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HOMELIE

10 septembre
année 2016-2017

Année A -23e dimanche du temps ordinaire - 10 septembre 2017
1ere lecture : Ezéchiel 33,7-9 2eme lecture : Lettre aux Romains 13,8-10 Évangile : Matthieu 18,15-20
Homélie du F.Matthieu

L’évangile que nous venons d’entendre forme la seconde partie du quatrième grand discours de l’évangile selon Matthieu, après le discours sur la montagne, le discours missionnaire et le discours en paraboles. Cette seconde partie, dont nous aurons la suite et la fin dimanche prochain, nous présente la pratique du pardon comme une clef, sinon la clef, de la constitution de l’église comme communauté fraternelle vivant de l’amour mutuel reçu du Dieu qui est amour.
Aujourd’hui, il s’agit de l’attitude requise à l’égard du pécheur ; et précisément "celui qui a commis un péché contre toi" selon notre traduction liturgique.
Le contexte nous indique qu’en agissant ainsi le frère pécheur a blessé la communion fraternelle qui est la loi suprême de l’église. Il ne s’agit d’un simple différent, mais d’une affaire suffisamment grave pour mettre en péril la réalité même de la communion ecclésiale.
Il ne s’agit donc pas d’exiger excuses ou réparation, il s’agit de faire la vérité avec ce "pécheur" et de restaurer l’amour fraternel, cette Loi première et dernière dont nous parle l’apôtre Paul dans la lettre aux Romains que nous avons entendue : La Loi "se résume en cette Parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain."
Il ne s’agit pas non plus d’une démarche personnelle, mais d’une responsabilité ecclésiale et la lecture du Livre d’Ezéchiel est là, elle-aussi, pour bien nous rendre attentif à cette mission ; il s’agit à l’égal d’un "prophète" d’être un "guetteur pour la maison d’Israël", pour la communauté de l’église et pour la vie d’amour mutuel qui est sa raison d’être et sa réalité dans le Seigneur.
Il s’agit d’interpeller un frère sur sa pratique de la communion fraternelle, sans laquelle l’église ne peut pas vraiment subsister. Il s’agit de faire la vérité sur cette situation qui atteint l’être même de l’église.
La démarche est si sérieuse qu’elle se déroule en trois temps, : une rencontre "seul à seul", puis la démarche avec "une ou deux personnes" – tout doit se passer dans la discrétion comme dans l’amour fraternel ; enfin, s’il faut aller jusque-là, publiquement "le dire à l’assemblée de l’Eglise".
La démarche a pour but de ramener le frère dans l’amour mutuel, qui est la loi suprême et la condition de vie de la communauté dans le Christ.
Elle peut cependant se conclure par l’exclusion du frère s’il se maintient dans la rupture de la communion qu’il avait engagé… Et pour donner plus de force encore à toute cette démarche, notre évangile insiste sur la gravité d’actes qui ne s’inscrivent pas seulement sur la terre mais également dans le ciel, marque incontestable qu’ils sont la volonté même de Dieu, notre Père des cieux ! Notons cependant qu’il s’agit non seulement de "lier" mais aussi de "délier" … le pardon n’est jamais exclu !
Une telle démarche est impressionnante et peut nous laisser comme interdit, sans voix. Nous sommes si loin de cet idéal – pourtant présenté dans notre évangile comme un indispensable signe de la communauté chrétienne –, si loin de cet idéal dans nos communautés chrétiennes… et même dans nos communautés religieuses et monastiques !
Mais n’est-il pas aussi nécessaire de nous laisser interpeller par une telle exigence de responsabilité et d’amour mutuel. La suite de l’évangile nous donne peut-être une ouverture fondamentale, celle de la prière et de la condition même qu’elle porte : il faut avant tout "se mettre d’accord" pour "demander quoi que ce soit" …
Ne serait-ce pas d’abord demander d’être capable de tenir les exigences de l’amour mutuel, de la responsabilité partagée de la communion fraternelle ?
Ne serait-ce pas aussi demander avec insistance au Père de venir en aide au frère pécheur, qui a rompu la communion et s’est enfermé dans une terrible solitude ? Le Christ ne nous a-t-il pas dit aussi : "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice ; en effet, je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs." (Mt 9,12-13) … donc aussi "les païens et les publicains" …
Considérons donc que le plus important, c'est de se sentir responsable de ses frères et sœurs chrétiens, et même sans aller leur dire leurs quatre vérités, de chercher dans la prière, et avec d'autres, à faire grandir la communion et l’amour mutuel et surtout de nous présenter ensembles devant le Père pour qu'il convertisse les pécheurs que nous sommes, mais pour lequel le Christ Seigneur est mort et ressuscité pour "être avec nous toujours jusqu’à la fin des temps" ?
Amen.- 10 septembre 2017

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