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HOMELIE

26 avril
année 2019-2020

Année A - 3e dimanche de PÂQUES (26/04/2020)
(Ac 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1P 1, 17-21 – Lc 24, 13–35)

Il y a 15 jours, à la messe du jour de Pâques, frère Matthieu nous disait l’importance de la méditation de la Parole de Dieu pour fonder et affermir notre foi.
Ceux parmi nous qui ont eu cours d’exégèse avec lui au studium savent combien l’évangile d’aujourd’hui, Luc 24, lui tient à cœur comme modèle de lectio divina. Jésus ; le Dieu caché, enseigne qu’il se fait découvrir et reconnaître dans la méditation des Écritures. C’est la démarche pédagogique qu’effectue le Christ avec les deux disciples en route vers Emmaüs. Nous y sommes tous appelés.
Le Christ, en effet, enseigne aux deux disciples comment, à partir des Écritures (en partant de Moïse et de tous les prophètes), ils peuvent comprendre que le Christ devait souffrir pour entrer dans sa gloire, alors qu’ils sont déçus par les faits récents.
Ainsi, il est probable que le Christ, fidèle à la tradition rabbinique, a enfilé un collier de perles (c’est-à-dire un ensemble de passages bibliques) pour éclairer les deux disciples. Et cela a eu un résultat puisque les disciples reconnaissent que leur cœur était tout brûlant tandis que le Christ leur ouvrait les Écritures. Cette expérience du cœur brûlant pourrait faire référence à un texte de la tradition rabbinique où deux rabbis, enfermés dans une maison, enchaînent des colliers de citations bibliques. Les voisins, voyant la maison en feu arrivent en courant pour découvrir les deux rabbis occupés à leur partage mystique.
L’enfilement des citations produisait ce feu, signe de la présence de Dieu.
Qui de nous, en écoutant l’évangile d’aujourd’hui, n’a pas eu l’envie d’être présent, quand le Christ parlait, pour l’entendre ? Pour écouter quelles citations le Christ choisissait ? Mais est-ce essentiel ? Si saint Luc n’a pas cru bon de relever avec précision cet exercice de lectio divina christique, n’est-ce pas parce que, sous la mouvance de l’Esprit Saint habitant chaque baptisé, il est possible de faire cet exercice qui conviendra aux circonstances vécues par le croyant ? N’est-ce pas par respect de notre liberté que Dieu veut éviter qu’un texte contraignant, venant du Christ lui-même, paralyse l’action de l’Esprit en nous ? Action que Dieu veut sans doute chaque fois plus neuve. Ainsi, nous sommes tous invités à refaire nous-mêmes ce chemin de redécouverte du Christ ressuscité à partir de la Bible.
Mais la liturgie nous offre des exemples, et c’est le cas de la première lecture de ce dimanche. Pierre, en effet, pour témoigner du Christ ressuscité, utilise bien le psaume 15, chanté ensuite, pour dire qu’il était dans le projet de Dieu de ne pas abandonner son fils à la mort. Ainsi l’Ancien Testament, ici, le psaume 15, nous parle déjà du Christ, de sa résurrection. Le Christ, nous est donc réellement déjà annoncé et nous avons les clés pour pouvoir le découvrir tout autant que les premiers disciples et peut-être plus qu’eux car nous avons toute une tradition d’interprétation derrière nous.

  Ce que Pierre dit, n’est-il pas ce que le Christ a enseigné aux disciples d’Emmaüs ? Lorsque Pierre dit que David a vu d’avance la résurrection du Christ en citant le psaume « Il n’a pas été abandonné à la mort et sa chair n’a pas connu la corruption », ne reconnaît-il pas dans la Bible l’annonce de la résurrection du Christ ? N’interprète-t’il pas, à la suite du Christ, ce qui le concerne dans l’Ecriture ?
Il est intéressant de voir que dès que le Christ réalise la fraction, les disciples le reconnaissent mais qu’il disparaît alors à leurs yeux. C’est à ce moment qu’ils font mémoire de l’expérience de lectio qu’ils ont vécue et qu’ils comprennent que le Christ était avec eux et les accompagnait, puisque leur cœur était brûlant, signe de la présence de Dieu. Ils sont alors plein d’allant pour aller annoncer aux autres disciples leur expérience du ressuscité.
Quel enseignement pour nous, aujourd’hui ?
Le Christ montre bien aux deux disciples que la Bible parle de lui et qu’à partir de Moïse et des prophètes, il nous est donné de découvrir le projet de Salut de Dieu. Jésus de Nazareth a fait lui-même ce chemin, durant son ministère, et ça l’a conduit peu à peu à annoncer sa passion, sa mort et sa résurrection à ses disciples qui n’y comprenaient pas grand-chose. Dans le passage qui suit notre évangile d’aujourd’hui, le Christ, qui apparaît alors aux Onze, va reprendre cet enseignement pour leur montrer « ce qui a été écrit de lui dans la loi de Moïse, les Prophètes et les psaumes. »
Cet enseignement, notons-le, n’a pas suffi aux deux disciples d’Emmaüs pour reconnaître qui était ce compagnon de route imprévu. Ce n’est qu’à la fraction du pain qu’ils le reconnaîtront. Pourtant, ils réaliseront alors que leur cœur avait été préparé à cette découverte.

Cet évangile nous enseigne que la méditation des Ecritures, de toutes les Ecritures est à la fois un lieu de compagnonnage et de découverte du Christ. Si saint Luc en parle par deux fois à quelques versets de distance, c’est certainement qu’il en a perçu l’importance. Dans les Actes, Luc montrera Pierre à l’œuvre dans ce même travail de découverte du Christ dans la Bible. Pour nous qui sommes après la Résurrection, mais aussi après la Pentecôte, nous avons l’Esprit Saint en nous comme guide pour ce travail de recherche et de découverte. Saint luc nous apprend que cet exercice n’est pas sans lien avec la présence du Christ dans la fraction du pain.
Les médiévaux parleront de la manducation de la Parole de Dieu qui est du même ordre que la manducation du Corps du Christ.
Nous avons la chance de pouvoir vivre ces deux manducations. Qu’elles puissent nous donner un cœur brûlant dans notre vie de tous les jours. Je crois que tous, nous avons entendu de la part d’hôtes la question suivante : « Comment connaître le Christ puisque nous ne le voyons pas ? » Oui, nous ne le voyons pas, mais nous pouvons le rencontrer dans la Loi, les Prophètes et les psaumes. C’est le Christ qui nous le dit aujourd’hui. C’est le même Verbe de Dieu qui parle dans les deux Testaments. AMEN

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