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HOMELIE

02 septembre
année 2017-2018

Année B - 22e Dimanche du temps Ordinaire - 2 septembre 2018
Deut. 4, 1-2, 6-8 Jacques 1, 17-18, 21b-22, 27 Marc 7, &-8, 14-15, 21-23
Homélie du F.Ghislain

Des lectures que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir et vous proposer un mot : « intérieur ». Jésus, affronté à des critiques virulentes concernant des pratiques rituelles, renvoie à l’intérieur. Non pas que les rites soient indifférents (« il faut des rites » disait le Renard au Petit Prince), mais pour être signifiants, ils doivent procéder du cœur et reconduire au cœur. Ils sont au service de l’Eglise, Corps du Christ, s’offrant à Dieu avec lui. S’ils sont détachés de cette intention intérieure, s’ils deviennent pure loi liturgique, ils demeurent stériles. Mais s’ils expriment l’amour du Christ pour son Père et pour les hommes et le souci pour nous d’y participer, alors, à leur place, ils construisent ce que le pape Paul VI appelait l’Eglise de la Charité.

Or en fait, dit Jésus, le cœur de l’homme, des hommes est malade. Il fait une liste de tout ce qui l’encombre et crée du malheur. Il y a douze mots négatifs dans ce texte qui touchent à l’argent convoité, à la sexualité non maîtrisée, à l’orgueil. Ils provoquent, l’Ecriture le dit ailleurs, la désunion, l’opposition, les guerres de toute nature, ils détruisent.

N’avons-nous pas là une clef de lecture pour évaluer les difficultés de notre monde qui semblent aller s’additionnant et mettent parfois à l’épreuve notre espérance ? En lisant ou en écoutant les nouvelles de ce monde en ce moment, nous avons l’impression que, une fois de plus, se réalise la description du prophète Isaïe au début du livre : Toute tête est malade, tout cœur exténué De la plante des pieds à la tête, rien d’intact ; Blessures, plaies récentes ni nettoyées ni bandées, ni adoucies avec de l’huile Votre pays est désolé, vos villes dévastées Votre terre devant vous, des étrangers la dévorent Elle est désolée et comme bouleversée par l’envahisseur » (Is. 1, 6-7). Ceci concerne les pays, les continents, les religions, les christianismes, et nous voyons aujourd’hui, en ce moment, que notre Eglise catholique n’est pas indemne, loin de là. Nous avons peur pour nous, mais davantage peut-être pour la jeunesse : quel peut être son présent, son avenir ?

Il me semble que cette situation présente est un appel très concret, que chacun d’entre nous doit entendre : retourner au cœur, vérifier notre cœur. Je ne peux pas changer la face du monde, mais je peux essayer d’améliorer la mienne. Reprendre chacun des mots de la liste que nous avons entendue, et voir si et en quoi elle me concerne. Prier pour obtenir la lucidité qui fait voir, le courage qui permet la lutte. Comprendre que, autour de moi, il y a des gens qui attendent ces progrès et pourront en vivre.

Mais aussi, épeler une d’autres listes, positives celles-ci, et voir de même ce qui leur correspond en nous. Voici celle de la lettre aux Galates, que nous lisons en ce moment à l’Office divin ici à la PQV : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ». Cela aussi, grâce Dieu habite le cœur de l’homme. Ce sont des fruits de l’Esprit, répandus en nous au baptême et qui ne nous ont jamais été retirés. Et ceux-là aussi sont à l’œuvre dans le monde, et pas seulement chez les chrétiens. Il est important, je crois, de reconnaître comment ils sont à l’œuvre, eux aussi, en nous, en moi, dans les gens alentour.

Le combat du monde, si on va au fond des choses, n’est pas affaire de chair et de sang, mais d’affrontement des cœurs. Les nouvelles des journaux sont en réalité le compte-rendu de ce combat invisible des cœurs. Il ne nous appartient pas, à chacun, de changer tout le cours des choses, mais nous pouvons, en écoutant le cœur spirituel qui nous habite, mettre quelque chose en route ou soutenir quelque chose de vrai.

Les propos que je vous tiens ce matin sont le fruit de la méditation douloureuse que les événements actuels de la vie de l’Eglise ont suscité en moi et que je partage avec vous. Comment réagir sainement, sinon en examinant notre cœur, en rejoignant les cohortes invisibles d’hommes et de femmes de bonne volonté qui vivent bien, dans la persévérance et l’espérance ? Je pense que, par là, nous pouvons être, dans notre petitesse, à la hauteur de la conjoncture. C’est pourquoi je nous invite à prendre le temps d’examiner devant Dieu où en est votre cœur afin que, malgré les apparences contraires, l’évangile grâce à vous progresse en ce monde. - 2 septembre 2018

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