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HOMELIE

11 juillet
année 2016-2017

Année A - Saint Benoît - 11 Juillet 2017
(Pr 2, 1-9 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a)
Homélie du Père Abbé Luc

« Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience », ainsi frères et sœurs, s’adresse Paul à l’Eglise de Colosses. « Revêtez-vous »… Peut-on ainsi revêtir la tendresse, l’humilité, la douceur, la patience comme on revêt un manteau ? Il suffirait de dire aujourd’hui j’enfile ma veste d’humilité ou mon aube de douceur… Plusieurs fois on trouve dans la bible cette façon de parler… « Que tes prêtres soient vêtus de justice » dit le psalmiste (Ps 131, 9)…Paul l’utilise particulièrement : « Vous tous que le baptême a uni au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 17) ou encore à propos de la vie à venir : « il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable…il faut que cet être mortel revête l’immortalité » (1 Co 15, 53). Le vêtement représente une condition, une fonction ou une profession qui implique une certaine manière de vivre et de se situer dans la vie… Changer de vêtement, en enfiler un nouveau sur un autre, c’est une manière de dire qu’on change de condition, de fonction…ou de vie…
Quand Paul demande aux Colossiens de se revêtir se tendresse, d’humilité et patience, il ne fait qu’expliciter ce qu’il leur a dit auparavant : « vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau ». Il leur demande d’aller au bout de la cohérence de leur baptême. En effet, Paul est habité par la conviction que par le baptême, tout homme et toute femme revêt un être nouveau, car il revêt le Christ. Il y a quelque chose de radicalement donné, et radicalement nouveau. Et « qu’il n’y a plus le païen, et le juif,…l’esclave et l’homme libre : mais il y a le Christ, il est tout et en tous » (Col 3,11). Se revêtir de tendresse, d’humilité et de patience, c’est laisser la vie et les sentiments du Christ devenir nôtres…
Frères et sœurs, en cette fête de St Benoit, il nous est bon de nous rappeler cela : tous par le baptême, nous avons revêtu le Christ, et tous nous sommes appelés à revêtir, à laisser s’exprimer ses sentiments, sa manière de vivre à travers toute notre vie. Notre vie est déjà empreinte de sa grâce de nouveauté comme le signifie le vêtement blanc du baptisé. Et notre vie est toujours en quête d’être revêtue de cette manière de vivre qui donne à voir le Christ. Quand un moine reçoit l’habit monastique, il accepte de recevoir une pédagogie concrète pour que sa vie se revête des sentiments et des dispositions de l’homme nouveau dans le Christ. Traditionnellement pour les bénédictins, cet habit était noir, simple et sobre en signe de renoncement à tout désir de briller ou d’exister par soi-même. Ici à la Pierre qui Vire, nous aimons bien porter, et la coule blanche et la coule noire, cette sorte d’aube que revêtons pour la prière. La coule blanche, portée les dimanches et fêtes, nous rappellent notre condition de baptisé, d’homme nouveau dans le Christ, condition totalement reçue comme un cadeau. La coule noire, portée les autres jours du quotidien, nous rappelle notre engagement monastique à demeurer des veilleurs et des lutteurs afin que la douceur, l’humilité et la patience du Christ deviennent davantage nôtre. Ces vêtements sont des signes. Car « l’habit ne fait pas le moine » dit avec justesse la sagesse populaire. Il exprime un désir, une volonté de s’engager. Car le travail spirituel se vit dans le cœur. St Benoit nous le laisse bien entendre lorsqu’il décrit dans le chapitre sur l’humilité le chemin de libération du moine. C’est en consentant, sous la conduite de l’Esprit Saint, à purifier son cœur qui peu à peu, douceur, humilité, charité empliront sa vie et sa manière de vivre. A nous moines, est toujours adressée cette continuelle invitation à ne pas nous contenter des apparences, ni à nous appuyer sur elles, mais à chercher à nous ajuster en vérité à la Parole du Christ qui habite nos cœurs et à nous conformer à la paix du Christ qui veut transfigurer nos visages.
Frères et sœurs, dans notre prière nous nous associons à votre vie chrétienne et votre quête. En ce jour, merci de prier pour vos frères moines, afin qu’ils soient vraiment des chercheurs de Dieu qui vont au bout de l’appel de leur baptême. 11 Juillet 2017

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