enfants. Il n’est pas si simple. Je vais essayer de le dire en rapportant une parole qui m’a été dite un jour par une mère de famille de six enfants : à chaque naissance, quand j’ai vu le petit qui était sorti de moi, j’ai compris qu’il ne m’appartenait pas. Elle comprenait qu’elle avait dans ce nouveau-né une personne : à accueillir, à découvrir certes, à éduquer c’est-à-dire à faire progressivement naître à sa vérité, à introduire dans un réseau de relations où il trouvera son humanité, à commencer à faire éclore en lui le fils de Dieu unique, commencé au baptême.
Puis, au fur et à mesure que l’enfant grandit , devient un jeune homme, puis un homme fait, l’accompagner dans son effort pour tracer sa voie, accepter qu’il s’en aille, parfois loin, qu’il s’oppose, qu’il oublie, être toujours là quand il a besoin, demeurer dans l’ombre…Prier pour lui, apprendre de lui, être patient. Il y a une phrase de saint Paul aux Galates qui est suggestive : « mes petits enfants que de nouveau j’enfante dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. Oh ! que je voudrais être auprès de vous en ce moment pour trouver le ton qui convient, car je ne sais comment m’y prendre avec vous » (4,19)

Et, du coup, s’éclaire aussi, le rapport avec les parents de la part des enfants adultes. On voudrait qu’un rapport d’amitié, une sorte d’égalité s’établisse, dans le respect certes de la vie qu’ils nous ont donnée…Mais ce n’est pas toujours cela : on peut avoir l’impression qu’ils interviennent trop ou pas assez. On découvre aussi leurs faiblesses et, au fur et à mesure que leur âge avance, leurs infirmités et leurs besoins. Prendre soin d’eux, les visiter, faire tout pour que leur fin de vie ne soit pas trop austère, qu’ils aient encore l’occasion de se sentir utiles et que leur mort soit douce.
Je pourrais continuer à commenter chacune des phrases de cet évangile, ou vous redire les mêmes choses en relisant dans cette perspective l’histoire d’Elisée et de la femme sunamite ; celle-ci commence par aimer Elisée plus qu’elle-même et Elisée prend la suite en lui donnant d’être mère. Ce que je voudrais vous suggérer, c’est ceci : comment nous y prenons-nous avec les autres, proches ou lointains, que Dieu a placés sur notre route : eux comme nous vont vers le Christ.

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