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HOMELIE

29 septembre
année 2018-2019

Année C - 26e DIMANCHE TO – 2019 09 29
Amos 6, 1.4-7 Ps 145 1 Tim 6, 11-16 Lc 16, 19-31
Homélie du F.Hubert

Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare.

Cette parabole est une illustration parfaite du chapitre 25 de st Matthieu : J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé. Allez-vous-en loin de moi, dans le feu éternel. Elle est l’antithèse de la parabole du bon samaritain : Un Samaritain arriva près de l’homme à demi-mort ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, pansa ses blessures et prit soin de lui.

Puisse cette parabole ouvrir nos yeux et notre cœur pour que tout ce que Dieu nous donne soit au profit de tous nos frères et sœurs ! Pour que nous sachions aussi recevoir de ceux de qui, spontanément, nous sommes portés à ne rien attendre, ou portés à ne regarder que comme des intrus qui nous dérangent ou nous agressent. Pour que chacun d’eux, quelle que soit leur condition, soit un visage que nous respections, que nous honorions, que nous aimions ! Qu’as-tu fait de ton frère ? Avec le pape François, puissions-nous dire du fond du cœur : Ce ne sont pas seulement des migrants ! Ce sont des êtres humains, nos frères, nos sœurs…

Il y a quelques jours, une femme m’écrivait: « Je suis très heureuse d’avoir retrouvé les groupes de jeunes et un nouveau groupe d’adolescents « déficients mentaux », quelle horrible façon de présenter quelqu’un ! Je reçois beaucoup lors de ces rencontres, elles sont pour moi source de Vie »

J’ai reçu une lettre de la Déléguée générale de l’ACAT. Elle écrit : « Comment ne pas être indignée, révoltée, face au désespoir de tant de personnes que l’on veut briser, face aux souffrances qu’elles ont subies dans leur chair, dans leur âme ? Nous pouvons choisir de détourner le regard et nous persuader que cela ne nous concerne pas. Ou bien, faire entendre notre voix, agir, refuser l’inacceptable ! C’est ce que je m’efforce de faire, à hauteur de mes possibilités, chaque fois que mes valeurs spirituelles et humanistes sont heurtées. J’espère que vous ressentez, vous aussi, ce besoin d’agir face à des situations aussi intolérables ! Ensemble, nous ne restons pas impuissants ! » Les réponses possibles sont multiples et les souffrances ne sont pas que matérielles ou physiques. Pour chacun de nous, la prière et le jeûne sont des chemins privilégiés de conversion et d’ouverture aux autres. C’est bien ce que nous enseignent l’Ecriture – Moïse et les prophètes – et la contemplation de Jésus, notre Sauveur, celui qui a pris soin de nous. La prière pour écouter le désir de Dieu et répondre avec Jésus : « Me voici, pour faire ta volonté. » Le jeûne pour nous libérer de tout ce qui nous rend esclaves, tout ce dont nous sommes « accros » et qui nous domine, nous empêche d’être ouverts aux autres et à la vie véritable.

Cette parabole n’est pas seulement un enseignement moral ; il s’agit pour nous, disciples du Christ, d’être des révélateurs de Dieu : nous sommes créés à son image, notre vocation est de vivre à son image. Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. Nous avons à révéler Dieu, à le rendre présent, à manifester sa sollicitude et son amour ! L’archange st Michel dont c’est la fête aujourd’hui, porte un nom qui signifie « Qui est comme Dieu ? » Personne n’est comme Dieu ! Et pourtant, dans notre finitude même, nous avons à révéler le visage et le cœur de Dieu ! Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre, dit Jésus aux Apôtres lors de l’Ascension. Comment y parvenir, sinon en contemplant Jésus, Dieu fait homme, afin devenir un peu plus comme lui. Lui qui est revêtu de magnificence, qui a pour manteau la lumière (Ps 103), il est mort nu, couvert de crachats et de son propre sang, dans un état pire que celui de Lazare. Il a crié J’ai soif ! Lui, le Dieu de communion et d’amour, il est mort rejeté, abandonné de tous afin de nous aimer jusque dans notre rejet. Il a continué de nous regarder, de visage à visage, de cœur à cœur. Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Il a traversé l’abîme infranchissable.

Notre parabole nous ouvre à l’écoute de l’Ecriture. Nous ne pourrons pas vivre à l’image de Dieu et révéler son visage, si nous n’écoutons pas sa parole. Si nous n’écoutons pas Moïse et les Prophètes, si nous n’écoutons pas le Verbe fait chair.

De notre foi au Christ, écrit le pape dans La joie de l’Evangile, de notre foi au Christ qui s’est fait pauvre et toujours proche des pauvres et des exclus, découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société. […] Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de manière à ce qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société. […] Faire la sourde oreille à ce cri, alors que nous sommes les instruments de Dieu pour écouter le pauvre, nous met en dehors de la volonté du Père et de son projet. […] L’impératif d’écouter le cri des pauvres prend chair en nous quand nous sommes bouleversés au plus profond devant la souffrance d’autrui.

Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi. Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie, pour préparer un avenir meilleur, pour que vienne ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté. Loué sois-tu. Amen.

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