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HOMELIE

06 mai
année 2017-2018

Année B - 6e dimanche PÂQUES - (06/05/2018)
Homélie du F.Jean-Louis (Actes 10, 25-26.34-35.44-48 – Ps 97 – 1 Jean 4, 7-10 – Jean 15, 9-17)

Jeudi prochain, l’Eglise fêtera l’Ascension du Christ, sa montée vers le Père. Les lectures de ce dimanche qui précède semblent constituer un testament ou LE Testament du Christ. Dans la première lecture, il y a cette révélation aux chrétiens d’origine juive que l’Esprit saint pouvait être donné aux autres nations, à toutes les nations. C’est ce que nous fêterons dans quinze jours avec la fête de la Pentecôte. Et puis, il y a « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et dans la seconde lecture et l’évangile de ce jour, il n’y a pas moins de 20 emplois des mots aimer, amour, amis, … n’est-ce pas le message fondamental du Christ ? N’est-ce pas la consigne qu’il nous laisse ? Qu’il laisse à tous ses disciples ?
Nous pourrions nous dire : « Eh bien, mettons cela en pratique » … Mais nous savons tous, par expérience, que ce n’est pas si simple. Nous sommes certainement tous d’accord avec ce précepte mais que veut dire aimer comme Le Christ nous a aimé ? Et surtout : comment faire ? N’est-ce pas impossible, hors de notre portée, irréaliste ?
La Bible, bien sûr, nous parle d’amour, amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ a dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » et les commandements de Dieu, dans la Bible , c’est notamment de veiller sur les 3 catégories typiques de personnes défavorisées en Israël : la veuve, l’étranger et l’orphelin. Voilà qui est déjà assez d’actualité.
Une actualisation très récente de l’enseignement biblique sur l’amour nous a été donnée par le pape François dans sa dernière exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate » (« Réjouissez-vous et exsultez ») sur l’appel à la sainteté. Je voudrais m’appuyer sur quelques passages de ce long texte pour nous aider à cheminer sur ce chemin de l’amour, de la sainteté.
Le pape François, dans la première partie de son exhortation, écrit :
7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’
Ainsi, pour le pape, le Christ ne nous demande pas d’accomplir des actes extraordinaires pour aimer, pour être saints. Nous risquons souvent de penser qu’aimer comme Dieu est hors de portée à un point tel que ça ne nous concerne pas. Le pape François continue :
14. Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels Ainsi, la sainteté n’est pas liée à un état de vie particulier. Toutes et tous nous sommes appelés à répondre à l’appel de Dieu dans notre vie quotidienne ordinaire. Le pape François se situe là à la suite de la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux. Il poursuit encore :
15. Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie. Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’.
La seconde lecture disait : « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »Le péché, la fragilité font partie de notre chemin. Apprenons à nous tourner vers le Christ en n’oubliant pas cette merveilleuse phrase chantée dans l’Exsultet la nuit de Pâques : « Heureuse était la faute qui nous valut pareil Rédempteur. » Tout l’optimisme chrétien est là.
Frères et sœurs, nous pouvons parfois être écrasés par notre propre interprétation de la Parole de Dieu. Nous pouvons parfois y chercher un idéal qui nous décourage. Pourtant, ce que le pape François propose concrètement comme chemin de sainteté n’est pas un chemin de facilité et il demande le secours de l’Esprit Saint. Mais ce chemin est réaliste et surtout il s’appuie non pas sur notre vision de la sainteté, de l’amour, mais sur le réel de ce qui nous est demandé de vivre tout simplement.

  Je terminerai par un risque évoqué par le pape et qui est d’autant plus dangereux qu’il peut se cacher derrière une apparence très spirituelle.
26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.
27. L’Esprit Saint peut-il nous inciter à accomplir une mission et en même temps nous demander de la fuir, ou d’éviter de nous engager totalement pour préserver la paix intérieure ? Cependant, nous sommes parfois tentés de reléguer au second plan le dévouement pastoral ou l’engagement dans le monde, comme si c’étaient des ‘‘distractions’’ sur le chemin de la sanctification et de la paix intérieure. On oublie que « la vie n’a pas une mission, mais qu’elle est mission ».
Ce danger ne menace pas que les moines. Le critère de la prière juste est l’attitude envers le prochain. Ainsi se trouve résumé, car le pape dit encore bien d’autres choses dans ce document, quelques moyens concrets à mettre en pratique pour vivre les lectures de ce jour. Sachant que l’imagination de l’Esprit peut nous en inspirer bien d’autres.
Sachons nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint, c’est Lui qui nous donnera d’accomplir la volonté du Christ. N’oublions pas non plus que l’Esprit Saint n’est pas réservé aux croyants. La première lecture nous rappelle bien qu’Il est destiné à toutes les nations et toutes les nations sont appelées à la sainteté dans un cheminement dont Dieu seul connaît le parcours. Confions-nous à Lui et confions l’humanité entière à sa Force, à sa Puissance qui peut tout dans l’ordre du Salut.
Alors se réalisera ce que la prière d’ouverture de cette messe énonçait : « que le mystère de pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. » AMEN - 6 mai 2018 -

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