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HOMELIE

22 octobre
année 2016-2017

Année A - 29ème dim. du T.O. (22octobre 2017)
Is 45,1.4-6 ; 1 Th 1,1-5b ; Mt 22,15-21
Homélie du F.Bernard

« Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7,46). C’est par ces mots que les gardes du Temple répondent au Grand Prêtre qui les a chargés d’arrêter Jésus. Peut-être cette parole nous revient-elle aussi en mémoire quand nous entendons certains évangiles, tant l’autorité de Jésus, son autorité divine, s’y manifeste ? N’y aurait-il pas déjà quelque chose de cela, dans l’Evangile de ce matin, quand les Pharisiens et les partisans d’Hérode, qui pourtant viennent tendre un piège à Jésus, lui disent au préalable : « Maître, tu es toujours vrai, et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ? Car c’est bien un piège qui est tendu à Jésus, avec la question : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur, à César ? » Toute réponse par oui ou par non, comme les adversaires de Jésus le demandent, serait fausse. L’impôt n’est pas de l’ordre de la permission. Il est imposé. Il oblige tous les sujets de la Palestine, sauf à vivre dans la clandestinité et la révolte ouverte, comme les Zélotes. Et la preuve que tous sont soumis au pouvoir romain est que tous ou presque ont dans leur poche ou leur bourse quelque pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur. Elle sert aux transactions commerciales. Elle est le signe concret de l’autorité de Rome. Que répond Jésus ? « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Puisque vous utilisez la monnaie qui porte l’image de l’empereur, vous reconnaissez son autorité sur vous, reconnaissez du même coup que vous appartenez à Dieu, puisque vous êtes créés à l’image et ressemblance de Dieu, vous portez son image selon l’enseignement de la première page des Ecritures. Jésus reconnait ainsi deux pouvoirs, et distingue deux autorités, l’autorité politique, chargée de la gestion de l’espace public et du bien des personnes, avec ses droits et devoirs, et l’autorité spirituelle qui procède de Dieu. Rome a imposé son pouvoir sur la Palestine en l’an 63 avant Jésus-Christ, sous Pompée, pouvoir mal supporté certes par le nationalisme juif. Mais était-il plus mauvais que le pouvoir exercé auparavant par les ancêtres d’Hérode ? Pas si sûr ! Rome a apporté la paix, une paix armée sans doute, la Pax Romana, mais paix tout de même : ce n’est pas rien. Rome a construit dans tout l’empire un réseau de routes, ces voies romaines qui subsistent encore en bien des endroits dans tout le Bassin Méditerranéen : elles seront une grande aide pour la propagation de l’Evangile. Et Paul préférera se faire juger par la justice de Rome, plutôt que par le tribunal suprême de son peuple, le Sanhédrin de Jérusalem. Jésus reconnait l’autorité de l’empereur, il reconnait l’autorité de Pilate, nommé par le pouvoir. Jugé par lui, lors de sa Passion, il dira : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19,11). Le prophète Isaïe pour sa part dans la première lecture appelait Cyrus, le vainqueur du roi de Babylone, qui autorisa les Juifs exilés à rejoindre leur patrie et à reconstruire le Temple de Jérusalem, en l’an 538 avant Jésus-Christ, le « consacré du Seigneur », littéralement le Messie du Seigneur. Un texte de l’Ecriture va même jusqu’à nommer Nabuchodonosor, le roi assyro-babylonien qui aura détruit Jérusalem en l’an 587 et exilé les Juifs, le « serviteur de Dieu « (Jr 27,6). Mais l’autorité politique aura aussi à rendre compte de sa gestion du bien public, au jugement de Dieu. De plus son pouvoir reste limité. Il ne peut prétendre s’exercer sur les consciences. César n’est pas Dieu, ni Cyrus, ni Nabuchodonosor. Quand l’autorité de Rome tendra à être sacralisée, quand les empereurs exigeront des chrétiens qu’ils sacrifient aux dieux de Rome et qu’ils s’érigeront eux-mêmes en quasi-divinités, les chrétiens devront refuser d’obéir au nom de leur foi, préférant mourir plutôt que de sacrifier aux idoles. Cette semaine nous aurons célébré saint Ignace d’Antioche le célèbre évêque, martyr du IIème siècle, et aussi ces autres martyrs qui ont fondé notre Église de Sens-Auxerre, les saints Savinien et Potentien. « Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur » (Rm13,7), mais « rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». C’est ce que nous voulons faire en cette eucharistie : offrir nos personnes et nos vies, en sacrifice saint, agréable à Dieu. C’est là le sacrifice spirituel que nous avons à rendre (Rm 12,1). - 22 octobre 2017

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