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HOMELIE

31 mai
année 2019-2020

Année A - PENTECÔTE 31 mai 2020
Ac 2,1-11; 1 Co 12, 3b7.12-13 ; Jn 20, 19-23
Homélie du P.Abbé Luc

Frères, Que serions-nous sans l’Esprit Saint ? Que serait l’Eglise sans ce précieux soutien ? Comme le suggèrent les textes entendus, elle ne serait pas universelle, elle ne serait pas unie dans une même foi, elle ne pourrait être servante du pardon de Dieu. Elle ne serait qu’une organisation parmi d’autres, une ONG de bienfaisance au mieux. Elle ne serait pas ce quelque chose d’indéfinissable, d’inclassable qui lui a permis de traverser toutes les vicissitudes de l’histoire. Avec l’Esprit Saint, ce qu’elle est la déborde elle-même, la dépasse, lui reste incompréhensible à ses propres yeux…comme quelque chose de toujours nouveau à accueillir.
Il nous est bon de nous arrêter sur ce mystère de vie qui constitue l’Eglise, et qui nous constitue comme communauté, cellule vivante de cette Eglise, et comme membre chacun pour notre part Temple de l’Esprit Saint. Dans notre culture de plus en plus rationnelle, qui aime tout maitriser, tout prévoir, tout mesurer, cela nous demande davantage d’effort pour accéder à ce mystère, pour percevoir et accueillir ce débordement de l’Esprit. Des textes entendus, je retiens 3 mots qui peuvent nous y aider : recevoir, émerveillement, envoyer.
Recevoir. « Recevez l’Esprit Saint » dit Jésus Ressuscité, en soufflant sur ses disciples. Au départ de l’Eglise, il y a ce don que ce groupe d’hommes verrouillés dans ses peurs et le sentiment d’échec ne pouvait produire par lui-même. Don discret de la force d’un souffle pour conduire à l’intimité du cœur pécheur, chez St Jean. Don puissant au bruit d’un « violent coup de vent » qui propulse les disciples sur la place publique chez St Luc. Don multiforme en manifestations variées qui fait de chacun un acteur utile à tous, chez Paul. Ces trois témoins, Jean, Luc et Paul, nous partagent à leur manière leur conviction que l’Eglise naissante s’est reçue d’un don. Pourrait-elle se glorifier d’être ce qu’elle est ? Nous avons tout reçu. C’est là notre identité la plus profonde. Aujourd’hui encore, nous nous recevons de « l’Esprit qui continue dans le cœur des croyants son œuvre d’amour ». Emerveillement. N’est-ce pas la première vertu de ce don ? Il produit l’émerveillement. Devant les disciples emplis d’Esprit Saint, les juifs qui s’assemblent s’émerveillent. Ils s’émerveillent d’être rejoints dans leur grande diversité de langues et de culture par ces galiléens, peu cultivés. S’émerveiller, et dans l’Eglise, il y a matière. Que nous puissions nous rassembler tous dans une si grande diversité d’origine, de culture ; que nous puissions mettre en commun des dons si divers de service, de prédication, d’organisation, de dévouement ; que nous puissions, être témoin et serviteur de réconciliation à travers le pardon de Dieu offert qui guérit et sauve du désespoir…S’émerveiller d’abord…c’est un don de l’Esprit qu’il nous faut cultiver face au jugement, au dénigrement ou au découragement. Nous risquons sinon de ne plus être chrétien, et d’oublier que nous sommes chacun et tous ensemble l’œuvre de Dieu. « C’est toi qui donnes la vie, c’est toi qui sanctifie toutes choses, qui rassembles ton peuple… en une offrande pure » prierons-nous dans quelques instants... Envoyer. Lorsque Jésus fait don de son Esprit, il nous fait un grand honneur. Il nous prend très au sérieux, en nous associant étroitement à sa propre mission. Le don de l’Esprit nous rend responsable vis-à-vis de nos frères et du monde. Il nous entraine vers les autres pour leur partager notre joie. Il nous apprend à faire avec les autres, sans imposer, mais en nous accordant les uns aux autres. Il nous rend sensible aux fardeaux trop lourds que beaucoup peinent à porter, en étant à leur côté présence aimante. Dans notre vie monastique, nous touchons souvent du doigt cet envoi, non pas aux lointains abstraits, mais à nos frères, tout proche. Notre présence, notre ouverture, notre écoute…sont autant de manière par lesquelles nous sortons de nous-même, par lesquelles nous sommes envoyés et responsables les uns des autres…
Rendons grâce maintenant unis au Christ pour ce don si gracieusement offert aujourd’hui encore.

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