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HOMELIE

29 juillet
année 2017-2018

Année B - 17ème dimanche du temps ordinaire, 29 juillet 2018
2 Roi 4 42-44; Eph 4 1-6 ; Jn 6 1-15
Homélie du F.Bernard

Dimanche dernier, nous entendions l’Évangile de Marc. Jésus entrainait ses disciples à l’écart, en un lieu désert, pour qu’ils se reposent un peu, après leur tournée apostolique. Peine perdue ! Les foules avaient tôt fait de repérer où ils allaient, et les avaient rejoints. Alors Jésus s’était mis à les instruire longuement. Ainsi se terminait l’Évangile. Rien n’était dit alors de l’enseignement donné par Jésus en ce moment décisif de son ministère, celui où il allait nourrir les foules. C’est pour combler cette lacune- si ce mot convient, car l’Évangile de Marc a sa logique- que la liturgie fait le choix d’interrompre la lecture de cet Évangile, pour nous faire entendre pendant cinq dimanches consécutifs l’Évangile de Jean, avec la multiplication des pains et le discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm qui lui fait suite. Bien évidemment, changer d’Évangile, c’est changer de cadre, changer de circonstances, au moins pour une part. L’Évangile de Marc n’est pas celui de Jean, mais de toutes manières l’horizon est pour nous l’eucharistie que nous allons célébrer et à laquelle l’Évangile nous prépare. Ce lieu à l’écart où Jésus convoque les siens, que les foules rejoignent, c’est aussi cette église qui nous rassemble, un peu à l’écart dans la forêt du Morvan, le lieu pour entendre ce matin le Christ nous dire : « Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous soulagerai, et vous trouverez le repos pour vos âmes. » (Mt 11, 28-30) La Montagne où Jésus se rend, c’est aussi le lieu de son enseignement, depuis le Sermon inaugural sur la Montagne. C’est là que Jésus convoque ses disciples après Pâques, pour les envoyer enseigner à toutes les nations. Ce matin, nous sommes aussi sur la Montagne avec le Seigneur. Enfin l’approche de la Pâque rappelle l’évènement fondateur de l’Alliance, lors de l’Exode et de plus pour nous chrétiens l’eucharistie et le sacrifice de la Croix. Alors Jésus prit les quelques pains d’orge et les poissons que lui donnait un jeune garçon. Il rendit grâces. Il les rompit et les donna aux disciples qui les donnèrent aux foules. Tous furent rassasié. Il y avait environ cinq mille hommes. Et il y eut du reste : douze paniers pleins de morceaux de pain. Chacun a fait son travail et le Seigneur a fait le reste. Peut-être instinctivement cherchons-nous dans l’Évangile du merveilleux, de l’insolite, du spectaculaire ? Ce serait une erreur. Rien de tel ici, pas plus d’ailleurs quand Élisée nourrit cent personnes avec le peu de provisions dont il dispose (2R 4, 42-44). Le mot miracle est-il le meilleur ? En tout cas l’Évangile de Jean lui préfère le mot de signe. La multiplication des pains est l’un des sept signes par lesquels cet Évangile entend dire le mystère de Jésus. Dans nos vies de même, ou autour de nous, peut-être sommes-nous trop portés à chercher du miraculeux, au risque de de ne pas voir les signes que le Seigneur inscrit dans le réel de nos vies, et par lesquels il nous manifeste bien plus réellement sa présence ? La multiplication des pains…un signe. Mais signe de quoi ? Signe de l’attention de Jésus aux besoins prioritaires de la foule qui l’écoute depuis bien longtemps. Sans doute, mais est-ce suffisant ? Signe de la compassion du Seigneur pour la foule sans Pasteur. Certainement. Signe plus encore que la merveille de l’Exode se continue et s’accomplit. Au désert les foules avaient été nourries par un aliment inconnu jusqu’alors, la manne. Elles le recevaient jour après jour comme venant de Dieu, comme don du Ciel. Mais alors ce pain multiplié ne signifie-t-il pas que le prophète annoncé par Moïse pour l’avenir (Dt 18, 15) est là en la personne de Jésus ? « C’est vraiment lui, le grand Prophète, celui qui vient dans le monde » disent les foules avec raison. C’est lui le Messie. Malheureusement ces mêmes foules attendent du Messie un rôle politique, qu’il libère Israël du joug romain, qu’il rétablisse l’autonomie politique du royaume d’Israël. Jésus n’est pas venu pour cela. Alors il se retire tout seul, dans la montagne. C’est sur la croix, que le saint Serviteur de Dieu clouera le péché du monde, qu’il apportera la libération à Israël et sauvera le monde. La multiplication des pains est un tournant dans la vie de Jésus. Présentement les foules ne veulent plus le lâcher tant qu’il n’aura pas dit avec quelle autorité il a accompli ce signe. Jésus le fera dans le discours à la synagogue de Capharnaüm. Ce sera une parole dure à entendre pour l’auditoire, « scandaleuse même pour les Juifs, folle pour les païens, mais porteuse de la puissance de Dieu et de la sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent » (1 Cor 1,23-24). Nous allons à l’instant rompre le pain, selon le commandement du Seigneur, le pain unique distribué à tous pour que tous nous devenions corps du christ. Comme Pierre, nous pouvons redire dans la foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous savons et nous croyons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69) - 29 juillet 2018

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