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HOMELIE

08 mars
année 2019-2020

Année A - 2° Deuxième dimanche de Carême, 8 mars 2020
Gen 12 1-4 ; 2 Tim 18-10 ; Mt 17 1-9 ;
Homélie du F.Bernard

Nous débutons chaque année les dimanches de Carême par deux Évangiles certainement pleins de sens, mais aussi bien mystérieux. Nous ne sommes jamais sûrs d’avoir commencé à les comprendre vraiment. D’abord le récit de la tentation du Seigneur dans le désert, le 1er dimanche : il nous a parlé de la profondeur du mal, bien présent en nous et dans le monde. Puis le récit de la transfiguration de Jésus sur la montagne, ce 2ème dimanche : il ravive en nous l’espérance d’avoir part un jour à la gloire de Dieu.
Six jours après, ainsi commence ce récit. Mais ces premiers mots n’ont pas été retenus par la version liturgique que nous venons d’entendre. Six jours après quoi ?... Après ce moment d’exception où Pierre pour la première fois, au nom des Douze, à Césarée a confessé Jésus, Christ, Fils du Dieu vivant. Puis à la suite, comme en réponse, Jésus a annoncé, aussi pour la première fois, qu’il allait monter à Jérusalem, être rejeté par les autorités religieuses de son peuple, souffrir sa Passion et le troisième jour ressusciter. Mais cela, Pierre l’a refusé net : Non, Seigneur, cela ne t’arrivera pas.
Six jours après donc, Jésus monte sur une haute montagne et emmène avec lui trois disciples, trois seulement, Pierre, Jacques et Jean, ceux qu’il a voulu associer plus étroitement à sa destinée d’épreuve et de gloire. Ils seront aussi avec lui lors de sa prière à Gethsémani, juste avant sa Passion.
Sur la montagne, le visage de Jésus resplendit de gloire, et la présence à ses côtés de Moïse et d’Élie manifeste qu’il est bien le Oui des promesses de Dieu, l’accomplissement de la Loi et des prophètes, le Messie qu’attendait Israël.
Ainsi la transfiguration vient-elle confirmer de la part de Dieu la confession de foi que Pierre avait faite à Césarée. Moment de plénitude donc que Pierre bien sûr voudrait faire durer. Il propose de construire trois tentes, une pour chacun des interlocuteurs de la vision, à l’instar de la tente de réunion où au désert Dieu venait rencontrer Moïse.
Mais ce moment de gloire ne peut durer. La nuée, d’ombre et de lumière, qui déjà au désert manifestait la présence de Dieu fait place à la vision. Puis, de la nuée, une voix se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le.
Écoutez quoi ? Précisément ce que Pierre trois jours auparavant avait refusé d’entendre, l’annonce de la Passion- Résurrection du Seigneur. Ainsi la transfiguration vient-elle confirmer le passage nécessaire de la croix pour Jésus. Et la croix est le chemin obligé vers la Gloire.
Mais peut-être pouvons-nous continuer à contempler le Seigneur sur la montagne, en faisant appel au quatrième évangile ? Celui-ci repose en particulier, nous le savons, sur le témoignage du disciple que Jésus aimait, sans doute l’un des trois disciples qu’il avait emmenés sur la montagne, l’apôtre Jean. Au pied de la croix, ce disciple a vu jaillir l’eau et le sang du côté transpercé de Jésus. Il s’est alors rappelé la parole du prophète : Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé (Za 12, 10), et encore ce que le Seigneur avait dit : élevé de terre, j’attirerai tout à moi (Jn 12,32). Il a compris qu’à Pâques la croix devenait le lieu de la gloire du Seigneur, le lieu où il nous est donné de le voir siégeant à la droite du Père.
Saint Paul ajoutera : contemplant comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image toujours plus glorieuse (2 Cor 3,18). Ainsi la transfiguration du Seigneur révèle-t-elle notre propre destinée, comme nous le chantions au début de cette eucharistie : Jésus, Splendeur du Père, tu connaîtras la mort pour nous transfigurer.

Mais nous n’avons encore rien dit des deux premières lectures de la liturgie de ce jour. Elles sont pourtant bien importantes, surtout la première, le récit de la vocation d’Abraham (Gn 12, 1-4), qui inaugure en quelque sorte l’histoire sainte, l’histoire des relations du Seigneur avec son peuple, l’aventure de l’Alliance. La vie d’Abraham, c‘est une vie de renoncement, d’épreuve, mais aussi une promesse d ‘avenir inouïe. Dieu lui dit : Tu deviendras une bénédiction. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. Et saint Paul d’ajouter : en toi et en ta descendance, c’est-à-dire le Christ (Ga 3,16). Dans la destinée d’épreuves et de bénédictions du patriarche, se dessine déjà la Passion du Seigneur et sa Résurrection en gloire.
Il en va de même pour nous tous de quelque manière. C’est ce que laissait entendre saint Paul à son disciple Timothée : il nous faut prendre part aux souffrance du Christ pour l’annonce de l’Évangile, afin que resplendisse la vie et l’immortalité dan l ’annonce de ce même Évangile ( cf 2 Tm 1, 8b-10). - 8mars 2020

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