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HOMELIE

28 juillet
année 2018-2019

année C,- 17ème dimanche du T.O. 28 juillet 2019
Gn 18,20-32 ; Col 2,12-14 ; Lc 11,1-13
Homélie du F.Bernard

L’Évangile que nous venons d’entendre est la suite de celui de dimanche dernier. C’était l’accueil de Jésus, par Marthe et Marie, dans leur maison. Peut-être ce récit est-il déjà comme l’entrée en matière de l’enseignement de Jésus sur la prière que nous donne l’Évangile de ce jour ?
Par ailleurs, comme d’habitude, l’Évangile du dimanche est à entendre en continuité avec la première lecture. Celle-ci rapportait l’intercession d’Abraham en faveur des villes maudites de Sodome et Gomorrhe. Ce récit lui-même continuait le récit de l’hospitalité d’Abraham, entendu dimanche dernier.
Abraham avait magnifiquement accueilli ses trois hôtes, puis les avait accompagnés sur leur route vers Sodome et Gomorrhe. Ils voulaient vérifier si la clameur montée jusqu’à eux correspondait bien à la conduite mauvaise de ces gens. Alors intervient Abraham. Il le fait au titre d’ami de Dieu, ayant reçu sa bénédiction pour lui et sa descendance. Il parle avec audace et insistance pour sauver les villes coupables. Il n’hésite pas à mettre en cause la justice de Dieu, le forçant en quelque sorte à libérer sa miséricorde.
« Pour cinquante justes, pour quarante-cinq, pour quarante, pour trente, pour vingt, pour dix justes, vas-tu détruire la ville ?-- Non, je ne détruirai pas » , dit Dieu. Mais Abraham n’ose aller plus loin, et les villes maudites ne vont pas échapper à leur destin.
La révélation de la miséricorde en Dieu va s’amplifier au cours des siècles. Au temps de Jérémie, le Seigneur dira : « Parcourez les rues de Jérusalem. Si vous découvrez un homme qui pratique le droit et recherche la vérité, je pardonnerai à cette ville. » (Jér 5,1). Mais le constat est clair et définitif : « Il n’est pas de juste, pas un seul, pas un qui cherche Dieu. » (Ps 14 et 53)
Alors l’humanité crée par Dieu est-elle condamnée sans appel ? Non, car Dieu a décidé d’envoyer son propre Fils. La lettre aux Colossiens, entendue à l’instant, le disait : « Dieu nous a donné la vie avec le Christ. Il nous a pardonné tous nos péchés. Il a supprimé le billet de la dette qui nous accablait. Il l’a annulé en le clouant à la croix du Christ.» (Col 2,13-14)

Mais revenons à l’Évangile. Nous connaissons l’enseignement de Jésus sur la prière, dans l’Évangile de Matthieu. C’est la prière du Notre Père, insérée très exactement au centre du Sermon sur la montagne. Nous connaissons un peu moins bien cette même prière, un peu différente dans sa forme, qui nous est rapportée dans l’Évangile de Luc. Le contexte est différent. Jésus est surpris en activité de prière. C’est alors que ses disciples lui demandent de leur enseigner à prier. Alors Jésus livre en quelque sorte sa prière à chaud : « Père, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne. »
Puis Jésus associe ses disciples. Sa prière devient commune à lui et à eux. C’est la prière du Christ Total, prière de la Tête et des membres, la Tête le Christ, les membres nous- mêmes. Ce sont toutes les formulations en nous qui suivent : « Donne-nous…Pardonne-nous…Nous pardonnons…Ne nous soumets pas à la tentation… »
Qui est-ce nous ? Nous-mêmes, nos proches, les disciples, la communauté, l’Église. Mais est-ce que tout est dit alors dans cette prière ? Oui sans doute, mais à condition que soit réellement pris en compte l’autre, les autres, tous les autres, le monde entier. Et c’est pourquoi à la prière au Père Jésus ajoute la parabole de l’ami importun. Abraham avait intercédé pour les villes pécheresses, qui lui étaient étrangères. Il l’avait fait à la limite du possible. L’ami importun, dans l’Évangile, réveille son ami en pleine nuit, non pour lui-même ou ses enfants, mais pour un hôte qu’il a dû recevoir à l’improviste.
« Demandez et vous recevrez. Cherchez et vous trouverez. Frappez et il vous sera ouvert. » Remarquons qu’il n’est pas dit que le Seigneur donne ce que nous lui demandons, mais il donne le meilleur, l’Esprit saint, il nous communique sa vie intime, cet amour répandu en nos cœurs par l’Esprit saint qi nous a été donné.
Dieu nous traite en vrais partenaires de son alliance. Il compte sur nous pour sauver le monde. Jésus est le Sauveur, mais la prière des chrétiens est nécessaire pour que le monde soit sauvé. La tâche chrétienne est de frapper avec persévérance, de « prier sans se lasser » (Lc 18,1), afin d’ouvrir le cœur de Dieu, de libérer sa miséricorde.
Tel est l’enseignement que nous devons sans doute retenir de cet Évangile.

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