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HOMELIE

28 avril
année 2018-2019

Année C -2e dimanche PÂQUES -(28/04/2019)
(Ac 5, 12-16 – Ps 117 – Ap 1, 9-11a.12-13.17-19 – Jn 20, 19–31
Homélie du F.Jean Louis

Frères et sœurs, en ce second dimanche de Pâques, l’Eglise nous offre des lectures qui ne manquent pas de richesses.
Entre la première communauté chrétienne, présentée comme modèle, dont tout le monde fait l’éloge, qui rencontre un succès certain, et l’apparition du Christ aux disciples apeurés ainsi que l’épisode fameux de Thomas, présenté comme sceptique mais qui finit quand même par professer la véritable identité du Christ « mon Seigneur et mon Dieu » en passant par la vision de Jean qui voit le Christ, comme un Fils d’homme, qui était mort et qui est vivant pour les siècles, nous ne manquons pas de sujets de réflexion, de méditation.
Le risque de la première lecture, si nous l’isolons de son contexte, est d’idéaliser la première communauté chrétienne. Croire que la proximité historique du Christ lui évite toute erreur et penser alors que, depuis cet idéal primitif, nous avons été de décadence en décadence… jusqu’à aujourd’hui où nous ne constatons que trop, les maladies de notre Eglise. C’est peu dynamisant, il faut l’avouer.
Pourtant, le passage qui précède immédiatement la première lecture de ce jour, nous montre que, dans la communauté qui avait prôné le partage intégral des biens, il y avait déjà des membres - Ananie et Saphyre - qui avaient essayé de s’approprier des biens à leur profit. Mal leur en a pris mais cela nous montre que, dès le début, l’idéal n’était pas suivi par tous. Ensuite, dans cette communauté présentée comme modèle de fraternité, il y aura conflit entre les disciples de langue grecque et ceux de langue hébraïque, les premiers se considérant défavorisés par rapport aux seconds. Les épîtres de Paul montrent aussi que les difficultés dans l’Eglise sont constantes. Et la vie de communautés comme celles de Corinthe ne manquera pas d’être assez mouvementée (problèmes de mœurs, problèmes d’autorité, de pouvoir,…).

La seconde lecture, quant à elle, plaçée dans le contexte du livre de l’Apocalypse, montre que cette vision assez grandiose du Fils d’Homme identifié au Christ mort et ressuscité précède des messages de ce dernier aux différentes communautés citées : Ephèse, Smyrne, Pergame etc…, messages dont le contenu est loin d’être une louange unanime. Au contraire, il s’agit, dans certains cas d’Eglises menacées de mort, pire, de tiédeur, avec des problèmes de doctrine, etc…

Quant à l’évangile de ce jour, s’il se termine bien, il faut quand même reconnaître que Thomas, dans un premier temps ne parvient pas à accueillir le témoignage des autres apôtres. Et si nous regardons le récit des apparitions du Christ dans l’évangile selon saint Marc, c’est encore pire. Les disciples refusent de croire Marie-Madeleine, ils refusent de croire le témoignage des deux disciples partis à la campagne, et il faudra une apparition du Christ aux Onze eux-mêmes et bien des reproches, pour les sortir de leur incroyance.
Bref, le contexte des lectures de ce jour nous montre des Eglises qui, si elles ne manquent pas de courage et de vie, sont aussi parfois éloignées de l’idéal évangélique. Les textes du Nouveau Testament ne sont pas des textes de propagande idéalisant le vécu des communautés chrétiennes. C’est peut-être nous qui faisons parfois une sélection qui nous arrange. Mais les textes nous révèlent, eux, une foi pas toujours évidente à mettre en oeuvre.
Sans doute que ces lectures peuvent nous réveiller en cette période difficile pour l’Eglise catholique. Rêver d’un monde où tout se passerait sans problème, sans souci, penser qu’une vie de proximité avec le Christ ôte tout ennui, toute fragilité, toute chute, cela peut nous sembler idéal mais n’est peut-être qu’illusion voire idole. L’histoire du monde, de l’Eglise nous rappelle que le mal demeure, que les conflits demeurent… y compris dans l’Eglise du Christ, mais que c’est à travers tout cela que le Salut de Dieu advient et que seul Dieu peut tirer le bien du mal.

Mais alors, où est la bonne nouvelle ? Comment parler de ce 2e dimanche de pâques comme dimanche de la Miséricorde ? Eh bien, peut-être que la réponse réside dans l’attitude du Christ. S’il fait des reproches, il pardonne et même plus, il met en route les disciples, les Eglises, les communautés quelle que soient leurs fragilités, telles qu’elles sont. Il est impressionnant de voir combien le Christ ne rejette pas Thomas mais il l’invite à grandir.
Les fragilités des communautés chrétiennes primitives, les conflits, n’empêcheront pas ces dernières, soutenues par l’Esprit Saint de proclamer le Ressuscité à travers le monde connu. Quant aux disciples, que ce soit Thomas dans l’évangile d’aujourd’hui ou les Onze dans l’évangile de saint Marc, leurs hésitations ou leur refus de croire n’auront pas comme conséquence d’être rejetés par le Christ qui, au contraire, gardant confiance en ceux qu’il a choisi, les envoie sur les routes du monde. N’est-ce pas là une merveilleuse illustration de la Miséricorde de Dieu qui espère en nous malgré nos faiblesses ? Frères et sœurs, l’Église catholique vit actuellement une douloureuse épreuve de Vérité mais n’est-il pas préférable que la Vérité se fasse plutôt que de rester dans les ténèbres du mal ? La Vérité peut faire mal mais elle peut permettre un nouvel élan. Elle peut aider à la guérison de ceux et celles qui ont été blessés. Il importe que nous sachions nous engager à faire vivre notre Eglise. Le temps est sans doute fini de se laisser porter sans trop se sentir responsable de nos communautés chrétiennes, de penser que d’autres le feront à notre place. Le pape a invité les catholiques, tous les catholiques, à prendre en mains la destinée de leur Eglise. Comment ne pas y voir un appel du Christ à être davantage responsable ?
Les lectures de ce jour nous rappellent que la foi n’est pas toujours évidente, ni la confiance. Mais l’Esprit Saint a été et continue à nous être donné sans compter. Laissons-nous travailler par lui et retroussons nos manches. Le Christ ne nous demande pas d’être parfaits, d’avoir une foi sans faille, pour nous mettre à son service.
La conversion, se tourner toujours plus vers le Christ et se réformer, fait partie de l’ADN de l’Eglise. Peut-être l’avions-nous un peu oublié. Que le choc du réel nous conduise à nous laisser encourager par le Christ pour aller de l’avant, sans nostalgie d’un passé qui n’était pas si idéal que ça. AMEN - 28 avril 2019

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