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HOMELIE

04 mars
année 2017-2018

Année B - Troisième dimanche de Carême, 4 mars 2018
Ex 20, 1-17 ; 1 Cor 1,22-25 ; Jn 2,13-25

L’Évangile de ce jour : un geste et une parole. Le geste est violent, subversif, intolérable pour les autorités du Temple. La parole est la réponse de Jésus à la demande des grands-prêtres de justifier ce qu’il vient de faire : « Quel signe nous donnes-tu pour agir ainsi ? »
Jésus a chassé les vendeurs d’animaux et leur bétail des parvis du Temple, avec des fouets de corde. Il a renversé les tables des changeurs de monnaie avec leurs pièces. Beau désordre !
Dans l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre, l’épisode se situe au début du ministère de Jésus, mais significativement lors d’une fête de la Pâque. Dans les Synoptiques, il est l’aboutissement de la longue montée de Jésus jusqu’à Jérusalem et au Temple ; il est aussi comme le prélude à sa Passion-Résurrection ; il confirme un peu plus les grands- prêtres dans leur décision de le mettre à mort.
Cette scène, telle qu’elle est rapportée, se comprend mieux dans ce dernier contexte, car Jésus a fait son entrée à Jérusalem dans l’enthousiasme des foules, qui l’ont acclamé avec les mots du ps.117 : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au fils de David. » (Mt 21,9). Sans cet enthousiasme les gardiens du Temple auraient très vite arrêté le geste de Jésus. Mais là, à ce moment précis, ils craignaient la foule et ont laissé faire.
Certes les vendeurs d’animaux, avec leurs troupeaux, étaient nécessaires dans l’enceinte du Temple pour permettre aux pèlerins d’acheter des bêtes en vue des sacrifices. De même les changeurs avec leurs comptoirs. La monnaie officielle, à l’effigie de l’empereur, n’avait pas cours au Temple ; il fallait l’échanger contre une autre qu’on devait se procurer sur place. Mais bien sûr, ces transactions commerciales permettaient aussi de fructueux bénéfices. On comprend alors la parole de Jésus : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Une maison pour Mammon, le dieu-Argent. Cela, nous l’entendions déjà dans la première lecture, où le Seigneur avait dit au Sinaï : « Tu n’auras pas d’autre dieu que moi. Je suis un Dieu jaloux. » Ici Jésus est en continuité avec les prophètes qui bien souvent avaient dénoncé aussi le formalisme du culte, qui restait extérieur à l’homme, ne convertissait pas les cœurs et procurait à bon compte une fausse sécurité. « Le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne l’agrée pas, avait dit le Seigneur, par l’intermédiaire de son prophète. Mais que votre justice coule de vos mains comme un torrent qui ne tarit pas. » (Am 5,23-24)
Cependant il y a plus. Le geste de Jésus n’est pas seulement contestataire, il est prophétique, il est même messianique, car toute prophétie concerne finalement le Christ. Son geste annonce la fin du culte ancien et le début du nouveau. Cela, les foules qui avaient accueilli Jésus entrant à Jérusalem, l’avaient peut-être pressenti, ne fut-ce qu’un moment. Les disciples sans doute davantage. L’Évangile de Jean nous dit en effet qu’ils se sont alors rappelé la parole de l’Écriture tirée du ps.68,10 : « L’amour de ta maison fera mon tourment. », ce qu’on pourrait traduire aussi: « Le zèle de ta maison me dévorera. », et penser à la mort du Seigneur qui suivra.
Jésus par ce geste accomplit les Écritures. Les disciples ont pu peut-être se remettre en mémoire d’autres paroles des Écritures plus précises, comme celle du prophète Malachie : « Soudain viendra dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez. Il est comme la lessive des blanchisseurs. Il purifiera les fils de Lévi-- les prêtre du Sanctuaire-- qui présenteront l’offrande avec justice. » (Mal 3,1-4) ou encore davantage celle de Zacharie : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison du Seigneur, en ce jour-là. » (Za 14,21).
Jésus à cet instant annonce le culte nouveau, le culte en esprit et vérité, en son propre Corps qui va passer par la mort et ressusciter : « Détruisez ce Sanctuaire et en trois jours je le relèverai. » Pour justifier son geste, Jésus annonce le signe de Jonas comme il l’a fait au cours de son ministère quand on lui avait demandé un signe authentifiant sa mission. C’est le signe de la Croix que nous recevons dans la foi, cette Croix qui préside à notre célébration.
Alors nous pouvons reprendre les paroles si importantes de l’Apôtre : « les Juifs réclament des signes et le monde grec recherche la sagesse. Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux que Dieu appelle, pour nous, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu, car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu plus forte que les hommes. » Sur la Croix Jésus nous révèle et nous donne son Amour sauveur. - 04 mars 2018

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