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HOMELIE

15 décembre
année 2019-2020

Année A -3e dimanche AVENT - (15/12/2019)
(Is 35, 1-6a.10 – Ps 145 – Jc 5, 7-10 – Mt 11, 2–11)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, La liturgie de ce dimanche nous oriente nettement vers la fête de Noël, la naissance du Christ. Le chant d’entrée, la première lecture ainsi que le psaume sont bien dans le thème de l’espérance et de la joie. La prière d’ouverture nous tourne également vers la naissance du Christ. Pourtant la seconde lecture indique qu’il faut être patient et même ne pas gémir les uns contre les autres. Tout n’est pas idéal dans le meilleur des mondes !
Quant à l’évangile, on y lit sans peine le désarroi de Jean-Baptiste. Il avait annoncé – c’était dimanche dernier – un Messie qui mettrait la cognée à la racine des arbres et tout arbre qui ne produirait pas de bon fruit serait coupé et jeté au feu. Il annonçait également un feu qui ne s’éteint pas. Nous savons le succès qu’a eu cette image dans les représentations ultérieures de l’Enfer.
Or, ce n’est pas ce genre de Messie qui se présente. Jean est troublé et doute. Il en arrive même à faire demander publiquement à Jésus s’il ne faut pas attendre quelqu’un d’autre, c’est assez audacieux mais témoigne sans doute de son grand désarroi !
Le Christ répond à partir d’une citation du prophète Isaïe qui est proche, dans son esprit, de la première lecture de ce dimanche (salut des aveugles, des sourds, des boiteux), proche aussi du psaume chanté tout à l’heure : les pauvres et les accablés sont sauvés.
Ceci dit, il faut bien constater que Jésus confirme le ministère de Jean, son envoi par Dieu, le considérant comme étant bien plus qu’un prophète tout en signalant que le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui.

Que tirer de ces textes aujourd’hui ? La richesse de ces textes est immense et je ne vais vous proposer qu’un axe parmi les nombreux possibles.
Cet axe c’est que Dieu ne se présente pas nécessairement de la manière où nous l’attendons. Mieux, il aime à nous faire grandir en liberté et détachement en se présentant autrement que nous pourrions le concevoir. Nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une représentation de Dieu, des attentes à son égard et c’est normal. Mais le risque, c’est de croire que notre regard est le seul vrai, que nous possédons la Vérité sur Dieu.
Cette tentation, même Jean Baptiste l’a connue. Il pouvait, certes, s’appuyer sur des textes de la Bible parlant de la colère de Dieu, voire de sa fureur, cela existe en effet. Mais il n’a pas retenu les textes annonçant les temps messianiques comme un temps où les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Il a privilégié les textes menaçant les impies des pires punitions. D’où son désarroi devant le Christ qui ne correspond pas à son attente.
Nous pourrions regarder Jean Baptiste avec pitié mais quelle est notre conception de Dieu ? Nous laissons-nous interpeller par les textes bibliques qui ne correspondent pas à notre vision de Dieu ? Savons-nous nous laisser interpeller dans nos modes de vie par la Parole de Dieu ?
En effet, ne nous est-il pas plus spontané d’envisager un Dieu juge qui punit plutôt qu’un Dieu qui vient en aide aux pauvres, aux opprimés, ce qui exigerait alors de nous engager à ses côtés ? En effet, si Dieu vient en aide aux plus pauvres, alors, ne devons-nous pas faire de même si nous prétendons marcher à sa suite ?
Marqués par l’individualisme ambiant, peut-être est-il plus attrayant pour nous d’assurer notre Salut comme on dit encore parfois. Nous nous battons alors pour éviter les flammes dont parle Jean Baptiste plutôt que de nous battre contre les mécanismes qui entretiennent la pauvreté d’une large part de nos contemporains à notre bénéfice.
Je ne veux bien sûr pas faire ici le procès de Jean-Baptiste, il a donné sa vie en témoignant de l’appel à la conversion pour lequel Dieu l’avait envoyé. Il peut être rassurant de savoir que même lui a pu se tromper, douter… Ne jamais se tromper n’est pas une exigence de Dieu pour nous. Le Christ n’est pas venu pour les parfaits mais pour ceux qui ont besoin de conversion et Jean Baptiste a dû, lui aussi convertir son regard.
Frères et sœurs, nous sommes dans une période de crise, on nous le dit assez. Nous percevons bien la fin d’un monde où nous n’étions peut-être pas si mal et l’avènement d’un monde nouveau dont nous ne savons pas trop ce qu’il sera et c’est inconfortable. Il me semble que de plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’une remise en cause d’une société où les gagnants ne se préoccupent pas trop des autres. Pourtant, la Bible, Ancien et Nouveau Testament, est très claire sur ces points. Le pape François met la barre assez haut sur ce sujet et nous exhorte à reconsidérer nos habitudes de gaspillage ou d’indifférence aux cris des pauvres.
C’est à l’avènement du Royaume que nous sommes appelés à collaborer et ce n’est pas simple car tout est à inventer. C’est pourtant à cela que l’Esprit Saint nous invite. Le Christ répète souvent que le Royaume est là au milieu de nous. A nous de nous laisser guider par l’Esprit pour trouver les initiatives qui réaliseront concrètement les désirs de Dieu pour notre monde. Non pas désirs de punition et de vengeance dans les flammes, mais désirs de salut pour tous et en particulier pour les plus déshérités. Dans la première lecture Isaïe parlait de vengeance, de revanche de Dieu mais la suite du texte nous dit que cette revanche, c’est de nous sauver, rendre la vue aux aveugles, ouvrir les oreilles des sourds, la bouche des muets, etc… nous sommes loin de nos basses vengeances humaines.
Accueillons un Dieu autre que nous, convertissons notre regard comme Jean a eu à le faire. Alors, la joie de la liturgie de ce dimanche sera la nôtre. - AMEN

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