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HOMELIE

29 avril
année 2017-2018

Année B - 5e dimanche Pâques - 29 avril 2018
Actes, 9, 26-31 1 Jean 18-24 Jean 15, 1-8
Homélie du F.Ghislain

Dans l’évangile d’aujourd’hui, il est question de vignes. Pas très loin d’ici, au nord dans le Chablis, il y a des vignes. Au sud, il y a les prestigieux vignobles de la région de Beaune. Un jour ou l’autre, sans doute nous nous sommes approchés des rangs de vignes et nous avons regardé de près les ceps et les sarments.

Nous avons peut-être remarqué que, souvent, les meilleurs vins sont récoltés sur des vignes très basses, lourdes, contournées, avec de grosses rides. Quant aux sarments, à la fin de l’hiver ou au début du printemps, ils apparaissent dans toute leur réalité austère. Ils sortent du cep, mais ils ont été taillés: on les a coupés sur la longueur, parfois on a supprimé des rejets et on les a fixés sur la ligne de fil de fer, en les courbant et les tordant. Il faut leur faire prendre une forme qui permette à la sève de les pénétrer bien complètement, et aussi qui répartisse le poids des grappes lorsque celles-ci apparaîtront et se développeront. En somme, la situation du sarment n'est pas très agréable, au moins au début. Ensuite peut-être s'habitue-t-il à sa position et s'aperçoit-il qu'elle est juste et exacte; il se sent solidement attaché au cep et sent aussi la sève qui monte et circule en lui. Plus tard, en été, lorsque viennent les feuilles, les fleurs, les fruits, il se sent en état de les porter sans rompre; et, s'il disparaît sous la frondaison, le sarment devient beau et fécond. Il en éprouve sans doute quelque joie. A la vendange en automne, il supporte sans doute d'être privé de tout le raisin, car il sent obscurément que le fruit que l'on porte est pour être donné. Puis le cycle recommencera, jusqu'au jour où, ayant longtemps porté du fruit, le sarment sera trop vieux; on le coupera et de plus jeunes seront, à leur tour, soumis à la taille.

Inversement, dans une vigne sauvage ou abandonnée, nous voyons les sarments qui poussent indéfiniment, sans direction particulière, chacun pour soi en quelque sorte. Il y a des gourmands qui s'étendent longuement et rampent sur le sol. Sarments et gourmands ont peut-être une impression de liberté, rien ne les contraint. Mais, quand, au printemps, la sève monte, il y a trop de canaux et ils sont trop longs; alors la sève se perd; chaque sarment en reçoit peu; il porte des feuilles, mais petites; les grappes sont rares et, quand il y en a, les grains sont clairsemés, ils ne grossissent pas ils sont, amers au goût et il n'est pas questions de vendanges. Les sarments finissent par se détacher du cep, ils tombent sur le sol et pourrissent.

En nous proposant cette parabole, Jésus nous rappelle que la vie des hommes est austère, traversée, qu’on le veuille ou non, d’épreuves dont certaines sont à la limite du supportable. Est-elle plus difficile aujourd’hui qu’hier ? Je ne sais pas, mais j’entends souvent des personnes âgées s’inquiéter pour leurs enfants et petits-enfants : c’est plus dur aujourd’hui que de notre temps ; comment vont-ils y arriver. ? En tous cas, il y a là un fait que nous ne comprenons pas, mais qui s’impose à nous. La vie n’est pas une vigne abandonnée et inféconde. C’est une vigne entretenue, belle, féconde et qui porte fruit sans que nous sachions toujours comment et combien, mais il faut y mettre le prix. Et Jésus nous donne aussi une clef pour ne pas être perdus dans l’existence et ne pas désespérer. « Demeurez en moi » dit-il. Et dans la seconde lecture que nous avons entendue, il nous explique ce que veut dire « demeurer » : mettre notre foi dans le nom de Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres. Il y aurait une autre homélie à faire sur ces trois expressions : demeurer, le nom de Jésus, l’amour mutuel. Elles nous disent comment vérifier le lien de nos vies, ce qui leur permet d’être fécondes, de porter du fruit, quelles que soient les apparences contraires. Ne laissons pas s’effacer les propos de Jésus, mais tâchons au contraire de garder toujours vive dans notre cœur, dans notre mémoire, cette image du ceps et des sarments et ces mots qui nous en donnent le sens. Et si parfois, souvent, nous manquons ou ne sentons pas à la hauteur, le texte continue : « Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur ». Alors nous pourrons, avec force et douceur, continuer notre chemin, garder la paix et aider les hommes. - 29 avril 2018

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