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HOMELIE

24 mars
année 2018-2019

Année C -3ème dimanche de Carême, 24 mars2019
Ex 3 1-15; 1 Co 10 1-12; Luc 13 1-9;
Homélie du F.Bernard

Deux drames, comme l’actualité nous en fournit presque tous les jours des exemples à travers le monde, dans les médias. Mais ceux-ci se sont passés dans la Ville Sainte, au Temple, ou à proximité immédiate des remparts, dans la vallée du Cédron. On comprend l’émotion qu’ils ont pu susciter chez les habitants de Jérusalem.
D’abord une bavure policière ou politique. Pilate n’en était pas à une près. Il réprimait férocement les attroupements de Juifs qu’il jugeait vite séditieux. Ici des Galiléens accomplissant leurs devoirs religieux au Temple. Parmi eux il y aurait pu y avoir la famille de Jésus qui se rendait en pèlerinage à Jérusalem trois fois par an. Pilate avait mêlé le sang des victimes à celui des sacrifices.
Puis un drame technique : l’écroulement d’une tour. Dix-huit personnes écrasées. Faute de construction, défaut de maintenance, ou tout simplement l’usure du temps ? Aujourd’hui on ouvrirait un procès pour déterminer les responsabilités. Mais quand ces drames arrivent, les mêmes questions reviennent : elles sont de tous les temps. Pourquoi ces malheurs ? Pourquoi atteignent-ils ces personnes précisément ? Comment Dieu peut-il permettre cela ?

La réponse de Jésus, formulée à deux reprises, est surprenante : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous également ». Sommes-nous alors destinés à connaître une fin aussi tragique ? Vraiment je ne le souhaite pas. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit. De quoi donc ? Jésus nous dit plutôt que toute mort est absurde, qu’elle soit le fait de la violence des hommes, d’une défaillance technique, d’une catastrophe naturelle, ou tout simplement si nous mourons dans notre lit au terme de nos jours.

La mort est absurde. Car nous pressentons bien que nous ne sommes pas faits pour elle, plutôt pour une vie qui dure, comme si elle ne devait s’arrêter. Mais la mort est notre lot, depuis que l’homme n’a plus accès à l’arbre de vie, placé dans le jardin d’Éden. La mort met inexorablement fin à nos possessions, à nos projets, à nos affections. « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière », dit Dieu ; et le psaume le redit à sa manière, brutalement : « L’homme comblé ne dure pas. Il ressemble au bétail qu’on abat » (Ps. 48).
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous également ». Mais qu’est-ce se convertir ? Radicalement, c’est croire que Dieu est le Vivant, qu’il a un dessin d’amour et de salut pour nous, qu’il a fait à son image, comme sa ressemblance. Alors, s’il en est ainsi, il convient de méditer très attentivement la première lecture que nous avons entendue. Elle était tirée du livre de l’Éxode (ch. 3). Elle fait mémoire du moment fondateur de notre foi, de l’évènement qui inaugure l’histoire, qui donne sens en Dieu au temps que nous vivons, qu’il soit sublime ou banal. Tout peut dès lors être vu en Dieu, pour Dieu. Même la mort a perdu son côté tragique. Elle n’est plus anéantissement, mais passage, exode, transitus.
Dieu en effet s’est manifesté. Certes il l’avait déjà fait aux ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob, mais c’était comme à titre individuel. En Moïse, Dieu se manifeste à un peuple, plutôt un rassemblement d’individus, plus ou moins apparentés, des immigrés, les Hébreux. Il en fait un peuple, Israël, son peuple particulier dont il sera son Dieu. Et par le moyen de cette élection unique, Dieu rejoint tous les peuples de la terre, déjà bénis dans la bénédiction de l’ancêtre Abraham (Gn 12).

Dieu fait plus : il révèle son Nom, ce Nom ineffable, que nous ne pouvons plus prononcer. Mais nous savons qu’il signifie : Je Suis, Je Suis qui je Suis, je Suis qui je Serai, ce Nom qui trouve son accomplissement jour après jour dans l’alliance conclue pour toujours entre Israël et son Dieu.

Mais revenons à l’Évangile de ce jour. Car si Dieu s’est révélé à Moïse, s’il n’a cessé pendant quarante ans d’instruire son peuple au désert, de le corriger, c’est pour notre instruction, à nous qui sommes dans les derniers temps. Le Seigneur attend maintenant notre réponse à son appel. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous également »
La cognée est à la racine de l’arbre, prête à abattre le figuier, s’il continue à ne pas porter de fruit. Mais la miséricorde de Dieu vient en complément de sa justice. Le propriétaire, c’est Dieu. Le vigneron, c’est Dieu aussi. Notre conversion, c’est aussi l’œuvre de Dieu en nous. « Donne ce que tu commandes, disons-nous, et commande ce que tu veux ».
En ce temps de Carême, ce temps favorable, nous pouvons reprendre pleinement à notre compte ce que dit l’oraison de ce jour : « Toi, la source de toute bonté et de toute miséricorde, tu nous a dit comment guérir du péché, par le jeûne, la prière et le partage. Tu connais notre faiblesse. Nous avons péché, mais patiemment relève-nous avec amour. » Amen - 24 mars 2019

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