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HOMELIE

09 avril
année 2019-2020

JEUDI SAINT - 09.04.2020 -
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du Père Abbé Luc

Frères, Les circonstances présentes nous frustrent de la présence des hôtes mais aussi de la possibilité de vivre le geste du lavement des pieds. La prudence nous impose ces restrictions. Est-ce une fatalité à subir ? N’y-a-t-il pas aussi une grâce à recueillir ? J’en vois une assez immédiate offerte par la disposition des chaises qui entourent l’autel, comme rarement nous le vivons aussi nettement. Cette disposition nous permet de mieux méditer la parole que Jésus laisse à ses disciples en Luc dans le contexte du dernier repas, proche de celui de Jean que nous venons d’entendre : « eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » (Lc 22, 27). Dans le mémorial que nous célébrons ce soir, et en chaque eucharistie, Jésus est là au milieu de nous. Il est au milieu de nous, en l’Autel qui le représente, au milieu encore comme le Prêtre, de l’Alliance nouvelle, enfin, il est au milieu de nous comme la victime, qui s’offre pour notre salut. Comme le suggère une belle préface du temps pascal, le Christ, au milieu de nous, « est à lui seul l’autel, le prêtre et la victime » (Pref. TP. 5).
Je voudrais reprendre chacun de ces trois aspects de la présence du Christ au milieu de nous, en les distinguant, sachant qu’ils n’en font qu’un. Comme l’autel, Jésus est là « au milieu » de nous. Jésus avait prévenu ses disciples : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20). Le rassemblement des disciples en petite Eglise domestique, appelle et consacre la présence de Jésus au milieu des siens. Toutes nos prières, toutes nos liturgies sont habitées par cette présence de Jésus Vivant Ressuscité « au milieu » de nous. A plus forte raison, aujourd’hui, en ce mémorial de son dernier repas, qui anticipe sa mort et sa résurrection, Jésus se tient « au milieu de nous ». Il est heureux d’en raviver notre conscience. Le fait qu’il soit « au milieu », nous décentre de nous-mêmes. Tout converge vers lui, l’autel. Il est le lieu parfait du sacrifice. En Jésus, nous avons le seul autel qui plaise à Dieu. En Lui, l’humanité pleinement réalisée, trouve le vrai lieu du don de soi. Que nos regards convergent vers l’autel pour reconnaitre en Jésus le lieu de la véritable offrande et pour apprendre de lui à devenir nous-mêmes autel, lieu d’offrande véritable. Que nos cœurs se tournent tous ensemble vers l’autel pour y apprendre les uns avec les autres la vraie unité qui est un sacrifice d’agréable odeur rendu à Dieu. Et de l’autel, notre centre, notre rocher, nous recevrons la force et l’énergie pour nous donner à tous nos frères.
Au milieu de nous, le Christ est le Prêtre. Comme l’a si bien médité, l’auteur de l’épitre aux Hébreux, le Christ mort en croix par amour pour nous est devenu le Prêtre de la nouvelle Alliance. Si dans la première alliance, seul le grand prêtre pouvait avoir accès au sanctuaire dans le temple du Seigneur, le saint des saints, Jésus est désormais le Vrai Grand Prêtre qui a accès en son corps offert et glorifié au sanctuaire des cieux. Pour nous, il est devenu le Médiateur de l’Alliance nouvelle en son sang versé. En chaque célébration, il est au milieu de nous, Grand Prêtre de son Corps qu’est l’Eglise. Au milieu de nous, à travers la figure de l’assemblée, peuple de prêtres, présidée par un ministre ordonné au service de son peuple, le Christ Grand Prêtre poursuit son oeuvre de médiation et de salut pour nous et pour le monde, afin de nous rassembler et de nous porter tous ensemble à son Père.
Au milieu de nous, le Christ est la victime. Lui le serviteur qui a lavé les pieds de ses disciples, il s’est donné lui-même jusqu’au bout. Tel un esclave, compté pour rien, il a consenti à être bafoué, méprisé. Il s’est livré en son corps et son sang, donné et versé pour nous : vrai sacrifice qui plait à Dieu plus que tous les holocaustes d’animaux. En participant à chaque eucharistie, en particulier ce soir en cette commémoration de la Ste Cène, nous accueillons avec action de grâce et gratitude le don du salut par le Christ-victime qui s’est offert pour nous. Dans le même temps, nous nous unissons au mouvement d’offrande de Jésus. Avec Lui, nous prenons part au « sacrifice de louange pour notre rédemption et pour le salut que nous espérons ». En nous unissant à Jésus, nous apprenons à devenir serviteur comme lui de nos frères. Nourris de son corps et de son sang, nous devenons nous-mêmes « une vivante offrande à la Gloire de Dieu ».
Frères, rendons grâce d’être ainsi associé à la célébration de notre Salut. Il est grand le mystère de la foi : « Christ est parmi vous l’espérance de la Gloire (Col 1,27)».

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