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HOMELIE

14 juin
année 2019-2020

Année A - Fête du Corps et du Sang du Christ – Dimanche 14 juin 2020
1ère lecture : Dt 8, 2-3.14b-16a
Psaume : Ps 147, 12-13, 14-15, 19-20
2ème lecture : 1Co 10, 16-17
Evangile : Jn 6, 51-58

Après la Fête de la Sainte-Trinité, l’Eglise nous donne de célébrer la fête du Corps et du Sang du Christ avant celle du Sacré-Coeur de Jésus. Fêtes théologiques, fêtes d’idées, qui tranchent en quelque façon dans le tissu dynamique de l’année liturgique consacrée à la célébration du Salut que Dieu a réalisé et réalise pour nous au fil de nos vies humaines.
Et pourtant avec cette fête du Corps et du Sang du Christ, la liturgie nous offre à travers les textes bibliques qu’elle nous donne à entendre, une vision très dynamique de l’Eucharistie que nous célébrons comme Mystère du Salut.

Que ce soit dans la 1ère lecture à propos de la manne et de l’eau du rocher, dans la Lettre de Paul ou dans le chapitre 6 de Jean, nulle part nous ne trouvons l’idée d’une « adoration du Saint Sacrement ». Le pain et le vin de l’Eucharistie, le Corps et le Sang du Christ livrés pour nous, ne sont pas d’abord là pour être regardés, adorés, mais pour être partagés et consommés et parfaire en nous ce que nous sommes déjà, le Corps du Christ, Eglise engagé au cœur de ce monde.
Ce peut être l’occasion de reprendre conscience de ce que nous faisons au cours de l’Eucharistie, mieux, de ce qui nous est donné dans l’Eucharistie : la présence du Seigneur au milieu de nous, la présence du Seigneur en nous, la présence du Seigneur qui nous appelle à vivre de la charité donnée par son Esprit, au service de tous dans ce monde-ci, dans l’espérance du monde à venir.
Reprenons-en les étapes au fil du rite liturgique.

En ce Dimanche, répondant à l’appel du Seigneur, nous nous sommes rassemblés dans cette église et cette assemblée que nous formons est déjà signe de la présence du Christ au milieu de nous ; « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » nous rappelle l’évangile de Matthieu (18,20) ; dans la diversité de ce que nous sommes, de nos grâces particulières, de nos ministères particuliers, nous formons déjà le Corps du Christ et le Christ est là, notre Tête, Présence réelle au milieu de nous. L’avons-nous seulement remarqué dans les premiers mots de la célébration ?!
Ensuite nous avons écouté ensemble les textes des Ecritures ; proclamés, ils sont devenus, pour chacun et pour tous, la Parole de Dieu, vivante aujourd’hui pour illuminer nos vies. Présence encore du Verbe, du Christ, au milieu de nous, et qui devait faire bruler en nous le feu de l’Esprit vivifiant, comme pour les disciples sur le chemin d’Emmaüs… si nos oreilles et nos yeux se sont ouverts pour le reconnaître par la foi !
Dans un instant, nous allons entrer dans la Grande Prière d’action de grâces, qui est « mémorial de la Mort et de la Résurrection du Christ ».
Le Christ à la dernière Cène, à travers le partage du pain et du vin a signifié le don de sa chair et de son sang, qui va avoir lieu dans sa Pâque et cette anticipation va rendre les disciples partie prenante des événements sauveurs. Pour nous, l’anticipation fait place au « mémorial », à la réactualisation, mais par ce rite nous serons, nous aussi, intégrés au don de sa vie que le Christ nous a faite. Par le don de son Corps et de son Sang, le Christ aujourd’hui veut nous livrer son Esprit et faire de nous ses frères, « fils de Dieu », qui peuvent oser dire ensemble, uns dans le Christ, la prière reçue de lui : « Abba ! », notre Père.
Ainsi par la manducation du Corps et du Sang du Christ, serons-nous vivifiés à nouveau comme fils, frères, enracinés davantage, célébration après célébration, dans son Corps, qui est son Eglise, envoyés dans le monde pour annoncer l’Evangile à toutes les nations, et d’abord au plus proches, au plus pauvres, à tous ceux qui marchent à l’aveugle vers le Salut promis et déjà donné. C’est cela le Mystère du Corps et du Sang du Christ qui est notre vie !
Mais cette efficacité du sacrement eucharistique n’est pas magique : elle ne se fait que par notre adhésion libre au don de lui-même que nous fait le Christ en nous livrant sa vie. « Nous mangeons de ce pain-là ». Ce que fait Jésus à la Pâque devient notre art de vivre, notre raison de vivre. Mais si nous célébrons l’Eucharistie, c’est parce que ce choix de l’amour ne vient pas de nous-mêmes : nous ne pouvons produire ce pain-là car il ne vient pas de la terre. Dans le langage biblique (celui du Deutéronome comme celui de l’évangile Jean), on dit qu’il « vient du ciel », c’est-à-dire de cette Présence inaccessible pour nos sens qui nous enveloppe, nous habite et nous fait exister. De la foi en cet « ailleurs » et en cet « autrement » naît l’espérance.
Et nous voici alors, en mesure d’incarner l’amour qui nous fait véritablement exister, vivre. Le pain et le vin que nous recevons, Corps et Sang du Christ, nous permettent de devenir le pain que nous pouvons à notre tour donner. Ainsi le « pain du ciel » peut devenir pain de la terre pour tous les hommes. Qu’il en soit ainsi !

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