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HOMELIE

21 juin
année 2019-2020

Année A - 12e dimanche TEMPS ORDINAIRE (A) (21/06/2020)
(Jr 20, 10-13 – Ps 68 – Rm 5, 12-15 – Mt 10, 26–33)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, nous sortons à peine du temps pascal et pourtant les lectures de ce dimanche nous ramènent quasiment en pleine passion du Christ. Toutes, en effet, font allusion à une menace, à un danger mortel dont seul le Seigneur peut délivrer. Dans la première lecture, le prophète Jérémie, souvent décrit comme une figure, une annonce du Christ, se trouve en bien mauvaise posture. Dieu l’a envoyé annoncer aux habitants de Jérusalem que leurs infidélités étaient telles que le Seigneur allait les abandonner à l’invasion toute proche des Babyloniens. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils soit accusé de trahison, de défaitisme et qu’il soit emprisonné et condamné à mort. Ainsi, c’est pour avoir déplu aux attentes du peuple que Jérémie se retrouve en prison. Mais il garde confiance en Dieu qui est avec lui. Dans un discours, il est vrai guerrier, il se confie au Seigneur qui voit combien lui, Jérémie, est fidèle et il sait qu’il sera secouru par le Seigneur car il lui a remis sa cause. Confiance du prophète contre toute évidence. Le psaume 68 qui a été chanté est un psaume que nous chantons volontiers le vendredi saint tant il préfigure également la passion du Christ : « C’est pour toi que j’endure l’insulte … je suis un étranger pour mes frères … l’amour de ta maison m’a perdu. » Mais là aussi, il y a une espérance : « Et moi, je te prie, Seigneur … dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi… par ta vérité, sauve-moi… » Et le psaume se termine plein de confiance : « Le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés. » Ce psaume convient bien à la situation de Jérémie, et à celle du Christ durant sa Passion et on peut penser qu’il a pu monter à la mémoire, à la conscience du Christ durant l’agonie au Jardin des Oliviers ou sur son chemin vers le Golgotha. Durant sa prédication, face au rejet de plus en plus menaçant de sa parole par les scribes et les chefs du peuple juif, Jésus manifeste sa confiance en son Père et encourage ses disciples sans doute désemparés. Il ne faut pas craindre ceux qui peuvent tuer le corps. Dieu est le plus fort et de loin. Et il ne peut pas ne pas se soucier de ses envoyés, lui qui veille sur les moineaux et compte les cheveux de nos têtes. Devant les menaces qui planent sur lui et sur ses disciples, Jésus rappelle que son Père est le maître de l’histoire, même si les évidences peuvent paraître, dans un premier temps, contraires. La seconde lecture, quant à elle, nous situe dans le même cadre. Certes, le péché, et à sa suite, la mort, semblent dominer notre monde, semblent l’emporter sur tous les hommes. Mais si la mort atteint la multitude des hommes, la grâce, elle, est répandue beaucoup plus en abondance. C’est la grâce de la Vie, la grâce de la victoire sur la mort accomplie par un homme, Jésus Christ. Frères et sœur, les lectures de ce jour transmettent toutes un même message : la violence, la mort, le mal paraissent l’emporter partout et en tout temps. Et pourtant nous est annoncée l’espérance de la victoire du Seigneur sur la mort, la violence et le mal. Et c’est le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, victoire sur la mort et sur le mal qui sont garants de cette victoire finale. Et ce, par-delà toutes les apparences de triomphe du mal qui peuvent nous accabler. Combien ces paroles peuvent tomber à point pour nous aujourd’hui, alors que nous sommes en pleine incertitude sur l’avenir. Tout peut paraître sombre et c’est peut-être pour certains plus qu’une apparence. La pandémie, la crise économique, les violences policières, notre monde qui vacille sur des bases qu’il croyait solides… Ce n’est pas la peine d’en dire plus… Pourtant, en chrétiens, nous ne pouvons pas ne pas entendre ce message qui date déjà du prophète Jérémie, près de 6 siècles avant le Christ, message continué par le Christ et surtout authentifié par sa mort et sa résurrection. Message dont se fait l’écho Paul. Le mal, la mort, n’ont pas le dernier mot. Cela ne signifie pas que toute difficulté, toute détresse nous seront évitées par magie, mais cela signifie que si nous gardons confiance dans le Seigneur, quoi qu’il arrive, un chemin de vie nous est ouvert. Cette confiance, cette foi ne sont pas évidentes, c’est un saut dans l’inconnu. Mais c’est un saut qui peut nous sauver de la désespérance. En Latin, le mot fides traduit les mots foi, confiance et fidélité et il me semble que c’est assez évocateur. Avoir foi, c’est avoir confiance et qui dit confiance dit justement qu’il n’y a pas de certitude absolue. Lorsque nous faisons confiance à quelqu’un, nous ne sommes pas absolument certains que cette personne se montrera digne de la confiance que nous avons mise en lui. Mais nous espérons ne pas nous être trompés. Et puis, la confiance demande aussi une vraie fidélité. Lorsque nous faisons confiance, nous espérons dans la fidélité de la personne en qui nous nous confions et nous sommes nous-mêmes fidèles. Avoir foi en Dieu ne garantit pas une vie sans souci, sans souffrance. Regardons le Christ, regardons le prophète Jérémie, le moins qu’on puisse dire est que leur vie a été mouvementée. Et pourtant, ils ont eu foi en Dieu. Si nous nous mettons vraiment à l’écoute de la Parole de Dieu, il me semble qu’il importe de croire fermement que le Seigneur ne nous laisse pas tomber, qu’il ne nous abandonne pas malgré les apparences. Cela demande de savoir aussi regarder notre passé, faire mémoire des interventions de Dieu, du Christ, dans nos vies. Alors, nous pouvons regarder vers l’avant avec confiance. C’est ce qu’a fait le Christ, confiant dans ce que la Bible disait de la fidélité de Dieu. Frères et sœurs, dans un monde inquiet, renouvelons notre foi, notre confiance et notre fidélité envers Dieu, à la suite du Christ, et nous pourrons aider nos contemporains à regarder l’avenir dans la paix. C’est un beau service à rendre à l’humanité. AMEN

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