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HOMELIE

28 octobre
année 2017-2018

Année B - 30e dimanche du Temps Ordinaire - 28 octobre 2018
Jérémie, 31, 7-9 Hébreux, 5, 1-6 Marc, 10,
Homélie du F.Ghislain

Nous venons d’entendre l’évangile de Bartimée, le mendiant aveugle qui a demandé et obtenu la guérison. Que fait-il alors ? Il suit Jésus sur la route. Cette route est la dernière de Jésus : il monte à Jérusalem où, après avoir été bien accueilli en un premier temps, il va souffrir sa passion. D’abord béni comme le Fils de David, titre que Bartimée lui avait donné, il est ensuite injurié, flagellé, crucifié. Bartimée suit Jésus, d’abord sur un chemin de gloire, ensuite sur un chemin de croix.

Pour comprendre un peu mieux ce personnage, il est bon de nous souvenir des évangiles que nous avons entendus et médités ces derniers dimanches. Il y a eu l’épisode de parents qui amènent leurs petits enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. Les disciples de Jésus, - ceux donc qui l’ont suivi, - veulent les empêcher d’approcher ; Jésus se fâche et dit que le Royaume de Dieu n’appartient qu’aux enfants et qu’il faut le recevoir comme un enfant. Ensuite, nous avons entendu l’épisode du jeune homme riche : vertueux, fidèle, pratiquant, soucieux de progresser. Jésus l’aime et l’invite à sa suite, mais le jeune homme ne peut pas aller jusque là. Il ne se met pas à la suite de Jésus et s’éloigne triste. Et Jésus qui l’aimait reste triste, lui aussi. Mais l’épisode lui fournit l’occasion d’enfoncer le clou, si on peut dire ainsi, et de décrire crûment aux disciples qui l’ont suivi où il va, et où ils vont avec lui : vers la passion et vers la mort. Dimanche dernier, nous avions la suite : deux des disciples ont vu ce qui s’est passé, ont entendu les graves paroles de Jésus et ils les ont acceptées ; du moins prennent-ils leurs précautions pour la suite et demandent à Jésus les premières places dans le Royaume à venir. Jésus refuse la requête, ne promet rien, et répète ce qu’il vient de dire. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. C’est la dernière parole prononcée durant sa vie errante.

Nous comprenons alors le sens profond de l’histoire de Bartimée. Elle vient après celle de Jacques et Jean. Lui n’est pas disciple de Jésus, mais mendiant aveugle sur le chemin. Elle vient après celle du jeune homme riche. Lui n’est pas pratiquant selon la loi, il reste assis et il mendie. Comme eux cependant, il cherche à s’approcher de Jésus afin de recevoir de lui la lumière, mais, comme pour les enfants, on cherche à l’en empêcher. Cependant aussitôt qu’il l’a reçue, cette lumière, il se met à la suite de Jésus, En lui, pourrait-on dire, Jésus a trouvé le disciple parfait : vis-à-vis de lui, comme vis-à-vis de tant d’autres, il a fait miséricorde et il a guéri, mais le nouveau voyant le suit sans commentaire, sans exigence vers Jérusalem et le Golgotha.

Dans cette longue séquence évangélique donc, il y a ceux qui n’ont rien et ne sont même pas de « bons juifs » au sens où nous dirions aujourd’hui de « bons chrétiens ». Ils sont rabroués par ceux qui sont autour de Jésus. Mais Jésus gourmande ceux-ci et s’approche des autres, qui ont cherché à s’approcher de lui. C’est le dernier d’entre eux, guéri comme les autres, qui reste avec Jésus et où ira celui-ci, il ira lui aussi.

Cette séquence est un peu effrayante pour nous qui l’entendons ces semaines-ci. Car, puisque nous sommes ici ce matin, c’est bien parce que nous voulons nous approcher de Jésus. Nous sommes peut-être tous des chrétiens pratiquants et désireux de progrès : nous sommes le jeune homme riche. Les frères de cette communauté peuvent revendiquer à juste titre d’avoir tout quitté pour suivre Jésus : ils sont des disciples. Mais ni le jeune homme riche, ni les disciples ne sont les modèles que l’évangile invite à suivre. Ces modèles, c’est l’enfant, c’est un aveugle démuni sur un chemin de poussière, ceux que les disciples ont cherché à éloigner de Jésus.

Que pouvons-nous faire alors ? Oserais-je vous dire que je ne sais pas trop. Nous pouvons, nous devons garder notre pratique chrétienne et religieuse, car cela n’est pas condamné, certes, et que cela plaît à Dieu. Mais il nous faut aussi garder en mémoire ce Bartimée, penser à lui non pas une fois tous les trois ans, quand l’évangile de saint Marc est lu, mais souvent. Désirer atteindre ce sommet. Il y a un « plus » en lui, dont nous pouvons espérer la révélation. Cela nous conduira aussi à une humble approche des pauvres, des démunis, des périphéries dont parle sans cesse le pape François et que Jésus de fait privilégie. Et un jour peut-être, nous nous trouverons dans la situation des petits et des humbles qui remplissent l’évangile. Ce fut le cas pour Jean et Jacques, les disciples ambitieux de la première place dans le Royaume. Jacques, selon le témoignage des actes des apôtres, fut le premier apôtre à donner sa vie pour le Christ, décapité sur l’ordre du roi Hérode. A Jean, il fut donné d’entrer en profondeur dans le Mystère du Cœur ouvert de Jésus sur la Croix et de l’annoncer. Chacun à sa manière, ils ont reçu l’essentiel, peu importe la place qu’ils ont dans le Royaume.

Ainsi de nous, d’une façon que nous ne savons pas mais que nous pouvons espérer. « Aussitôt, il vit. Et il le suivait sur la route ». Bienheureux Bartimée, prie pour nous. Amen. (28 octobre 2018)

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