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HOMELIE

08 juin
année 2017-2018

Année B - SACRE CŒUR - 08 juin 2018
Os 11, 1, 3-4, 8c-9 ; Ep 3, 8-12, 14-19 ; Jn 19, 31-37
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et Sœurs, Devant le tombeau vide, Jean a vu les linges et le linceul bien disposés à leur place et il a cru en la résurrection de Jésus. De même, face au cadavre de Jésus, Jean rapporte le coup de lance qui laisse jaillir le sang et l’eau, afin que ses lecteurs croient à leur tour qu’un don éminent leur est fait à cet instant. A travers ces signes très anodins, Jean voit bien davantage. Il nous entraine à entrer dans un autre regard sur Jésus. A sa suite, l’Eglise n’a cessé de scruter ce mystère du cœur percé de Jésus dans la lumière de sa mort et de sa résurrection. Elle nous apprend à vénérer ce cœur pour y reconnaitre les merveilles de l’amour de Dieu pour nous, comme le priions en début de célébration…
Un verset de la lecture d’Osée a retenu mon attention ce matin… « Ils ont refusé de revenir à moi : vais-je les livrer au châtiment ? Non ! Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai plus selon l’ardeur de ma colère »… « Mon cœur se retourne contre moi… » La note de la bible de Jérusalem dit que ce verbe « se retourne » est « un mot très fort », le même qui est employé pour dire la destruction de Sodome et Gomorrhe et qui sera traduit par « dévaster, renverser »… Et la note poursuit : « Osée laisse entendre que le châtiment envisagé est comme vécu d’avance dans le cœur de Dieu »… Ce texte est riche car il nous fait entrer dans la vision du prophète Osée qui relit la belle histoire d’alliance entre Dieu et son peuple, une histoire où se révèle le cœur de Dieu. Le cœur de Dieu qui nous est montré ici, n’est plus le cœur de l’époux comme au début du livre d’Osée. Mais c’est le cœur d’un Dieu Père, voire Mère, qui apprend à son peuple à marcher, qui l’attire comme un nourrisson tout contre sa joue. « Je me penchais vers lui pour le faire manger »… Mais cette prévenance de Dieu pour son peuple ne rencontre que résistance et refus. Le peuple n’entend pas l’amour de Dieu pour lui. Il reste attaché aux idoles et aux Baals. Le prophète Osée nous laisse entrevoir combien cette situation est douloureuse pour Dieu lui-même. Il suggère un conflit intérieur, exprimé avec nos images et nos mots humains. L’image très spontanée du châtiment vient à l’esprit pour sortir du conflit et venger l’affront subi et l’amour blessé. Mais Dieu est Dieu et non pas homme. Si le cœur d’un homme se répand en colère contre un autre homme, le cœur de Dieu se retourne contre lui. Il prend sur lui la douleur de l’amour méprisé et rejeté. « Au milieu de vous, je suis le Dieu saint et je ne viens pas pour exterminer ».
Frères et sœurs, l’intelligence que le prophète Osée nous livre du cœur de Dieu blessé, dévasté par l’infidélité de son peuple qu’il prend sur lui, apporte un singulier éclairage sur le cœur transpercé de Jésus en croix. En ce moment unique se vit la tension extrême entre un amour offert et un mépris, une méprise totale de cet amour par les hommes aveuglés. Le cœur de Jésus est dévasté par l’infamie des hommes, mais il se donne encore dans le sang et l’eau offerts. Mystère de l’Amour de Dieu révélé en ce cœur. Mystère de l’Amour de Dieu qui n’a d’autre vengeance que celle de son propre don jusqu’au bout. Mystère de l’Amour de Dieu qui n’a d’autre victoire que de partager sa vie à tous les hommes, à travers celle du Ressuscité. Mystère du cœur de Jésus, cœur plus humain et cœur plus grand qu’aucun des cœurs des fils de la terre. Comme l’Eglise nous y invite, à la suite de Jean, vénérons-le et contemplons-le dans la prière. Laissons-le toucher notre propre cœur, comme le P. Muard en a eu l’intuition et le privilège en 1839 à Avallon, afin qu’il se laisse toucher et émouvoir pour aimer à notre tour. Déjà en cette eucharistie, approchons-nous du cœur de Dieu.- 8 juin 2018

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