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HOMELIE

29 mars
année 2019-2020

Année A - 5e DIMANCHE DE CARÊME – 29 mars 2020
Ez 37, 12-14 ; Ro 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45 ;
Homélie du f. Hubert -

« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. », ainsi parlent successivement Marthe et Marie. « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! », disait au chapitre 4 le fonctionnaire royal. La présence corporelle de Jésus est-elle nécessaire pour empêcher la mort de faire son œuvre ?

Mais de quelle mort, de quelle vie, s’agit-il ? Jésus a guéri le fils du fonctionnaire, il a rendu la vie à Lazare ; leur vie dans ce monde s’est poursuivie, cependant, ils ont rendu plus tard leur dernier souffle, comme tout un chacun. Leur guérison nous est donnée comme un signe, pour nous conduire au-delà d’elle-même. Les miracles de Jésus n’arrachent pas leurs bénéficiaires – ni nous-mêmes aujourd’hui – à la condition humaine. Ils ont pour but de manifester qui est Jésus, et de nous conduire à la foi en lui. C’est ainsi que Jean conclut son évangile par ces mots : « Il y a beaucoup de signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. ». « Pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. ». Dans son homélie de l’Annonciation, le père abbé nous parlait de l’hospitalité mutuelle de Dieu et de l’homme : Dieu accueilli par Marie dans notre humanité, pour que nous soyons accueillis par Dieu dans sa divinité. Ce que Jésus nous apporte n’est pas seulement une vie terrestre sans mort, mais le partage de la vie divine elle-même. « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » « Même s’il meurt » : il s’agit bien d’un au-delà de notre mort physique, terrestre. Dieu nous promet sa vie divine, pour l’au-delà de la mort, mais aussi dès aujourd’hui, comme une source vive, inépuisable, dans notre vie humaine quotidienne.

Jean témoigne de la victoire de Jésus sur la mort, et d’abord sur sa propre mort. Cette victoire ne s’accomplit que dans une confrontation totale entre le Vivant et la Mort, une confrontation que Jésus n’a pas fui. Jean souligne toute l’épaisseur et la réalité du combat de Jésus. Si à Cana, où il transforme l’eau en vin, la tristesse en exultation, son « heure n’est pas encore venue », maintenant cette heure est venue. Jésus a fui au-delà du Jourdain, car on voulait le lapider. Il sait ce qu’il risque en revenant en Judée, et il ne se laisse pas détourner de son chemin par les réactions des disciples. Le don de la vie qu’il nous offre nécessite cette confrontation totale à la Mort dans ce qu’elle a de plus absolu. Son heure est venue et il en est bouleversé. C’est bien Jésus en effet que le récit nous présente confronté à la mort, bien plus que Lazare : précédé par l’essai de lapidation, il est suivi de la décision de l’arrestation et de la mort de Jésus, avec l’intervention décisive de Caïphe. Il est aussi précédé et suivi par la mention de l’onction du Seigneur par Marie, à Béthanie, mise en lien par Jésus lui-même avec son ensevelissement. Quant au retour de Lazare à la vie, il est l’occasion immédiate de la condamnation définitive de Jésus par le grand Conseil. « Les larmes de Jésus, ce sont les larmes de Dieu devant la mort qui sépare les êtres. Ce sont en même temps les larmes de Celui qui doit consentir à l‘épreuve », écrit le p. Léon-Dufour.

« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. », « Oui, Jésus aurait pu éviter que Lazare meure ! Mais à sa propre mort, il ne peut se soustraire, il ne peut pas ne pas déposer sa vie, car tel est l’itinéraire du Fils de l’homme, tel est l’ordre que Jésus a reçu de son Père. » écrit encore le p. Léon-Dufour.

La présence corporelle de Jésus est-elle nécessaire pour empêcher la mort de faire son œuvre ? Jésus aurait pu rendre la vie à Lazare par sa seule parole, mais il a été pleinement là, dans toutes les composantes de son être, à l’agonie de Gethsémani et sur la croix ; il a été pleinement là pour porter l’absolu de la mort, du péché, de l’anti-amour. C’est parce qu’il a été là – jusque-là – que la mort est vaincue et la vie victorieuse. S’il n’avait pas été là, la mort ne serait pas vaincue. Mais il a été là, et c’est ce que nous célébrons dans chaque eucharistie, ce que nous allons particulièrement célébrer en cette Semaine Sainte 2020, où un tiers de l’humanité est confinée et où beaucoup affrontent la mort et le deuil. Le Christ ressuscité est au-delà de nos contingences de temps et d’espace. « Il n'est pas retombé en arrière mais il est ressuscité, il n'est pas revenu, il a passé outre », dit st Bernard. Ressuscité, il est là, présent à chacun en tout temps et en tout lieu Que l’épreuve nous conduise au chemin de la vraie vie, qu’elle soit pour la gloire de Dieu, pour la vie divine répandue en toute créature !

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