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HOMELIE

20 octobre
année 2018-2019

Année C- 29e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (20/10/2019)
(Ex 17, 8-13 – Ps 120 – 2 Tm 3, 14 – 4 , 2 – Lc 18, 1–8)
Homélie du F.Jean-Louis

« Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Ecritures (la Bible) : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Toute l’Ecriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien. »
Fort bien, en soi, nous pouvons être tous d’accord avec ce qu’écrit saint Paul à Timothée. Pourtant, j’imagine sans peine que la première lecture a pu vous laisser une impression de malaise, voire de révolte. Qu’est-ce que c’est que ce Dieu qui soutient son peuple dans une bataille qui se termine finalement par un massacre où les Amalécites, qui ne faisaient peut-être que défendre leur territoire, sont passés au fil de l’épée ? Est-ce-là l’idéal de l’homme de Dieu « équipé pour faire le bien ? » Notre malaise redoublera si nous connaissons un peu l’histoire de l’Eglise où l’on n’a pas manqué d’utiliser ce genre de texte pour mener des guerres dites saintes et autres croisades. Peut-on vraiment dire que toute l’Ecriture est inspirée par Dieu ? Et si oui, quel est ce Dieu qui ordonne ou au moins permet de telles horreurs ?
La question est sérieuse et beaucoup abandonnent la lecture de la Bible à cause de cela. Au mieux, on se replie sur le Nouveau Testament où là au moins on parle d’amour et d’aimer ses ennemis, quitte à faire des entorses dans nos relations par rapport à ce commandement si exigeant du Christ. Le problème c’est que nous risquons alors d’avoir une foi aseptisée, hors du réel qui se trouvera très vite prise en défaut face à la violence de notre monde. Alors, il ne restera qu’à abandonner ce Dieu décidément pas à la hauteur.

Que faire ?
Eh bien, d’abord redescendre sur terre si je puis dire. C’est ce que Dieu a fait en se révélant à son peuple dans le premier Testament. La première lecture est témoin que Dieu n’est pas un naïf, un doux vieillard barbu un peu bonasse et déconnecté de notre réalité si sérieuse, elle.
Quand Dieu se révèle, il prend l’humanité telle qu’elle est, il l’accepte telle qu’elle est, Il n’attend pas qu’elle soit parfaite pour lui parler. Et, de fait, la première lecture témoigne d’une humanité extrêmement violente, où il n’y a pas de choix : il faut se battre pour survivre. Oh ! Bien sûr, ça n’existe plus aujourd’hui ! La barbarie, c’est pour hier ! Vous êtes-vous renseigné sur ces armes actuelles géniales où des obus contiennent des billes de verre qui, une fois pénétrées dans la chair, sont absolument impossibles à repérer par le chirurgien ? Grand progrès par rapport aux éclats métallique trop visibles, eux ! Et il y a certainement plus terrifiant.
Ne soyons pas nous-mêmes naïfs sur notre époque. Nous savons bien faire dans la violence et dans l’horreur !
Or Dieu, parle à l’homme tel qu’il est et il parle à l’homme violent, il prend en compte cette violence et si cela nous choque, c’est que, justement, après 2000 ans de christianisme, nous avons évolué et ne pouvons plus accepter un Dieu qui intervient directement dans les guerres humaines. Le Christ et son enseignement sont passés par là. Mais il a fallu d’abord, que Dieu s’abaisse au niveau de l’homme pour se faire entendre. Commence alors un long, très long chemin d’enseignement qui aboutira au : «moi je vous dis (c’est le Christ qui parle) : aimez vos ennemis ! Priez pour ceux qui vous persécutent !» Ainsi, il ne faut pas prendre un texte de la Bible séparément du reste et l’absolutiser car il peut se trouver contredit par un autre texte qui marque l’évolution de l’enseignement du Seigneur. Si, pour survivre, le peuple de Dieu a dû se battre, par la suite, Le Seigneur lui-même enseignera à ses disciples l’amour des ennemis. Et le « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est déjà présent dans l’Ancien Testament.
Ainsi donc, la pointe de la première lecture n’est pas la bataille. Le lien fait par la liturgie avec l’évangile montre qu’un des points communs des deux lectures est la prière, le fait que Dieu écoute la prière intense et persévérante, la prière qui se fait dans la confiance, voire avec une certaine violence (la veuve qui assomme le juge injuste). Certes, il ne s’agit pas d’assommer physiquement, mais quand même…
Le psaume vient nous conforter en disant que le secours vient du Seigneur, qu’il ne dort pas (même si nous pouvons avoir parfois l’impression du contraire), qu’il se tient près de nous (nous pourrions dire aussi en nous) et qu’il garde notre vie. Mais attention, là surgit un autre piège, considérer Dieu comme un distributeur automatique de cadeaux, de gâteries. Et si nous n’obtenons pas ce que nous voulons, nous nous adressons ailleurs. Notre société de consommation a tout ce qu’il faut pour nous donner l’illusion de combler nos besoins, nos désirs… Si la terre a porté un priant, c’est bien le Christ, le Fils du Père. Dieu qui s’est fait homme pour partager la vie humaine telle qu’elle est. Et si nous regardons la vie du Christ, le priant par excellence, nous devons bien constater que sa vie a été tout sauf un long fleuve tranquille. Si, au début il connaît le succès auprès des foules par ses miracles, très vite viennent les oppositions et les abandons et, finalement, à la croix, il ne restera plus grand monde sinon quelques femmes, quantité négligeable à l’époque. Et pourtant le Christ a prié son Père, il n’a cessé de le faire. Et la réponse n’est pas venue nécessairement de son vivant. Il est pourtant resté fidèle contre les apparences. Et même si, sur la croix, il est tenté de croire que son Père l’a abandonné, au moment de mourir, il remet son esprit au Père, confiant que le Père lui répondra, et c’est ce qui est arrivé. Frères et sœur, la foi en Christ ne nous évite pas les difficultés, les malheurs de la vie. Elle n’est pas magique. Elle est confiance en un Dieu qui intervient dans notre vie mais pas à la demande. La première chose à faire avant de prier, c’est de se rappeler les moments de notre vie où Dieu est intervenu. A première vue, nous pouvons avoir l’impression qu’il n’y en a pas mais si nous prenons le temps de relire nos vies (et cela suppose de couper un moment nos téléphones portables et nos tablettes), nous découvrirons tous des évènements dans nos vies où nous pourrons dire « Dieu était là, et je ne le savais pas ! ». Alors, la confiance pourra naître en nous. Pas une confiance naïve ou magique mais une confiance réelle. Essayez et vous verrez. Alors, nous pourrons comprendre que Dieu ne répond pas toujours de la manière dont nous voudrions qu’il réponde mais que sa réponse est finalement bien plus riche à long terme que ce que nous-mêmes nous désirons.
Et c’est de ce Dieu-là que nous avons à témoigner. Non pas d’un Dieu qui nous maintiendrait dans une dépendance à force de cadeaux mais d’un Dieu qui suscite notre liberté, notre responsabilité. D’un Dieu qui nous veut adultes en relation authentique avec lui, et cela demande parfois de faire le siège dans la prière mais toujours dans la liberté de la confiance. Sa réponse sera la bonne !
Ce n’est pas facile de faire confiance, surtout dans un monde où les trahisons ne manquent pas. Mais si nous faisons confiance à Dieu, et cela peut-être exigeant, nous découvrirons que le Dieu dont il nous est demandé de témoigner est un Dieu d’amour authentique qui libère et ne rend pas esclave. Un Dieu qui rend heureux, même dans la souffrance et la contradiction, car c’est un Dieu qui ouvre toujours à l’espérance. Rien n’est jamais définitivement perdu pour Dieu. Osons témoigner de ce Dieu autour de nous. Non pas pour imposer une doctrine mais pour témoigner d’un Dieu révélé par Jésus Christ qui nous ouvre à l’amour authentique et rend vraiment heureux, quoi qu’il arrive. Saint Paul nous le disait tout à l’heure : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. » C’est à cela que nous encourage également le pape François dans ce mois missionnaire extraordinaire. Puissions-nous trouver les mots et les gestes pour partager cette Bonne Nouvelle. Car tous, nous pouvons être missionnaires. C’est ce que le Christ demande à tous les baptisés. - 20 octobre 2019
AMEN

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