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HOMELIE

03 mars
année 2018-2019

Année C - Dimanche 3 mars 2019 - 8e dimanche du Temps Odinaire
1ere lecture : Si 22,4-7 2eme lecture : 1 Co 15,54-58 Evangile selon saint Luc 6,39-45
Homélie du F.Matthieu

Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent au discernement et à l’humilité, à un regard juste sur les autres et sur nous-mêmes.
Dans l’Évangile, le Christ insiste sur l’attitude que nous devons avoir avec nos frères et nos soeurs. Nous voyons plus facilement leurs défauts que leurs qualités. Nous voudrions aider notre frère à se corriger. Mais nous oublions que nous sommes mal placés pour le faire. Nous sommes comme cet homme qui voudrait enlever la paille qui est dans l’œil de son frère, mais ne remarque pas qu’il y a une poutre dans le sien.

Cet Évangile nous invite à changer notre regard sur les autres … mais aussi sur nous-mêmes.
D’abord sur les autres : leurs défauts sont bien plus visibles que leurs qualités, évidemment. Ce qu’ils font de bien, c’est bien la moindre des choses. Mais leurs défauts, il faut vivre avec, et ce n’est pas drôle !
Mais, voilà, n’est-ce pas pareil avec nous-même ? Un peu de lucidité et de recul nous en convainc facilement.
C’est même vrai par rapport à Dieu : pourquoi tant de gens ont-ils du mal à croire en un Dieu bon ? Parce qu’ils voient d’abord – et on les comprend bien – tout ce qui ne va pas dans le monde, plutôt que ce qui va bien !
Eh bien, c’est cette façon de voir le mal en premier, plutôt que ce qui est bon, qui fait de nous des " aveugles ". C’est cela avoir "une poutre dans l’œil".
Comprenons bien cette affaire de la paille et de la poutre. Cela ne veut pas dire que chacun devrait se juger pire que les autres, ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Car des défauts, qui n’en a pas ? Alors faut-il peser le plus ou le moins ?
Non. Ce qui est grave, ce qui rend vraiment la vie difficile, voire impossible, c’est quand on ne voit plus que le mal, chez les autres, en soi-même, dans le monde. Avoir une poutre dans l’œil, ce n’est pas avoir un défaut plus gros que les autres, c’est ne voir que les défauts. C’est avoir ce regard amer, désabusé, cette façon de toujours critiquer, de ne jamais être content. C’est cela être aveugle et entraîner l’autre avec soi dans le trou du découragement, du désespoir.
Qu’il y ait du mal dans les autres, en nous, dans le monde, c’est l’évidence. Mais c’est précisément à cause de cela, qu’il nous faut savoir discerner en chacun le bien, les possibilités de bien. Car la lucidité sans la bienveillance, c’est une lumière crue, cruelle, blessante, c’est une fausse lucidité… celle du diable ! La vraie lucidité, c’est celle qui voit au-delà des apparences. Parce que moi, vous, nous avons non seulement des défauts mais plus encore une tendance au mal en nous, alors nous avons absolument besoin, vous, moi, d’être encouragés par un regard de bienveillance, de confiance … ce regard, c’est celui de Dieu ! Et il faut reprendre à notre compte ce regard de miséricorde et de soutien !
C’est à ce retournement, à cette conversion que nous appelle l’Evangile !
Nous avons une grande responsabilité les uns à l’égard des autres. Il s’agit d’être, les uns pour les autres, les témoins de Dieu – rien moins que cela – les témoins de ce regard que Dieu, lui, pose sur nous. Ce regard que Jésus posait et pose sur nous, pauvres et pécheurs. Un regard qui va au plus profond de nous, qui y retrouve la trace de son image et qui y recrée la bonté et la beauté.
Devant les défauts des autres, devant les difficultés à vivre ensemble, Dieu nous demande non pas d’être des redresseurs de torts, mais d’aider les autres à vivre. Les chrétiens – et l’Église – apparaissent trop souvent comme voulant toujours corriger les autres de leurs défauts … et sans se regarder eux-mêmes. Non, nous n’avons pas la charge, au nom de Dieu, de faire la morale, ni aux autres, ni à nous-mêmes. Mais nous sommes invités à croire et à transmettre cette foi : croire en la bonté de Dieu, en cette miséricorde qui est à l’œuvre, en nous, chez l’autre, et dans chaque être humain, et qui y crée de la bonté. Et nous avons à en témoigner par notre propre regard les uns sur les autres.
Un des maîtres mots de l’évangile d’aujourd’hui, c’est le mot "frère". Si tu es mon frère, ma sœur, je ne suis ni ton père, ni ton maître, ni ton juge, simplement et en toute occasion ton frère ! Oui, au sein d’une humanité blessée, souffrante, il est urgent de témoigner de notre foi en la bonté des autres et de Dieu, en la communion fraternelle que Dieu crée et recrée.
Envers et contre tout, envers et contre tout mal, nous avons besoin, aujourd’hui, d’un vrai regard de foi, d’espérance, sur les autres, sur nous-mêmes et sur Dieu ! - 3mars 2019

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