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HOMELIE

19 juin
année 2019-2020

Année A - SACRE-COEUR -19 Juin 2020
Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, En préparant mon chapitre d’hier matin sur le P. Muard, je trouvais dans les volumes scannés par les frères du Barroux, un assez long enseignement sur le Sacré Cœur. Donné dans le cadre d’une prédication, le P. Muard voulait y présenter la grandeur infinie de l’Amour divin manifesté dans le Cœur de Jésus. Dans un langage enflammé très emphatique, il passait en revue les différents moments de la vie du Christ et de sa passion comme autant de témoignages de cet amour.
S’appuyant sur les écrits des saints, son objectif était d’entrainer les fidèles à découvrir et à grandir dans l’amour du Christ, en regardant son Cœur très aimant. Un moyen très concret était assurément pour lui, de faire partie d’une confrérie du Sacré-Cœur, une sorte de mouvement spirituel dans lequel on se soutient dans la prière. En lisant ces lignes, je me disais que nous peinerions à entendre aujourd’hui un tel enseignement. Et pourtant, il est indéniable que s’y expriment des convictions de foi que nous pouvons faire nôtres sans difficulté. On peut aussi y entendre la belle ferveur du P. Muard, ami intime du Christ. La question que nous pose ce genre de texte est peut-être celle-ci : comment entrer dans une relation plus vivante et plus aimante avec le Christ, cela avec notre sensibilité d’homme du XXI° ? Le risque serait au nom d’une certaine rationalité et d’un désir légitime de ne pas errer dans un sentimentalisme désuet ou vide, de ne pas donner toute sa place à la dimension cordiale de notre relation avec le Christ. Ce dernier n’est pas un concept, ni le principe d’un système intellectuel performant, ni seulement un maitre de sagesse, il est une Personne avec laquelle chaque chrétien est invité à nouer une relation unique. Dire que Dieu est Amour, dire que Jésus, le Christ nous a révélé cet Amour divin, par son Cœur transpercé, est relativement facile à dire. Mais nous ne pourrons le comprendre vraiment qu’en acceptant d’entrer nous-mêmes dans l’amour, dans une relation aimante avec le Christ, de laquelle découlera un amour toujours délicat avec nos frères. « On ne voit bien qu’avec le cœur, dit le renard au petit Prince, l’essentiel est invisible aux yeux ». On ne peut entrer dans le mystère du Dieu Amour en restant à l’extérieur. St Jean nous invite à « demeurer dans l’amour ». Et c’est possible. Quand Jésus dans l’évangile nous dit qu’il est « doux et humble de cœur », nous appelant à devenir ses disciples, il nous introduit dans cette familiarité cordiale. Il semble vouloir nous rassurer si l’exigence de le suivre, énoncée quelques chapitres auparavant dans le discours sur la montagne, pouvait nous effrayer. Car le Christ ne se présente pas comme un maitre exigeant qui veut s’imposer à nous. Son objectif n’est pas d’avoir des disciples qui seraient à ses ordres, au doigt et à l’œil…comme on fait marcher une armée pour la bataille. Si à sa suite, le Christ nous entraine dans un combat contre le mal et toutes les formes qu’il peut prendre, il ne le fait qu’en nous aimant et en suscitant notre amour. Son amour nourrit notre amour pour Lui et pour nos frères. Il devient notre propre énergie.
N’est-ce pas vers cette source de l’Amour que veut-nous ramener cette fête du Sacré Cœur ? Ne veut-elle pas nous assurer que si nous sommes tellement aimés, nous pouvons avoir confiance que les balbutiements de notre amour serons accueillis par Celui qui nous attire à Lui ? Sur le chemin de la foi, nous sommes appelés à grandir dans cette familiarité avec le Christ. Avec Lui, nous pouvons parler de tout, tout lui confier, tout lui demander. Le cardinal B. Hume passait du temps à regarder le Christ en croix. Là, aux moments décisifs de sa fin de vie, il a trouvé la force et l’espérance pour traverser l’épreuve de la souffrance et de la maladie. Dans nos journées, recherchons cette attention personnelle à la présence du Christ vivant à nos côtés. Sachons parfois nous arrêter quelques instants entre nos activités pour les remettre sous sa lumière. Dans le petit Prince que je citais plus haut, le renard ajoute : « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante ». Nous pouvons demander cette grâce d’une présence renouvelée au Christ, comme l’oraison après la communion nous y entrainera : « Brûle-nous d’une charité qui nous attire toujours vers le Christ, et nous apprenne à le reconnaitre en nos frères ».

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