Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

25 juin
année 2016-2017

Année A - 12° dimanche du Temps Ordinaire - 25 juin 2017[br Jér 20 10-13; Rom 5 12-15; Matthieu 10 26-33
Homélie du F.Matthieu

Deux thèmes peuvent nous aider à entrer dans ce passage de l’évangile de Matthieu que nous venons d’entendre :
1er thème, celui de la valeur : quelle est la valeur d’une vie humaine, la nôtre propre mais surtout celle des autres, de tous les autres…
« Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. »
2ème thème, celui de notre témoignage de l’évangile et du Christ devant les hommes et devant Dieu.
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. »

Que valent les hommes ? Que valons-nous, chacun, chacune ? Voilà bien une question lancinante, dramatique même en notre temps comme en tout temps. En effet, hier comme aujourd'hui dans notre monde, les puissants, les bien-portants, les gens de culture, sans parler des riches …, valent plus que les autres. Jusque dans les circonstances tragiques de notre monde, nous n’avons pas tous la même valeur : entre les milliers d'anonymes qui meurent sous les bombes, ou dans les mers de l’exil, dont on ne donne qu'un nombre approximatif, et dont on ne connaîtra jamais les visages, et les « nôtres », morts ou vivants, dont on raconte la vie afin de garder leur visage singulier, aimé.
Oui, bien tristement et injustement, sur cette Terre, les hommes ne valent pas la même chose !
Et pourtant, Dieu, lui, considère même les moineaux, jusqu'aux cheveux de nos têtes... comme ayant valeur à ses yeux. Et l'humain est ainsi sans prix. Non qu'il vaille cher ou pas. Il échappe à tout commerce. Il est simplement créature et don de Dieu et comme tel, objet de toute l’attention et de l’amour de notre Dieu… et il doit donc être l’objet de tout notre respect ! Toute femme, tout homme ne vaut que par ce que Dieu a fait pour lui : le créer à son image, le sauver de ses impasses en restaurant en lui sa ressemblance !
Voilà tout ce qui fait notre valeur d’hommes : être aimés, attendus, reçus, pour ce que nous sommes et parce que nous sommes. Images - déformées certes - mais images néanmoins, de notre Dieu. Et tel est justement ce dont notre Dieu témoigne. Son don est étranger à toute appréciation mercantile. Rien - pas même nos bonnes œuvres - pour l'acheter. Rien non plus - pas même notre péché - pour l'entamer et le remettre en cause. Et cela est vrai de tout être humain !
Alors oui, avec ce regard-là, il est possible de ne plus avoir peur. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l'âme, dit Matthieu. Mais qu'est-ce que l'âme ? Rien d'autre peut-être que notre capacité à donner et partager, nous aussi, sans calcul, librement et gratuitement. Juste pour aimer et être des vivants au milieu des vivants, reconnus comme tels.
Et c’est à cette conversion que l’évangile nous appelle toujours ! Et c’est à ce témoignage devant les hommes, c’est-à-dire dans la vie de tous les jours, que nous sommes appelés : reconnaître en tout homme, toute femme, rencontrés - le plus pauvre comme le plus riche, le plus capable comme le plus démuni, le bien portant comme le malade, le plus proche comme l’étranger… et la liste est infinie… - l’infini valeur de « fils et fille de Dieu ».
Notre existence se fait véritablement évangélique, c’est-à-dire humaine, quand elle est habitée d'actes, de conduites, que ne commande aucun intérêt sinon la reconnaissance et le service de l’autre pour sa valeur unique de fils de Dieu.
Tout ce qui fait considérer l'autre comme un simple objet, et non l'être singulier qu'il est, est un piège. Un seul chemin pour éviter ce piège : celui du Christ serviteur.
Notre audace de témoins ne repose sur aucune assurance humaine, aucun calcul, ni pour cette vie ni pour l'au-delà. Non, elle trouve sa force dans la proximité du Christ Jésus qui est allé, lui, jusqu'à la mort pour témoigner de l'amour du Père et de sa proximité avec ceux que l'on a mis au loin, avec les plus vulnérables, avec tout être humain.
Nous appartenons tous à la même humanité et nous savons combien nos défenses sont précaires, fragiles. La sécurité qui nous est promise n'est pas d'être des surhommes. Bien au contraire.
Le secret de notre force n'est pas en nous. Mais en Dieu. Voilà ce dont nous avons aussi à témoigner : l'infinie tendresse du Père et son engagement en faveur de tout homme, au nom de l'alliance indéfectible qu'il a scellée avec tous.
Voilà ce dont nous avons à témoigner au milieu de ce monde si oublieux de la grâce que Dieu lui a offert et du chemin qu’il lui donne aujourd’hui encore : saurons-nous être ces « réveilleurs », ces témoins de « la vraie valeur de tout homme et de toute femme », qui seule rendra la société des hommes habitable et heureuse avant même son accomplissement dans le Royaume que Jésus annonce et instaure dès maintenant si nous voulons bien essayer d’en être les artisans après Lui, avec Lui, témoins crédibles pour notre temps !- 25 juin 2017

Retour à la sélection...