Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

07 juin
année 2019-2020

Année A - Trinité - 7 juin 2020
Ex 34 4-9; 2 Co 13 11-13 ; Jn 3 16-19
Homélie du F.Hubert

Dieu est amour, nous dit st Jean. On peut formuler autrement : Dieu est don, il n’est que don. De façon surabondante. Sans rien retenir. Toujours plus. Toujours davantage.
Au risque de se perdre. Au risque de tout perdre. Lui, « la source de la vie, il a fait le monde pour que toute créature soit comblée de ses bénédictions et que beaucoup se réjouissent de sa lumière. » Et comme « l’homme s’est détourné de lui, il ne l’a pas abandonné au pouvoir de la mort ». « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Il a envoyé son Fils dans le monde pour que le monde soit sauvé. » Plus l’homme s’est éloigné de lui, plus il s’est engagé à sa recherche, jusqu’à prendre sur lui tout son mal, pour l’en libérer et déployer en lui la vie divine.

Nous avons l’immense grâce, l’immense responsabilité, de connaître le Dieu qui s’est révélé dans son long cheminement avec les hommes, depuis le souffle insufflé en Adam jusqu’au don de l’Esprit, fruit de l’Incarnation de Dieu en Jésus de Nazareth. Nous pouvons dire qu’aujourd’hui, c’est la fête de Dieu – comme chacun de nous a sa propre fête chaque année. Le jour de la fête d’un frère de communauté, d’un parent, d’un ami, d’un proche, nous regardons cet autre avec bienveillance et gratitude, voire émerveillement, plus que les autres jours de l’année, même lorsque la relation est moins facile. Est-ce incongru de nous demander si, en ce jour de sa fête, nous regardons Dieu avec bienveillance, avec gratitude et émerveillement ?
Nous disons facilement : « Dieu est amour », mais comment regardons-nous Dieu ?
Quel regard portons-nous sur lui ? Quel regard croyons-nous qu’il porte sur nous ?
Est-ce le Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité déjà révélé dans le livre de l’Exode ? Est-ce le Dieu qui nous examine, pèse nos actes, nous juge, nous punit peut-être, maintenant ou plus tard ? Dans son livre Le Dieu des abîmes, A l’écoute des âmes brisées, Isabelle Le Bourgeois, ancienne aumônière de prison et psychanalyste, pose cette question : Est-ce plus facile de penser un Dieu qui nous en voudrait, qui chercherait à nous faire tomber, que de le penser accueillant, bienveillant et doux ? Je finis par penser que la gratuité de l'amour est plus difficilement accessible que sa valeur marchande.

Contemplons le Christ en qui Dieu s’est révélé de façon définitive : Jésus, Homme-Dieu, n’est pas un homme qui s’est fait Dieu, mais Dieu qui s’est fait homme. Dieu ne s’est pas élevé, il s’est abaissé. Jésus a vécu dans notre chair ce que Dieu est dans sa divinité. Le serpent avait fait surgir dans le cœur de l’homme et de la femme le désir d’être comme Dieu. La tentation de l’homme est de s’élever par lui-même jusqu’à Dieu : ainsi la tour de Babel, ainsi le roi de Tyr ou le pharaon en Ezékiel : Il a haussé sa taille, son cœur s’est élevé avec orgueil. Notre Dieu Trinité existe et agit tout à l’inverse : Le vrai Dieu, dont nous avons reçu la révélation, est celui qui « s'est anéanti, prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, il s'est abaissé, devenant obéissant jusqu'à la mort de la croix. Dieu a fait la paix par le sang de la Croix du Christ, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. »
Dans le Christ, c’est Dieu tout entier qui s’est abaissé : « Qui me voit voit le Père ». Comme le Père s’est vidé de lui-même, se vide constamment de lui-même, pour se donner à son Fils, Dieu Trinité s’est vidé de lui-même pour se donner à ses créatures.

  Oui, Jésus, Homme-Dieu, n’est pas un homme qui s’est fait Dieu, mais Dieu qui s’est fait homme. Non seulement il s’est fait homme, mais il est mort, il est descendu aux enfers. « Il n’avait plus figure humaine », dit Isaïe. Il a tout lâché, tout perdu, tout remis. « Il ne s'est pas seulement trouvé avec les justes, il a rencontré toutes les figures humaines, des plus affreuses aux plus belles, il a séjourné avec toute l'humanité sans exception. Les abîmes ont été réellement visités par Dieu », dit encore sr Isabelle. Dieu Père, Fils et Esprit, est don, il se vide constamment de lui-même pour que l’autre existe, pour que l’autre soit aimé. C’est vrai dans l’intime de son mystère, vrai dans l’acte créateur, vrai dans l’acte rédempteur.

Isabelle Parmentier nous avait parlé d’une enseignante agacée par le Jésus de l’évangile de Jean qui se dit « la lumière du monde, la porte, le chemin, la vérité, la vie »… Peut-être n’avait-elle pas perçu que cet évangile commence par : « le Verbe s’est fait chair » et se poursuit par le lavement des pieds : le Maître aux pieds de ses disciples, plus bas que ses disciples, plus bas que nous. « Le seul Dieu supportable est celui qui descend, en bas » écrit Maurice Bellet.

Dieu n’est pas ce Dieu dominateur qui nous examine et épluche chacun de nos actes, il est celui qui se met à nos pieds pour nous faire vivre, et se donner à nous. Il nous offre sa grâce, son amour et sa communion, comme dit st Paul. Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, est pour toujours avec nous. Il n'y a pas de position de surplomb chez ce Dieu-là, il n'y a que l'être avec. Accueillons ce Dieu qui est avec nous, où que nous soyons.
« Père, je leur ai fait connaître ton nom, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec nous tous ! »

Retour à la sélection...