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HOMELIE

11 avril
année 2019-2020

Année A - VIGILE PASCALE 12.04.2020
Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10
Homélie du Père Abbé Luc

Frères, En ces jours où nous disons volontiers que nous sommes en « guerre sanitaire », parmi les nombreuses images par lesquelles cette vigile nous fait entrer dans le mystère de la résurrection du Christ, je retiens l’image du combat. Jésus qui entraine son peuple dans le passage de la mort, pour ressusciter avec lui, est le « guerrier des combats », comme nous l’avons chanté avec le cantique de Moïse… « Fuyons devant Israël », s’étaient écrié les égyptiens, « car c’est le Seigneur qui combat pour eux contre nous ». Cette image guerrière peu sympathique à nos oreilles et à nos regards modernes peut cependant nous faire pressentir combien, dans la résurrection de Jésus, des forces d’un autre ordre sont entrées en jeu qu’on a peine à imaginer, dans un combat entre le mal et le bien, entre la mort et la vie. La mention d’un tremblement de terre dans l’évangile de Matthieu au moment de la résurrection veut peut-être nous faire pressentir ce bouleversement profond à l’oeuvre. Que ce cadavre broyé et défiguré puisse se transformer en un être de lumière, présent d’une façon qui échappe à nos sens immédiats, est inimaginable pour nous. Cela dépasse notre entendement. Le regard de la foi entrevoit quelque chose de grandiose : la puissance divine est à l’œuvre, elle fait sauter les entraves si prégnantes à nos yeux de la souffrance et de la mort. L’apocalypse a essayé d’exprimer cette réalité à travers le récit imagé d’un immense combat cosmique. Le Christ y apparait, entre autre, sous la figure d’un cavalier sur un cheval blanc. « Et, affirme l’Apocalypse, celui qui le monte s’appelle Fidèle et Vrai, il juge et fait la guerre avec justice » (Ap 19, 11). C’est Lui, le « Témoin fidèle, premier-né d’entre les morts, prince des rois de la terre » (Ap 1, 5). De cette vision de cavalier vainqueur, nous avons la chance à Auxerre d’avoir une représentation unique. Le fresquiste roman y suggère à travers les traits empreints de douceur et de force du cavalier, combien il a compris que le Christ ne pouvait avoir remporté cette immense victoire que par sa douceur et par son humilité. « Point de sceptre par quoi tu domines, sinon ta croix », chantons-nous dans une hymne pour le Christ Roi. Ce soir, nous accueillons dans la foi cette bonne nouvelle : Jésus Ressuscité règne sur la mort au prix d’un lourd et profond combat mené en ce lieu de déréliction où tant d’hommes et de femmes se trouvent encore. Avec reconnaissance, nous l’avons chanté, Lui la Lumière qui perce nos ténèbres pour leur ôter leur pouvoir générateur de désespérance. Dans la mémoire de notre baptême, nous nous laisserons entrainer par lui, à la joie d’être délivré de la fatalité du mal et du péché. Jésus, cavalier vainqueur par sa douceur, nous associe désormais à son combat, avec les armes de sa Parole et de son Esprit. Pain et vin, vraie nourriture, il se fait notre vie. Il nous unit à Lui pour qu’à travers nous son Corps qu’est l’Eglise, sa Vie de Ressuscité soit lumière et joie pour tous les hommes. Dans l’accueil d’un si grand mystère, nous rendons grâce avec reconnaissance.

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