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HOMELIE

04 août
année 2018-2019

Année C - 18e DIMANCHE TO – 2019 08 04
Ecclesiaste 1,2-2,23; Col 3 1-11; Luc 12 13-21
Homélie du f. Hubert

Vanité des vanités, tout est vanité ! Les témoignages de jeunes adultes, qui, ayant commencé leur vie en pensant que l’argent et la réussite leur apporteraient le bonheur, se sont aperçus que ce n’était pas le bon choix, ne sont pas rares. Ils ont constaté aussi que des gens fortunés, avec de belles situations, ne sont pas nécessairement heureux. Et ils veulent faire autre chose de leur vie.

Le psalmiste du psaume 72 dit avoir été « jaloux des superbes » « qui ne manquent de rien et amassent des fortunes ». Non sans peine, voire sans souffrance – il comprend, « dans la demeure de Dieu », qu’ils « vont vers la ruine », qu’ils passent « comme un songe », et que, lui, il est toujours avec Dieu qui a « saisi sa main droite, le conduit selon ses desseins et le prendra dans sa gloire ». « Ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours ».

Le Psaume 33, particulièrement cher aux disciples de st Benoît, demande : « Qui donc aime la vie et désire des jours où il verra le bonheur ? »

L’évangile de ce jour peut n’être accueilli que comme une simple parole de sagesse, à l’instar de la fable de La Fontaine « Le savetier et le financier ». Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir : C'était merveilles de le voir, Merveilles de l'ouïr; … Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or, Chantait peu, dormait moins encor. C'était un homme de finance. Mais l’Evangile est plus qu’une parole de sagesse : il est une parole et une promesse d’alliance. La parole d’un Dieu « en qui brûle sans cesse Un grand désir de partager sa joie de Dieu », comme dit une hymne de la liturgie, le Dieu de vie qui veut communiquer sa vie.

C’est dans la communion des personnes, dans la rencontre des visages qu’est notre bonheur, des visages qui se reconnaissent frères, qui s’accueillent dans la réciprocité. Ecoutons le pape François dans La joie de l’Evangile : Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus.

La vie augmente quand elle est donnée et elle s’affaiblit dans l’isolement et l’aisance. La vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres.

L’homme riche de la parabole se dit : Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. Il n’a hélas amassé que pour lui-même, et sa vie fragile, stérile, s’évanouira sans être parvenue au bonheur. Nous allons tout à l’heure bénéficier sans doute d’un bon repas, nécessaire à notre vie corporelle, mais un repas que j’espère partagé, lieu et source du vivre ensemble, de la communion.

Pour l’heure, dans cette église, nous sommes réunis pour partager une toute petite part de pain, et un peu de vin. Trois fois rien. Et pourtant, c’est notre héritage le plus précieux. Par le don mystérieux et absolu de Dieu, nous croyons qu’ils sont le Corps et le Sang mêmes du Christ. Ce peu de pain et de vin, consacrés par l’amour, sont la richesse incommensurable que Dieu nous offre. Dieu se donne lui-même à nous, qui que nous soyons, que nous soyons savetier ou financier, pauvre moine, pape, ou chef d’Etat.

Ce pain et ce vin nous rendent frères et sœurs. Il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous.

Un homme s’est donné de la peine, et sa peine n’a pas été vaine. Cet homme est celui qui nous a valu la libération du mal, la vie plénière, la paix et la communion, c’est le Fils unique livrant sa vie pour nous. La Parole de Dieu nous est adressée aujourd’hui, le pain et le vin eucharistiques nous sont offerts pour que nous revêtions de l’Homme nouveau, que le Christ soit tout en nous, que nous soyons en lui des fils et des frères, des sœurs, tournés les uns vers les autres, tournés ensemble vers notre Père et recevant de lui la vie, par le Christ.

Tout est vanité pour l’homme centré sur lui-même. Mais si nous croyons en Jésus Sauveur, si nous croyons dans le Dieu de l’alliance, si nous croyons en la fidélité de la parole de Dieu, tout n’est pas vanité, car Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit en Dieu. La vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage, écrit st Jean. La vie est communiquée pour toujours. Il n’y a pas de limite au don de Dieu et sa fidélité est sans faille, de toujours à toujours. Seigneur, rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants !

Venez au festin du Dieu pauvre qui se donne pour faire de nous des riches, riches de sa grâce, riche de son amour, riches dans le partage et l’échange.

Nous n’aurons jamais fini de découvrir notre véritable héritage, qui est Dieu même. Même dans l’éternité, Dieu sera toujours au-delà de ce que nous connaîtrons de lui. Nous irons d’émerveillement en émerveillement et d’action de grâces en action de grâces. « Rendons grâce à Dieu le Père, lui qui nous a donné d'avoir part à l'héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant à la puissance des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, … faisant la paix par le sang de sa croix, pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Col 1

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