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HOMELIE

15 août
année 2016-2017

Année A - ASSOMPTION 2017
Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs,
Nous venons d’entendre 3 lectures et de chanter un psaume. Je vous propose de nous arrêter sur ces 3 lectures comme on regarde un tableau…Un grand tableau, digne des grandes tapisseries de l’Apocalypse qui se trouvent à Angers. Ce tableau se présente sous la forme d’un triptyque fait de trois panneaux qui se déploient dans l’ordre de la lecture qui a été faite. Comme dans tout triptyque, c’est le panneau central qui est important et qui donne sens à l’ensemble. Au centre, nous pouvons considérer la 2de lecture, tirée de l’épitre aux Corinthiens. Paul expose sa foi en la résurrection du Christ. Elle est la source et l’origine de la résurrection de tous les hommes. Parmi les fils d’Adam qui étaient voués à la mort, le Christ est le premier à être ressuscité en son corps. Quand Il viendra à la fin des temps, lorsque tout sera achevé, en Lui tous recevront la Vie. L’Assomption de Marie, élevée au Ciel dès le moment de sa mort, que nous fêtons aujourd’hui, représente une anticipation de ce grand mouvement de vie qui récapitulera tous les êtres en Christ. Marie est l’exception reconnue comme telle par les premières générations de chrétiens qui lui ont réservé une place unique dans l’ensemble des fils et filles d’Adam. Marie est le témoin privilégié que les derniers temps sont déjà à l’œuvre depuis la mort et la résurrection du Christ.
Dans cette lumière des derniers temps à l’œuvre depuis la résurrection du Christ, nous pouvons regarder les deux autres panneaux de notre triptyque. Les deux panneaux offrent à leur manière comme un résumé de toute l’histoire de l’humanité, cherchée et sauvée par Dieu. Commençons par le premier, avec la lecture de l’Apocalypse. Trois signes grandioses sont offerts : le sanctuaire de Dieu ouvert qui donner à voir l’Arche de l’Alliance ; second signe, une femme, revêtue de lumière, dans les douleurs de l’enfantement ; et enfin le Dragon postée qui désire dévorer l’enfant à la naissance, mais à qui l’enfant échappe ainsi que la femme. Et notre lecture se conclue par une hymne en la victoire du Christ sur les puissances du mal. Ces images fortes peuvent sûrement être interprétées différemment. Mais une chose est sûre, elles relisent l’histoire de notre humanité, depuis la genèse dont notre texte porte bien des réminiscences, comme l’histoire d’un grand combat. Quand, depuis la Demeure de Dieu, le Christ vient en notre chair, ce combat va être manifesté au grand jour comme Celui de Dieu contre toutes les forces du mal et de la mort. Celles-ci n’ont pas le dernier mot : l’enfant enlevé auprès de Dieu est l’image du Christ ressuscité et élevé auprès de Dieu. Il est vainqueur du mal et de la mort. Et Marie elle-même, à l’image de la femme qui échappe, est préservée. Le récit de l’Apocalypse se poursuit en soulignant que le Dragon va continuer à faire la guerre à la descendance de la femme, c’est-à-dire à ceux « qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). De cette lecture, nous pouvons retenir l’assurance de la victoire qui nous est offerte, contre toutes les puissances du mal en Jésus. En Jésus Vivant, et soutenus par la présence de Marie, nous pouvons affronter les forces du mal et de la mort qui veulent nous empêcher de naitre. Comme le disait D. Vasse, « la mort, ce n’est pas ce qui vient au terme de notre existence, c’est ce qui nous empêche de naitre ». Naitre à nous-mêmes, naitre à notre vie d’enfant de Dieu.
Regardons le troisième volet, la lecture de l’évangile. En face du panneau aux scènes apocalyptiques effrayantes, nous avons une scène plus tranquille et familière qui présente elle-aussi le thème de l’attente d’une naissance. Nous voyons la rencontre de deux femmes enceintes. La jeune Marie visite et vient aider sa cousine Elisabeth qui va bientôt mettre au monde celui qui sera Jean le Baptiste. Cette rencontre banale devient l’heureux moment de la révélation du grand mystère de Vie auquel elles sont toutes deux associées. Elisabeth reconnait la Mère de son Seigneur, bénie entre toutes les femmes. Et Marie chante le grand dessein d’amour dont elle est l’instrument « en faveur d’Abraham et de sa descendance jamais ». Cette scène familière, qu’on appelle habituellement « visitation », nous permet d’entrer d’une autre manière dans l’intelligence du combat qui se vit en ces derniers temps où nous sommes. C’est le combat de Dieu qui se penche sur son humble servante, qui élève les humbles et qui renverse les puissants, qui comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides. C’est le combat de Dieu auquel Marie a prêté main forte, non par des actions éclatantes, mais par sa seule écoute disponible et humble. Marie s’est associée au combat de Dieu venant sauver le monde, en croyant en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites, et en se laissant conduire par l’Esprit…. Ce dernier tableau, frères et sœurs, peut nous enseigner, comment chacun nous pouvons prendre notre place dans le combat des derniers temps dans lesquels nous sommes : comme Marie, il nous est proposé de croire, de faire confiance au Christ Vivant qui conduit l’Histoire et nos histoires personnelles. Portons sur notre monde en travail d’enfantement, avec les conflits qui l’habitent, un regard d’espérance. Nourrissons par la prière l’aspiration de tous à la paix et à la justice. Avec humilité, disponibilité, engageons-nous là où nous sommes à faire le bien, à aller vers l’autre sans peur. Comme nous le chanterons dans la préface, Marie, dont nous célébrons la présence lumineuse auprès de Dieu, « guide et soutient l’espérance du Peuple de Dieu encore en chemin ». Confions-nous à son intercession et entrons dans le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, l’assurance de notre victoire. - 15 aout 2017

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