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HOMELIE

Année B - PROFESSION SOLENNELLE DE FRERE MARTIN MAILLY 21.04.2024 (4dimanche de Pâques B)
(Ac 4, 8-12 ; Ps 117 ; 1 Jn 3, 1-2 ; Jn 10, 11-18)
Homélie du Père Abbé Luc

« Le Bon pasteur donne sa vie pour ses brebis », nous dit Jésus en parlant de lui et de nous… Frères et Sœurs, peut-être pourrions-nous ajouter sans crainte de nous tromper : le Bon pasteur, Jésus, donne sa vie pour que ses brebis, nous tous, vivions et découvrions le vrai bonheur qu’il y a à donner notre vie. En ce jour de la profession de F. Martin, n’est-ce pas ce mystère et cette joie du don qu’il nous est offert de célébrer ? Le don que Dieu fait à notre frère Martin, comme à chacun de nous, et le don que f. Martin fait de sa vie, et que nous sommes tous invités à faire avec lui.
Dieu donne abondamment. Comme vous l’avez peut-être remarqué, le verbe « donner » revient dans toutes les lectures que nous avons entendues. A chaque fois, il s’agit du don que Dieu fait à son peuple. Dieu a donné à ses disciples, le nom de Jésus qui a guéri un infirme. Il leur a donné son amour pour être appelés « enfants de Dieu » par leur baptême. Et dans l’évangile Jésus, reprenant à son compte l’image du Bon Pasteur souvent attribuée à Dieu dans la bible, affirme qu’il donne jusqu’à sa vie pour que ses brebis vivent, annonce de sa mort et de sa résurrection. Cette insistance sur le don fait par Dieu éclaire d’une belle profondeur la réalité de la vie humaine. Depuis l’origine, celle-ci n’est que don reçu. Tout ce que nous avons, et plus encore tout ce que nous sommes, n’est que don reçu. A travers la médiation de nos parents, à travers notre insertion dans une culture et dans une histoire, à travers notre baptême pour nous croyants, nous sommes les heureux bénéficiaires de tout ce qui nous constitue… « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » demande St Paul…Nous n’aurons pas trop d’une vie pour inventorier tout ce qui nous est offert. Et lorsque Dieu appelle à la vie monastique, est-ce encore une marque de sa bonté généreuse ? A la suite de bon nombre d’entre nous, et sûrement après quelques appréhensions, Frère Martin, tu as reconnu dans cet appel une grâce, un cadeau. Y répondre alors que tu étais déjà engagé dans la vie professionnelle t’a entrainé sur un nouveau chemin sur lequel tu découvres et découvriras encore que lorsque Dieu appelle, il est fidèle et donne toujours le nécessaire. Car lorsque Dieu appelle, aujourd’hui f. Martin, mais finalement chacun de nous depuis notre baptême, il désire nous partager sa vie divine, une vie d’amour déjà expérimentée ici-bas et qui trouvera sa pleine expression dans l’éternité. Nos vocations respectives, que nous soyons religieux, laïcs mariés ou célibataires, prêtres, sont l’expression de la diversité des dons de Dieu. A chacun, il donne ce qui lui convient pour être heureux et pour trouver son bonheur en se donnant à son tour.
Car vivre notre vie humaine comme un don, quelque soit notre vocation, n’est-ce pas le secret de la joie ? F. Martin, depuis 7 ans que tu es au milieu, tu as commencé à éprouver cette joie en te donnant dans la prière personnelle et liturgique, dans le partage de la vie commune, dans la recherche plus silencieuse, dans les études, dans le travail au service des frères. C’est la joie de te découvrir à la bonne place pour donner le meilleur de ce que tu es. En prononçant tes vœux ce matin, tu choisis de remettre à Dieu toute ta vie, toute ton énergie, afin d’être à la suite du Christ un bon instrument au service de son Royaume. Tu demandes aussi à Dieu la grâce et la force pour persévérer durant toute ta vie dans cette offrande de toi-même. Fortifiant ainsi les liens de ton baptême, Dieu te donne aussi de trouver la force dans les liens que tu noues avec la communauté. Ensemble, nous construisons cette maison de Dieu dont parle St Benoit, maison de paix dont la pierre d’angle, ou la clé de voûte est le Christ. Ensemble, nous nous entraidons pour demeurer fidèles et nous enraciner chaque jour un peu plus dans l’amour de Dieu, c’est le sens de notre vœu de stabilité. Ensemble à travers la vie commune, nous sous soutenons pour bâtir une communion qui fasse signe de ces relations fraternelles que Dieu désire voir s’établir entre les hommes, dès maintenant, en vue du Royaume. C’est le sens de notre vœu de conversion. Ensemble, nous apprenons à écouter, écouter la Parole que le Seigneur ne cesse d’adresser à chacun et à la communauté, à travers le P. Abbé, mais aussi à travers les frères et les évènements. C’est le sens de notre vœu d’obéissance pour être des hommes d’écoute. Prononcer les vœux comme tu vas le faire, cela ne signifie pas que tu sois parvenu à vivre ce qui est demandé. Non, par les vœux, tu t’engages à travailler ton cœur et à changer ta vie pour qu’elle soit davantage celle d’un disciple du Christ, d’un fils de Dieu et d’un frère au milieu de ses frères.
Comme tu le sais, à l’instar de toute vie humaine, la vie monastique n’est pas un long fleuve tranquille. Tu as déjà fait l’expérience qu’il peut nous en coûter de se donner encore et encore. L’épreuve ou la tentation peut aussi survenir dans les moins bons jours. Nous n’échappons pas au combat de toute vie humaine quand elle cherche la vérité et la justice. Le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour nous a lui-même affronté ces difficultés. Il nous montre le chemin de la patience et celui de la victoire pour qui demeure dans son Amour. Avec toi, en cette eucharistie, pour toi et les uns pour les autres, nous demandons la grâce de nous appuyer chaque jour un peu plus sur son Amour, sur sa Miséricorde de laquelle St Benoit nous invite à ne jamais désespérer. Ensemble qu’Il nous donne ainsi courir peu à peu avec plus d’aisance sur la voie de l’amour.

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