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HOMELIE

30 décembre
année 2018-2019

Année C - Fête de la Sainte Famille - Dimanche 30 décembre 2018 -
1ere lecture : 1S 1,20-22. 24-28 2eme lecture : 1 Jn 3,1-2. 21-24 Evangile selon saint Luc 2, 41-52;
Homélie du F.Matthieu

Aujourd’hui, dimanche après Noël, la liturgie invite à célébrer le mystère de l’incarnation dans sa réalité concrète et quasi quotidienne : Le Verbe se fait chair, il naît et vit dans une famille qui ressemble à toutes les autres.
Rendons-nous attentifs d’abord au fait que celui que nous tenons pour le Fils de Dieu a vécu, grandi, appris sa vie d’homme dans une famille humaine. "Né de la femme, né sous la Loi", dit Paul (Galates 4,4). Comme tout le monde, et non parachuté du ciel. La finale de notre évangile nous le rappelle d’ailleurs : après l’expérience singulière du Temple, à Nazareth, « Jésus progressait en sagesse et en taille et en faveur auprès de Dieu et auprès des hommes »
Mais reprenons le cours de l’évangile entendu. Luc est le seul évangéliste à nous rapporter cet épisode de l’enfance de Jésus, lorsqu’il eut douze ans. Le récit est limpide comme son contexte ; la vie du jeune Jésus s’inscrit dans la pratique juive la plus normale : chaque année, pour la fête de Pâque, tout bon israélite devait monter à Jérusalem pour célébrer la fête. Jésus a douze ans, il se situe donc à l’âge où un enfant juif entre dans l’âge adulte religieux – celui qu’aujourd’hui célèbre la ‘bar-mitzvah’ : il devient désormais personnellement ‘fils soumis aux commandements de l’Alliance’.
C’est donc naturellement que Jésus se retrouve ‘assis au milieu des maîtres à les écouter et les interroger’ ; il n’y a là rien d’autre que l’assiduité d’un jeune juif, parvenu à sa majorité religieuse, à l’étude de la Torah, docile à l’enseignement des maîtres de la Tradition. L’apprentissage passe par l’écoute mais plus encore par le questionnement : le ‘disciple des sages’ est celui qui sait poser les bonnes questions.
Ce qu’il faut peut-être remarquer cependant, c’est la formule ‘assis au milieu des maîtres’ : l’élève est normalement assis ‘aux pieds de son maître’, Luc suggère-t-il par sa formule que Jésus est déjà en situation de ‘Maître’ ? On s’extasie également sur ‘ses réponses’ et pas seulement sur ‘ses questions’, et ceci va peut-être dans le même sens. Mais ce qui est le cœur du passage, c’est évidemment la première parole publique de Jésus en réponse à l’interrogation de sa mère : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
La première insistance est sur le ‘ne fallait-il pas’ : ‘il faut’ est une expression typique de la théologie de Luc ; employée ici pour la première fois dans l’évangile – elle veut insister sur l’idée que c’est le plan de Dieu qui se réalise en la circonstance. Cette nécessité-là est une claire manifestation de l’accomplissement de la volonté de salut de Dieu.

La seconde insistance est dans une omission : La traduction dit ‘chez mon Père’, naturel en français, mais la tournure est plus singulière en grec puisqu’il n’y a pas de substantif dans l’expression ‘en tois tou patros mou’. Peut-être doit-on comprendre :« aux affaires de mon Père », qui sont mystère pour l’homme… La subtilité et la profondeur de cette affirmation de Jésus, chez Luc, se marque en tout cas par l’incompréhension première de ses parents… Joseph se tait et Marie confie cela à ‘la méditation de son cœur’. Ceci ne pourra prendre tout son sens que dans la suite de la vie de Jésus.
Jésus dit cela comme s’il n’était pas lui-même ou tout à fait lui-même en se limitant à la relation familiale qui l’unit à ses parents. Il semble dire : J’appartiens à votre famille, je suis votre fils, mais aux yeux de Dieu, je suis plus que votre fils et ce n’est pas avec vous seulement que je dois vivre. C’est auprès de mon Père que je suis pleinement Fils. Ma vraie maison est celle de mon Père, dont le Temple est un signe, mais dont tout l’univers et toute l’humanité sont les vraies demeures. Le psaume 83 de ce dimanche évoque ces deux demeures de Dieu : « Heureux les habitants de ta ‘maison’ … Dieu de ‘l’univers’ » ! Je suis frère de tous les hommes, et j’habite le monde et pas seulement à Nazareth. Des millions d’êtres humains habitent ce monde, et je me dois de leur faire connaître ‘mon’ Père, qui est leur Père, car ma vocation est d’être leur frère, car je dois leur révéler qu’avec moi et en moi, ils sont enfants du Seul Père.
Notons que le texte de Luc est plein d'allusions pascales : Jésus est venu à Jérusalem pour la fête de Pâque ; de plus il est introuvable pendant trois jours, chiffre symbolique de son séjour au tombeau ; enfin il se doit à l’œuvre du Père, cette œuvre pour laquelle, il est venu en ce monde, et qui n'est autre que sa mort et sa résurrection pour le salut de tous.
La « sainte famille » est ce lieu où Jésus a appris sa vocation, où il fera sienne la mission confiée par son Père, ‘sortira’ pour la réaliser ; Marie et Joseph au-delà de toute incompréhension ont éduqué Jésus pour qu’il soit ce qu’il était le Fils de Dieu, pour qu’il soit en plénitude le Fils de Dieu fait chair.
Puisse toute famille humaine être à l’image de cette ‘sainte famille’ lieu d’éducation et d’ouverture au devenir et à la liberté de tout enfant de Dieu ! - 30 décembre 2018

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