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HOMELIE

08 juillet
année 2017-2018

Année B - 14e dimanche Ordinaire - (08/07/2018)
(Ézékiel 2, 2-5 – Ps 122 – 2 Corinthiens 12,7-10 – Marc 6, 1-6)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche sont tout sauf une propagande triomphaliste pour Dieu et ses envoyés.
D’Ézékiel au Christ en passant par saint Paul, il ne s’agit pas de super-héros à qui tout réussirait mais de personnes fragiles confrontées à des obstacles, parfois intérieurs, et dont le succès n’est pas éclatant, il faut bien le reconnaître.
Ézékiel n’a pas la tâche facile. Il est envoyé vers un peuple, le peuple d’Israël, le peuple de Dieu. Or même Dieu n’en est pas maître tant il se rebelle. On a même l’impression que Dieu est désabusé « qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ». Aucune garantie n’est donnée au malheureux prophète sinon celle-ci : en proclamant « Ainsi parle le Seigneur » Ézékiel se fera connaître comme prophète, envoyé pour parler au nom de Dieu. Reste au peuple la liberté de l’écouter ou non. Fragilité de l’envoyé du Seigneur à qui rien n’est garanti, sinon qu’il est envoyé par le Seigneur, ce qui est l’essentiel.
Quant au Christ, là aussi, il n’y a aucun triomphalisme, bien au contraire. On peut dire que son ministère échoue dans son lieu d’origine, dans le village où il a grandi. A croire qu’il n’y a pas laissé un souvenir extraordinaire. Au contraire, le souvenir qu’il a laissé est sans doute trop ordinaire pour que ses compatriotes le reconnaissent comme envoyé par Dieu. On peut être quand même étonné, nous qui, parfois, pouvons être si avides de miracles pour conforter notre foi. En effet, les concitoyens du Christ, qui, eux, connaissent ses miracles, sont pourtant choqués, loin de croire en lui. Il est vrai que « nul n’est prophète en son pays » mais quand même … En tout cas, le ministère du Christ tourne court chez lui et c’est dans les alentours qu’il se décide à aller enseigner, car annoncer le Royaume de Dieu le brûle. Aucun reproche du Christ à ses compatriotes. Mais ce refus annonce un autre refus, plus radical, qui conduira le Christ à la croix.
Saint Paul, lui, qui a reçu des révélations extraordinaires, doit constater néanmoins sa faiblesse, sa fragilité qui l’abandonnent totalement au Christ et à sa grâce. Là aussi, il n’est pas question de triompher. Ses révélations ne lui donnent aucune puissance, aucune force particulière. Nous sommes loin des contes de fées ou de la magie.
Frères et sœurs, à une époque où nous pouvons nous sentir parfois bien fragilisés dans notre foi ou dans notre désir d’annoncer le Christ, ces lectures ont sans doute beaucoup à nous dire.
Nous en avons parfois fait l’expérience, il peut être plus difficile de témoigner du Christ et de son message auprès de nos proches, dans nos familles, auprès de ceux qui nous connaissent bien. Cela peut nous troubler comme cela a troublé le Christ. Il n’a pas eu la vie plus facile que nous. Sa parole et même ses miracles n’ont pas été reçus par ceux qui l’avaient vu grandir de leurs yeux.

  Le prophète Ezékiel, lui non plus, n’a pas eu la vie facile. Et Dieu lui-même l’a prévenu combien ses auditeurs, pourtant proches de lui, pouvaient être durs d’oreille. Faut-il nous étonner qu’il en soit encore de même aujourd’hui ? Le message évangélique n’a rien d’évident et il prend à rebours bien des sensibilités, bien des dogmes de notre société.
Saint Paul, lui, nous donne peut-être la clé pour nous aider à garder confiance. Lui qui a fait une expérience spirituelle unique, se retrouve presque paralysé par cette écharde dans la chair qui reste mystérieuse car l’essentiel n’est pas de la connaître. L’essentiel, et Paul nous le dit sans hésitation, c’est la grâce du Christ qui seule peut venir en aide à sa faiblesse, à nos faiblesses. Paul ira jusqu’à dire : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » car il accepte cette faiblesse pour le Christ. Avouons que cela ne correspond pas aux mentalités d’aujourd’hui. Avouons que nous peinons à nous confier au Christ à ce point.
Nous sommes certainement tous plein de bonne volonté et nous souhaitons un monde où règne l’évangile. Où tout le monde serait à l’écoute du message du Christ qui nous aide tant à vivre. Peut-être aimerions-nous être mieux entendus, mieux compris. Mais il n’en est pas ainsi comme pour le Christ, et, avant lui, pour le prophète Ezékiel ou saint Paul.
Il ne nous reste que la grâce du Christ, mais c’est sans doute là l’essentiel. Chaque fois que nous tenterons de posséder le message du Christ pour nous en faire le propriétaire et essayer d’être le plus performants possible, nous risquons fort d’échouer car, sans doute inconsciemment, nous essayons de faire mieux que le Christ. L’Eglise a pu croire que, par sa force, sa puissance intellectuelle, culturelle voire politique, elle pourrait amener tout le monde à croire au Christ. Elle a pu croire en la réussite de son projet mais force est de constater aujourd’hui qu’il y a bien du chemin à faire. Peut-être nous faut-il réaliser que c’est Dieu qui est le maître de l’histoire, y compris de l’histoire de l’annonce de l’évangile.

Confions donc au Seigneur le soin de travailler les cœurs, essayons, nous-mêmes, d’être des témoins authentiques. Le pape François nous donne beaucoup d’exemples bien concrets à ce sujet. Rappelons-nous que le Christ a bien peiné. Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître. Nous pourrions alors avoir d’heureuses surprises et réaliser combien le Seigneur peut réaliser de belles choses dans le cœur des gens, bien plus que nos stratégies et nos efforts calculés. AMEN - 8 juillet 2018

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