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HOMELIE

11 juillet
année 2018-2019

11 Juillet 2019 - SAINT BENOIT
(Pr 2, 1-9 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a)
Homélie du P.Abbé Luc

Frères et sœurs, « Heureux »…. ce mot vient de résonner 8 x dans nos oreilles. Nous pouvons y entendre le désir de Jésus que nous soyons des hommes et des femmes heureux, heureux d’un bonheur qui ne finira pas, heureux d’un bonheur qui, comme nous l’entendions hier soir, n’a pas sa source sur cette terre…Car il est pur cadeau de Dieu, partage de sa vie et de sa gloire en surabondance. Ce cadeau peut-il être autre chose que le bonheur de Jésus lui-même ? Aussi est-il bon de laisser ce mot, comme une promesse, habiter notre cœur, alors que la tristesse, le découragement, l’angoisse peut-être y rôdent. En nous laissant ce mot, Jésus ne nous fait pas inutilement rêver. Mais il nous entraine sur le chemin de son propre bonheur, chemin qu’il vient tracer au cœur de notre histoire humaine troublée. Lui seul peut dire en vérité « heureux ceux qui pleurent, ceux qui sont persécutés… » lui qui connaitra la douleur de l’échec, de la trahison et la croix. De lui seul, nous pouvons apprendre le bonheur des doux, des miséricordieux, des pauvres de cœur…, lui qui a su se faire si proche de tous, avec empressement et compassion. Avec Jésus, le bonheur du ciel a déjà pris figure humaine. Le regarder vivre, l’écouter, le suivre de près, c’est assurément prendre le chemin du bonheur afin qu’à notre tour il nous transfigure. A la suite de Jésus, nos vies pourront alors laisser entrevoir ce bonheur à venir.
N’est-ce pas ce que St Paul disait aux Colossiens ? « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous avez été sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience »… Depuis notre baptême, depuis ce cadeau qui nous a été fait d’être choisis, sanctifiés et aimés, un vêtement est à notre disposition. C’est le vêtement du Christ Lui-même, le vêtement de la créature nouvelle… vêtement de tendresse, de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience… Ce vêtement n’a pas été tissé par nos mains, mais par celles du Christ clouées sur la Croix. Comme baptisé, il nous revient de le revêtir en nous unissant toujours davantage au Christ… « Tout ce que vous faites, tout ce que vous dites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus ». De lui seul Jésus, nous pouvons apprendre à être à l’aise dans ce vêtement, en pardonnant comme il nous a pardonné, en laissant régner la paix entre nous. Car ce vêtement, le gage sur cette terre du bonheur du ciel, est inséparablement vêtement de chacun et vêtement du corps tout entier de la communauté. C’est ensemble que nous revêtons la tunique du Christ, le Christ lui-même.
N’est-ce pas cela aussi que nous enseigne St Benoit ? Au terme, de sa règle, il nous dit « ils ne préfèreront absolument rien au Christ. Qu’il nous fasse parvenir tous ensemble à la vie éternelle » (RB 72, 11-12). Petite cellule du corps de l’Eglise, notre communauté monastique apprend jour après jour à revêtir le vêtement du Christ…vêtement si délicat qu’il requiert de notre part à tous et à chacun, une délicatesse et un soin sans cesse à reprendre. Car nous sommes chacun et tous ensemble comme ces personnes qui ont un bras cassé et une jambe handicapée, et qui doivent enfiler une chemise et un pantalon…. Là où le bras voudrait aller trop vite pour s’habiller, il doit se souvenir que sa jambe a mal aussi. Cela prend du temps, cela demande de la patience, de l’humour, de l’ingéniosité…. Dans nos derniers échanges, nous nous demandions comme mieux vivre la correction et l’entraide fraternelle ? Un vrai défi tant nous sommes différents, marqués par nos tempéraments et par nos histoires. « Instruisez-vous, reprenez-vous les uns les autres nous dit Paul ; « obéissez-vous à l’envie, ne cherchez pas votre intérêt » nous dit St Benoit… C’est un travail permanent d’attention et de vigilance. Travail éprouvant certains jours, travail aussi qui trouve sa force et sa lumière dans le regard commun tourné vers le Seigneur. Tous ensembles, nous le chantons et le louons comme notre Père et notre Seigneur. Tous ensembles nous recevons déjà les prémices de ce bonheur qu’il nous promet… comme le vivons maintenant en cette eucharistie. 11 juillet 2019

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