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HOMELIE

16 juillet
année 2016-2017

Année A - 15e dimanche TO (A) (16/07/2017)
Is 55 10-11; Rom 8 18-23; Mt 13 1-23
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, nous voici à la mi-juillet, mois d'été, mois de vacances pour certains, pas pour tous. Vacances à la mer, à la montagne, à la campagne, en France ou à l’étranger. Les lectures que nous offre l’Église sont au diapason de cette période estivale, au moins la première lecture et l’Évangile. Les images agricoles, campagnardes sont évidentes et c'est à travers ces images concrètes que Dieu nous parle aujourd’hui.
Pourtant l’évangile de ce jour ne reflète pas nécessairement la douceur rurale mais plutôt la rude exigence de la terre. Et de fait, cet Évangile peut avoir quelque chose d’inquiétant. Il semble que la semence ait plus de chance de tomber dans des conditions où elle ne pourra donner du fruit. Et le Christ est sans concession, il faut bien le reconnaître. Finalement, le grain ne doit tomber ni sur le chemin, ni sur un sol pierreux, ni dans les ronces. On a l'impression que la quantité tombée dans la bonne terre est le petit reste.
Et d'autant plus que le Christ, reprenant un passage du début du Livre du prophète Isaïe (chapitre 6) nous dit bien qu'on peut écouter et ne pas comprendre, regarder et ne pas voir ... Passage rude, là aussi.
Suit l'interprétation du Christ qui n’est pas très réjouissante non plus. Le terrain ensemencé au bord du chemin, c'est celui qui entend la parole du Royaume sans la comprendre. Elle est alors très fragile et le Mauvais s'en empare. Le sol pierreux, c'est l'homme d'un moment, enthousiaste mais se décourageant vite. Les ronces, ce sont les soucis et la séduction de la richesse. Faut-il désespérer de nous-mêmes ? Finalement, il y a quand même la bonne terre. Mais alors là, la bonne terre, c'est fabuleux. Elle produit 100 ou 60 ou 30 pour un. Et à l'époque, le plus petit de ces rendements indiqués par le Christ, 30 pour un, est déjà énorme et exceptionnel. C'est dire que lorsque la Parole tombe dans une bonne terre, le résultat est extraordinaire, dépassant toute espérance. Voilà au moins une bonne nouvelle.

Frères et sœurs, il me semble que si nous regardons nos vies, nos vies avec le Christ, avec les autres, nous pouvons constater qu'en général, nous ne sommes pas uniquement le bord du chemin, le sol pierreux, les ronces ou la bonne terre mais un peu de tout cela à la fois ou par moment.
Parfois, nous entendons bien la parole mais nous ne la comprenons pas ou nous ne nous donnons pas le temps de la comprendre, de l'intégrer profondément et de l’appliquer dans notre vie.
A d'autres moments, nous sommes touchés par cette parole de Dieu mais notre enthousiasme retombe vite, surtout si cette parole exige de nous des renoncements, des conversions que nous préférons éviter.
Enfin, les ronces des soucis, du goût de la richesse et du confort nous endorment ou nous distraient des exigences de cette parole. Cela nous ne le savons que trop bien.
Mais heureusement, nous savons aussi être la bonne terre où germe la parole qui produit alors plus que nous ne pouvons imaginer. Et nous avons tous, je pense, vécu ces moments où nous nous sommes sentis transportés, où nous nous sommes étonnés de nous-mêmes.

Pourtant, le Christ nous avertit : nous pouvons écouter et ne pas comprendre (c'est le bord du chemin), avoir le cœur alourdi par les ronces, regarder et ne pas voir, car en fait, nous ne voulons pas entendre ni voir pour rester dans le confort que nous nous sommes bâti.

Alors, faut-il désespérer ? Cette sévérité du Christ est-elle la parole ultime de Dieu ?

C'est là que la sagesse de l'Eglise a pu choisir comme première lecture ce bref mais très beau passage vers la fin du livre d’Isaïe au chapitre 55.
Il y a cette certitude affirmée par Dieu lui-même que sa parole aura un résultat, qu'elle accomplira sa mission aussi sûrement que la pluie et la neige abreuvent la terre et la fécondent. Certitude d'une récolte à venir car c'est la volonté de Dieu. Et pourtant, ce passage d'Isaïe vient dans un contexte difficile d'appel à la conversion des méchants : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » Israël a été déporté à Babylone à cause de son injustice, surtout le manque de respect des faibles et des pauvres, et il est sur le chemin du retour à Jérusalem qui connaîtra à nouveau la gloire après avoir été dévastée. C’est un don gratuit de Dieu.

La lecture de l’homélie de saint Jean Chrysostome entendue aux Vigiles hier soir nous montre bien la pédagogie de Dieu. Si, dans le domaine agricole, il peut paraître stupide de semer sur le chemin, sur la pierre, dans les ronces, « dans le domaine spirituel, dit Jean Chrysostome, il n’en va pas de même : la pierre peut devenir une terre fertile, le chemin ne plus être foulé par les passants et devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre au grain de fructifier librement. Le Seigneur ne veut pas nous jeter dans le désespoir, mais nous donner une espérance de conversion et nous montrer qu’il est possible de passer des états précédents à celui de la bonne terre. »

Frères et sœurs, l'Évangile d'aujourd’hui, éclairé par la première lecture est donc une bonne nouvelle. Et il faut tenir les deux ensemble. Rien n’est jamais perdu pour Dieu. Dieu veut notre salut et il reste toujours possible de laisser sa parole faire son œuvre bonne en nous.
Acceptons d'écouter sa parole, de prendre le temps de la méditer, de travailler à la comprendre, de ne pas nous laisser distraire, de l’appliquer à notre vie concrète. C'est là notre responsabilité, c'est ainsi que nous pourrons collaborer à la réalisation du désir intime de Dieu pour chacun de nous.
Où est notre sol pierreux, quelles sont nos ronces, etc … ? Le Christ nous a ouvert le chemin par sa Parole. A son écoute donnons-nous la peine de l’emprunter et devenons de plus en plus, avec sa Grâce, une bonne terre.
Et n’oublions jamais que si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur. AMEN. - 16 juillet 2017

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