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HOMELIE

17 septembre
année 2016-2017

Année A - 24° dimanche du Temps Ordinaire - 17 septembre 2017
Si 27.30-28.7; Ro 14 7-9 ; Mt 18 21-35
Homélie du F.Hubert

De la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera.
Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi.
Ces phrases peuvent être assumées et vécues par bien des personnes qui ne vivent pas de la foi au Christ.
La parole évangélique que nous venons d’entendre nous entraine plus loin en nous plongeant directement dans ce que Dieu a fait pour nous, en nous plongeant dans la révélation de ce que Dieu est et fait pour nous, de ce qu’il est et fait en Jésus qui est toute sa Parole. Jésus, notre Sauveur.
Un homme devait à son roi soixante millions de pièces d’argent. Saisi de compassion, son maître le laissa partir et lui remit sa dette.
Il ne lui dit pas : tu me paieras plus tard, tu me paieras une partie.
Non, il lui remit sa dette. Cette dette au-delà de toute mesure.

La deuxième partie de la parabole, où ce serviteur gracié, ne fait pas grâce à son compagnon qui lui devait seulement cent pièces d’argent, et est livré aux bourreaux jusqu’à ce qu’il est tout remboursé, est là pour souligner l’inconséquence du comportement de ce serviteur, et nous secouer tous dans notre aveuglement.
Mais l’essentiel, c’est l’origine : le comportement du roi qui remet à son serviteur sa dette, une dette impossible à rembourser. Il s’agit évidemment de l’attitude de Dieu envers nous, lui qui nous rachète de nos fautes, nous libère du péché, et nous revêt de la robe des fils.
La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs, dit Paul dans la lettre aux Romains.
Si le Christ, l’Innocent que nul ne peut convaincre de péché, est mort pour nous alors que nous étions pécheurs, alors, nous n’avons pas à vivre selon une loi morale, mais bouleversés par cet acte gratuit, à vivre dans l’action de grâce, la reconnaissance, et un comportement qui soit l’écho de ce par-don de Dieu dont nous sommes l’objet. C’est à dire, vivre selon l’Esprit, en images de Dieu.
Il faut nous laisser saisir, « prendre par les tripes », par ce que Dieu a fait pour nous. Ma vie, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi, dit Paul aux Galates. Je pense à ce père de famille sauvé de la mort par le P. Maximilien Kolbe qui a pris sa place de condamné à mort, au camp d’Auschwitz. Combien ce père, qui a été présent à la canonisation de saint Maximilien, a dû avoir toute sa vie le cœur bouleversé et rempli de reconnaissance pour cet acte d’amour gratuit et sauveur ! Il m’a aimé et s’est livré pour moi.
Aimez vos ennemis, vos débiteurs, peut-on dire dans le contexte de notre parabole. Soyez parfaits comme Père céleste est parfait. Il s’agit bien pour nous, de vivre en images de Dieu, de manifester, par notre comportement, qui est Dieu, de quelle grâce nous sommes l’objet, et de quelle grâce identique ceux qui nous apparaissent comme nos débiteurs, sont aussi l’objet. Dieu n’a pas attendu que nous soyons revenus vers lui, que nous soyons saints, que nous ayons remboursé notre dette, pour nous aimer.
La nouveauté de l’Evangile, c’est avant tout la personne même de Jésus, ce qu’en lui, Dieu a vécu pour nous. Celui qui a été livré aux bourreaux, c’est, en fait, Jésus, lui qui a pris la place du débiteur, lui qui a remboursé pour nous.
Et quel était ce remboursement ? Que devait l’homme à Dieu ? Lui répondre : « Tu es mon Père ! » et répondre à tous ses frères, quels qu’ils soient : « Vous êtes mes frères ! »
Ce double cri d’amour n’était possible que de la part du Fils unique qui, prenant la place du débiteur insolvable, livré aux bourreaux, a livré librement sa vie pour que tous, nous soyons délivrés de nos dettes insolvables.
Jésus, notre Sauveur, a fondé l’Alliance nouvelle en prenant sur lui le mal sans y participer. Avant que le mal lui prenne sa vie, il l’a donnée tout entière.
Le Christ est celui qui aime le premier. Il vient vers l'homme, quel qu'il soit, quelle que soit son inhumanité, en l'aimant. Alors, s’il nous faut bien entendre la fin de notre évangile : C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. Ou la parole de Jésus après son enseignement du Notre Père : Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. S’il nous faut bien entendre ces paroles et ne pas nous anesthésier par une grâce à bon marché qui n’est pas celle de Dieu, nous ne pouvons qu’espérer, pour nous-mêmes et pour tous, que cette remise de dette aille jusqu’à ébranler le serviteur mauvais que nous sommes tous, lorsqu’à notre tour nous ne pardonnons pas à nos frères.
Si le péché est le refus de la grâce de Dieu, le refus de Dieu qui fait grâce, que sa miséricorde détruise ce péché même et nous ouvre enfin à la filiation et à la fraternité que plus rien ne limite. « Ceci est mon corps livré pour vous ». Nous entendrons à nouveau cette parole tout à l’heure : elle nous ouvre la grâce. Elle nous fait grâce, à chacun de nous comme à la multitude des hommes.
Combien de fois dois-je pardonner ?
Dieu ne se lasse jamais de pardonner, répète le pape François. Soyons des images de Dieu. - 17 septembre 2017

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