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HOMELIE

02 février
année 2019-2020

Présentation du Sgr (02/02/2020)
(Ml 3, 1-4 – Ps 23 – Hb 2, 14-18 – Lc 2, 22–40)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, Il y a donc 40 jours, nous fêtions la Nativité du Seigneur, la Noël, et ce dimanche 2 février, avec la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, nous concluons ce cycle inauguré par Noël. Nous ont été présentés plusieurs aspects de la venue du Christ parmi les hommes. Sa manifestation aux bergers, aux Mages païens venus d’Orient (l’Epiphanie), son baptême inaugurant sa vie publique, mais aussi la sainte famille de Jésus, Marie et Joseph, ainsi que la fête de Marie, Mère de Dieu le 1er janvier. La liturgie nous a donc présenté de façon variée cette incarnation du « Verbe de Dieu qui s’est fait chair et a habité parmi nous » comme le proclamait l’évangile de la messe du jour de Noël.
Les premiers dimanches du temps ordinaire étaient eux aussi marqués par cette manifestation de Dieu aux hommes. Sortis du temps de Noël, nous sommes restés néanmoins dans son rayonnement. Ainsi, il y a 15 jours, l’évangile du 2e dimanche ordinaire, faisait dire à Jean le Baptiste : « Moi j’ai vu et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » L’évangile de dimanche dernier, lui, parlant du choix par Jésus des premiers disciples, rappelait cette belle prophétie d’Isaïe entendue la nuit de Noël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». Christ Fils de Dieu, Christ révélé aux marginaux du peuple d’Israël (les bergers) et même aux païens, Christ, Verbe fait chair, Christ Fils de Marie, Christ, lumière dans les ténèbres. La liturgie n’en finit pas de nous ouvrir au mystère de Jésus. Mystère insondable, il est vrai.
Aujourd’hui, 40 jours après le 25 décembre, l’Eglise célèbre donc la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem. Après 40 jours en effet, la famille juive pieuse présentait son fils premier-né au Temple pour le consacrer au Seigneur et le racheter par un sacrifice offert. Ainsi nous est révélé la condition pleinement humaine de Jésus. Il a vécu ce que vivait tout enfant juif de son temps et de son lieu. Cette consécration de Jésus au Temple est la raison pour laquelle l’Église a choisi ce jour pour en faire la journée de la vie consacrée.
Mais voilà que Siméon et Anne surviennent, le premier, pour révéler aux parents assez stupéfaits, il faut bien le dire, que leur fils est le salut préparé à la face des peuples et la lumière qui se révèle aux nations. Quant à Anne, elle proclame les louanges de Dieu et parle de l’enfant à tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem, entendez qui attendent le Messie libérateur.
Frères et sœurs, en quelques semaines, la liturgie nous a nourris de manière extraordinaire. Nous avons fêté le Christ lumière alors que nous étions au cœur des nuits les plus longues de l’année, autour de Noël, et nous fêtons encore en ce jour le Christ lumière des nations, Messie libérateur, alors que les journées croissent de plus en plus et que, déjà nous espérons le printemps et le renouveau de la nature. Et, de fait, l’évangile d’aujourd’hui, nous oriente déjà vers la Passion et donc vers Pâques. Siméon, en annonçant à Marie que son fils serait un signe de contradiction et qu’un glaive traverserait son âme, annonçait déjà le Mystère pascal. L’enfant de la crèche et le crucifié ne font qu’un, nous le savons, et les lectures de ce jour complètent ce que nous avons déjà entendu depuis Noël et qui peut nourrir notre regard sur le Dieu de Jésus Christ et le Christ lui-même. La première lecture nous a parlé de la venue du Seigneur dans son Temple. Venue sous un aspect assez fort : feu du fondeur, lessive du blanchisseur qui ne détruisent pas mais purifient pour pouvoir présenter l’offrande en toute justice. Le psaume qui suit, dans la même ligne, marque une réelle solennité de cette venue : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles, qu’il entre le roi de gloire, c’est le Seigneur, le fort, le vaillant, … »
Quant à la seconde lecture, extraite de la lettre aux Hébreux, elle nous oriente franchement vers la Passion et la Pâques en donnant le sens du Mystère pascal. « Parce que le Christ a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve. En effet, par sa mort, Jésus a rendu libres ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. »
Déjà, cette seconde lecture nous montre une victoire bien moins triomphale que ce que notre vision spontanée de la toute-puissance de Dieu nous aurait fait espérer. Pas de triomphe claironnant mais un Christ qui va affronter la mort et quelle mort, comme tout autre homme. La victoire du Christ passe d’abord par une défaite apparente. Et ce que nous voyons lors de la Passion, nous le retrouvons en quelque sorte dans la Présentation du Seigneur. Quand on y réfléchit un peu, ce n’est pas rien l’entrée du Fils du Père dans le Temple du Seigneur. Dieu rencontre Dieu. Et pourtant, cela se fait dans une simplicité désarmante. Pas de grande cérémonie mais le rituel habituel pour tout enfant juif premier-né. Purification de Marie selon la Loi mais dont on nous dit encore moins. C’est simplement évoqué. Et que dire de l’offrande (deux tourterelles) qui est l’offrande des pauvres, les riches pouvant offrir un taureau. Nous retournons à la simplicité de la crèche. Les témoins ne semblent être que deux vieillards dont une veuve, femme dont la destinée a été brisée et qui a dû vivre une vie bien pénible, sans la protection d’un mari. Mais elle était toute tournée vers Dieu dans le jeûne et la prière, comme Siméon était à l’écoute de l’Esprit Saint. Pas de grande foule donc, pas de cohortes de prêtres et de lévites, pas de prince pour accueillir le Messie. Mais deux pauvres d’Israël dont l’un a le culot d’annoncer, dans la ligne du prophète Isaïe, que cet enfant est le Salut non seulement pour Israël mais pour toutes les nations.
Frères et sœurs, la célébration d’aujourd’hui est sous le signe de la lumière. Nous l’avons vécu particulièrement lors de l’ouverture de cette célébration. C’est le Christ lumière pour tous les peuples que nous sommes venus rencontrer. C’est aussi un enfant fragile, c’est aussi un enfant qui ne sera reconnu comme le Messie, le Salut du monde que par deux marginaux de la société du temps et non pas par la hiérarchie religieuse ou politique.
Nous sommes ainsi confirmés par les lectures d’aujourd’hui dans cette réalité que Dieu, le Tout-Puissant, le créateur de tout ce qui existe, l’au-delà de tout et de tous, se révèle dans la pauvreté, la simplicité la plus radicales et ce ne sont que ceux qui sont pauvres de cœur (même s’ils sont mages) et ceux qui sont ouverts à l’imprévu de Dieu qui peuvent l’accueillir. Voilà la veille que Dieu nous demande : garder un cœur de pauvre avide d’accueillir la nouveauté incroyable du Dieu qui se fait homme, qui vit une vie d’homme dans toute sa simplicité. Nous rêvons de succès de réussite, d’efficacité, même au niveau spirituel, mais, pour accueillir le Seigneur pour le reconnaître lorsqu’il se présente, ne convient-il pas d’être d’abord des personnes acceptant leur pauvreté tout en se tournant vers le Seigneur qui seul peut nous enrichir ? N’est-ce pas la foi inconditionnelle en ce Dieu déroutant qui est nécessaire ?
Fête de lumière, Chandeleur, que les textes de ce jour et la célébration que nous vivons nous orientent vers l’accueil du Seigneur, le Tout-Puissant qui, pour nous libérer, s’est fait semblable à nous pour souffrir jusqu’au bout sa Passion. La Naissance du Seigneur nous oriente déjà vers sa Pâque. Orientons nos cœurs à sa suite en suivant son enseignement de dimanche en dimanche.
AMEN

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