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HOMELIE

15 mars
année 2019-2020

Année A - 3ème dimanche Carême – 15/03/2020
(Exode 17,3-7 ; Romains 5,1-8 ; Jean 4,1-42)
homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs, Au cours de ces 3 dimanches de Carême qui viennent, nous entendons dans l’Evangile selon St Jean, le récit de 3 rencontres décisives entre Jésus et des hommes et des femmes ordinaires, qui auraient pu être nous. Rencontres merveilleuses et déroutantes tout à la fois. Déroutantes, parce qu’elles font changer de route celle ou celui qui en a été le bénéficiaire, mais déroutante aussi, par le fait que tout ne s’est pas passé comme on aurait pu le prévoir. Je pense ici au titre d’un livre de votre ancien évêque, chers amis de l’hospitalité de Nevers : le Père Francis Deniau : « Jésus, un ami déroutant ».
Les lieux de ces rencontres sont importants. Au bord d’un puits pour la samaritaine, d’une piscine pour l’aveugle-né, ou d’un tombeau pour Lazare et ses sœurs Marthe et Marie. 3 lieux hautement symboliques dans la Bible, car ils sont des symboles de vie, de guérison ou de mort.
Aujourd’hui nous voyons Jésus près du puits de Jacob. Il est fatigué, après une longue marche, accablé par le soleil de midi. Il a soif, un besoin très naturel, très incarné et il en fait part à une femme : « donne moi à boire, toi qui peux me venir en aide avec ta cruche et ton savoir-faire de puiser l’eau. S’en suit alors une longue conversation entre les deux. La femme a une 1ère réaction d’étonnement : « toi, un juif, tu me demandes de l’eau, à moi, une samaritaine ». Elle cherche ensuite à maîtriser l’échange un peu par séduction un peu par provocation : « tu n’as rien pour puiser et le puits est profond. Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits et qui en a fait boire l’eau à ses fils et à ses bêtes ? »
Très vite pourtant, nous assistons à un retournement de situation. La soif change de côté. Au cœur de l’échange, la samaritaine va découvrir en elle une soif qu’elle n’avait jamais connue auparavant. Prisonnière de ses besoins tant affectifs et corporels (besoin d’aimer et d’être aimée, en passant d’un homme à un autre par 5 fois, voire 6), que besoins religieux et spirituels d’adorer Dieu, mais sur quelle montagne : celle de Samarie qui est là, ou celle de Judée à Jérusalem ? Jésus va la libérer de ses besoins insatisfaits, en la faisant accéder à un désir plus profond, plus intérieur. Son cœur en effet est en attente et en capacité de recevoir une eau vive dont la source est l’Esprit Saint, Esprit d’amour et de vérité.
Comme nous le chanterons dans la Préface de ce jour : « en demandant à la samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d’éveiller la foi dans son cœur qu’il fit naître en elle l’amour même de Dieu ».
Ces mots de la Préface à la prière eucharistique consonnent pleinement avec ceux que Saint Paul adressait aux chrétiens de Rome dans la seconde lecture que nous avons entendue : « l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
Frères et sœurs, cette femme de Samarie est la figure de notre humanité livrée à elle-même, trop souvent victime de son désordre qui la conduit à ces impasses que sont les faillites conjugales et affectives ou à ces errances spirituelles qui sont autant de détresses religieuses. Une humanité en état de soir inextinguible, empêchée d’atteindre la plénitude de l’amour pour laquelle elle a été créée et dont la nostalgie la fait mourir de soif.
C’est là que Jésus nous attend pour confesser notre soif d’amour et de vérité. L’eau vive qu’il promet à la samaritaine et qu’il nous promet à chacune, chacun d’entre nous aujourd’hui, c’est l’Esprit Saint qui s’écoulera de son côté transpercé sur la Croix, quand Il criera une nouvelle fois avant de mourir : « j’ai soif ». Au début et au terme de son évangile, le disciple bien-aimé rappelle cette soif, ce grand désir de Jésus de communiquer son amour divin pour tous les hommes.
Alors, avec nos frères et sœurs en démarche de catéchuménat, lors de ce premier scrutin, faisons-monter vers le Seigneur les paroles du Psalmiste : « Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée, éprouve-moi, tu connaitras mon cœur. Conduis-moi sur les chemins d’éternité. Comme un cerf altéré qui cherche l’eau vive, mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant ».
Et j’aimerais aussi pour terminer vous citer quelques vers d’un grand poème composé par une mystique allemande du Moyen Age : Gertrude de Helfta :
« En Toi, Cœur de Jésus, en Toi mon Cœur se réfugie
, - Notre monde se meurt, notre monde Te perd,
- Notre monde pourtant Te cherche tant il a soif de Toi.
En Toi, Cœur de Jésus, en Toi, j’apaise ma soif,
- Le monde se dessèche car il est sans amour.
- Le monde a soif d’amour, mais il ne le sait pas.
Alors, je viens à Toi, Jésus, dans ton Cœur je me réfugie.
- Ton Cœur si plein d’Amour et de Miséricorde.
Alors, je viens vers Toi, la Source de l’Amour.
- La Source de la paix,
- Et tes fleuves d’eau vive, en apaisant ma soif.
- Me comblent de ta Vie ».

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